Food & History

This essay surveys the first ten years of Food & History in a quantitative and qualitative way, and it concludes by attempting to situate the journal within recent developments in food history writing.

Cet essai survole les dix premières années de Food & History selon une approche quantitative et qualitative et vise à situer la revue dans les développements récents de l’historiographie de l’alimentation.

Cet article offre un aperçu des publications les plus marquantes des dix dernières années en histoire de l’alimentation dans l’Antiquité (autant classique que tardive, orientale qu’occidentale). Le nombre de publications ne cesse d’augmenter dans un champ d’études pourtant encore jeune, notamment grâce au renouvellement des intérêts et des questionnements en histoire des sociétés anciennes, et également à la découverte de nouveaux documents primaires, particulièrement dans le domaine de l’archéologie. Si les publications du passé (et parfois encore de nos jours) se contentaient d’étudier le plus souvent la littérature antique, pourtant extrêmement complexe à appréhender dans toute sa polysémie et ses portées symboliques, les actuels travaux pluridisciplinaires sont voués à un brillant avenir, à l’instar de nombreux colloques récents.

This paper proposes an overview of the most significant publications in food history in Antiquity (both classical and late, eastern and western) of the last ten years. Publications in this field are expanding, even though it is a relatively new topic. This growth can be explained by an increase in scholarly interest and by new inquiries in the field of social history of ancient societies, but also by new findings, particularly in archaeology. Despite the complexity of the meanings and symbolic aspects related to food consumption, previous scholars often based their study solely on ancient literature -and it is sometimes still the case today. Pluridisciplinary undertakings are the new trend in research, as proven by the latest symposiums.

The past decade has been a very productive one for the development of medieval and Renaissance food history, which can be said to have made its way into “mainstream” history. In all fields of research, we may notice the increasing dominance of a cultural version of food history. This is true for the histories of dietetic medicine, cooking, feasting, and wine, among many other fields. There has been also a widening of geographical and chronological horizons, especially into the early Middle Ages, thanks to the use of new kinds of sources, including the endlessly renewed resources offered by archaeology.

La dernière décennie a été celle d’un fort développement de l’histoire de l’alimentation au Moyen Âge et à la Renaissance, et l’on peut même dire que celle-ci a trouvé sa place dans le courant dominant de l’historiographie. Dans tous les domaines de la recherche, on peut remarquer la prépondérance d’une vision culturelle de l’histoire de l’alimentation : cela est vrai, parmi bien des domaines, pour l’histoire de la diététique, de la cuisine, du banquet ou encore du vin. On assiste aussi à un élargissement des horizons géographiques et chronologiques du champ, en particulier en direction du haut Moyen Âge, surtout grâce à l’utilisation croissante des données sans cesse renouvelées de l’archéologie.

Cet article propose un bilan des travaux des historiens français en histoire de l’alimentation de l’époque moderne menés au cours de la première décennie du XXI^e siècle. Trois grands axes de recherche ont été particulièrement travaillés : l’approvisionnement alimentaire et les nouvelles questions des peurs et de la sécurité alimentaires, l’invention des cuisines régionales et de la gastronomie françaises, avec une attention particulière portée aux produits de terroir, et, enfin, les excès alimentaires et les plaisirs de la bonne chère. Une histoire de l’alimentation qui demeure fortement ancrée dans les eaux de l’histoire culturelle et de l’anthropologie historique, mais qui délaisse les livres de cuisine, et leur traitement sériel, en explorant toujours davantage les sources manuscrites, littéraires et, de plus en plus, iconographiques.

This paper provides an overview of the work of French historians of food of the early modern period conducted during the first decade of this century. In particular, three main areas of research have appeared: the food supply and new issues of food security and fears, the invention of regional cuisines and French gastronomy, with a special focus on local products (“terroir”), and, finally, overeating and the pleasures of good food. This is a history of food that remains firmly anchored in cultural history and historical anthropology, but that neglects cookbooks and their quantitative examination, exploring ever more manuscripts, novels and, increasingly, iconography.

Cet article présente un bilan des recherches sur la “culture alimentaire chinoise” effectuées en Chine et hors de Chine, depuis un siècle environ. Alors que les travaux publiés sur cette question entre 1911 et 1978 sont très peu nombreux en Chine même, la Réforme économique aboutira à un essor sans précédent de la production éditoriale trente années plus tard. Parallèlement, un état des recherches effectuées hors de Chine montre que les sinologues japonais ont été les premiers à s’intéresser à l’histoire de l’alimentation chinoise et qu’ils sont les auteurs de contributions d’excellente qualité, et ceci depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Aux États-Unis, à Taïwan et en Europe, de même, un certain intérêt pour l’histoire de l’alimentation s’est également fait jour depuis la fin des années 1970. Plusieurs travaux intéressants ont été produits sans qu’un véritable courant de recherche ne soit attesté dans ces pays. Ce bilan global est fondé sur plusieurs textes bibliographiques de spécialistes chinois qui, pour les plus jeunes d’entre eux, ne ménagent pas leur critique à l’encontre des travaux consacrés à la culture alimentaire chinoise en Chine, qu’ils jugent assez peu scientifiques. Cependant, il semble que depuis le milieu des années 2000, l’accroissement des publications dans le domaine ainsi qu’un intérêt plus marqué pour les recherches effectuées à l’étranger se traduisent par une nette amélioration de leur qualité.

This article is an assessment of the research carried out on “Chinese food culture” both in China itself and outside this country in the last century. While the work published on this topic, even in China, between 1911 and 1978 is very limited indeed, the Economic Reform brought about an unprecedented increase of publications some thirty years after its launch. At the same time, an inquiry into the published work outside of China proper shows that Japanese sinologists were the first to show an interest in Chinese food history and that they were the authors of top quality contributions as of the end of the Second World War. Likewise, in the U.S., in Taiwan and in Europe a certain curiosity for the history of food took hold as of the end of the 1970’s. A variety of interesting contributions were published in these countries even though it cannot be said that a more widespread research movement managed to take hold. This overall assessment is based on various bibliographical essays published by Chinese specialists who, especially the younger ones among them are quite explicit in their criticism of the work that has been published on Chinese food culture in China, which they consider to be quite unscientific. However, it would seem that, as of the middle of the last decade, the increased amount of publications, as well as a greater interest for research done abroad, is contributing to a very clear improvement of the quality in this domain.

We have witnessed, in the last twenty-five years, a marked increase in the study of culinary and gastronomic literature from historical, social and linguistic perspectives. The present article discusses the role played by cookbooks in culinary history, the characteristics of this kind of literature, the importance of bibliographical groundwork, as well as the problems encountered in translating this literature and the relative position of cookbooks in the hierarchy of literary genres.

Les dernières décennies ont démontré un intérêt toujours grandissant pour les aspects historiques, sociaux et linguistiques de la littérature gastronomique et culinaire. Cet article discute le rôle que jouent les livres de cuisine dans l’histoire culinaire, les caractéristiques de cette littérature, l’importance des études bibliographiques, les problèmes de traduction dans le cas de ce genre de textes et la place occupée par les livres de cuisine dans la hiérarchie des genres littéraires.

La présente étude analyse les tendances de la recherche actuelle concernant le boire et le manger dans la littérature allemande du Moyen Âge. Les passages relevant d’un discours culinaire ou alimentaire sont étudiés notamment dans le roman courtois, la poésie lyrique, la littérature mystique et différents traités spécialisés. La plupart des études appliquent une méthode socio-historique et interdisciplinaire ; il faut pourtant noter une certaine rareté des publications dans ce domaine, après l’époque pionnière des décennies précédentes.

The present essay studies the main trends of the recent research on the themes of eating and drinking in German literature of the Middle Ages. The examined passages, all of which present a culinary or alimentary discourse, stem from select courtly novels, lyrical poetry, mystical literature, and a variety of specialized treatises. For the most part, they are analyzed from a socio-historical and interdisciplinary perspective ; studies in this field remain rare even despite the pioneering research undertaken into medieval literature over the past decades.

En études germaniques, certains chercheurs se montrent très attentifs à la question du boire, du manger et de la cuisine dans la littérature depuis le XVI^e jusqu’au XXI^e siècle. À l’aide d’un riche arsenal méthodologique, leurs analyses littéraires mêlent constamment l’histoire culturelle, les approches biographiques, psychocritiques et sémiotiques. Cet état de la recherche, qui reste forcément succinct, nous permet de suivre la chronologie de l’histoire littéraire pour découvrir plusieurs publications universitaires qui étudient, de manière pertinente et captivante, les mangeurs et cuisiniers singuliers que dissimule la littérature de langue allemande du XVI^e au XIX^e siècle.

Researchers in German studies are very attentive to the motif of eating and drinking, but also of cooking, in modern literature from the 16^th to the 21^th centuries. Using a rich methodological arsenal, these literary studies constantly unite cultural history, biographical, psychocritical and semiotic approaches. In this survey, necessarily concise, we will follow the chronology of literary history in order to discover several scientific contributions examining, in a pertinent and captivating manner, the extraordinary eaters and cooks that lie hidden in German literature.

Recenser les parutions sur la nourriture dans la littérature médiévale pour la période 2002-2012 relève du paradoxe : si les œuvres médiévales témoignent d’une présence indéniable du thème et de ses représentations, les études actuelles sont plutôt rares et morcelées. Et le paradoxe est d’autant plus fort si l’on compare celles-ci avec les études historiques qui rendent compte, par leur abondance et leurs qualités de synthèse, d’une historicité des recherches menées sur la question.

Expérimentales et fortement isolées, les démarches littéraires invitent avant tout à un questionnement méthodologique pour la période médiévale et à une légitimation dont ne semblent pas souffrir les siècles ultérieurs. Elles attestent cependant d’une vitalité et d’une inventivité méthodologique très stimulante pour le champ gastronomique et participent d’un éclairage fort, témoignant des représentations de la table au Moyen Âge. Elles invitent enfin à une pluridisciplinarité dépassant les clivages génériques et les apriori sectoriels.

To list the publications on food in medieval literature published in the decade going from 2002 to 2012 risks being a paradoxical exercise: while medieval texts abundantly deal with this theme and its representations it must be said that the publications in this field are still rare and often piecemeal. The paradox is all the more pronounced if we compare these publications on medieval literature to the abundant work and the synthesis that historians have managed to produce in this field.

The literary approach to food remains very much experimental and isolated and calls for, above all, an attention to methodology when dealing with the medieval period and a legitimation that does not seem to be required by the succeeding centuries. Nevertheless, this field of enquiry has demonstrated a vitality and a methodologically stimulating approach to the field of gastronomy as well as contributing in a significant way to the representations of the table in the Middle Ages. These literary approaches invite us to adopt a multidisciplinary approach that goes beyond the usual sectorial divides and a priori positions.

La présente étude retrace l’évolution de la recherche internationale sur le motif de la nourriture et du repas dans la littérature française du xvi^e au xxi^e siècle. La convergence entre littérature et nourriture y est surtout envisagée dans ses aspects discursifs, psychologiques ou, plus récemment, sémiotiques et méta-esthétiques, tandis que les travaux socio-historiques sont assez peu nombreux. La recherche montre pourtant la richesse et la diversité de l’emploi que les écrivains font du discours alimentaire sur le plan poétique, narratologique et métaphorique.

The present essay is meant to be a survey of research carried out internationally on food and meals in French Literature from the sixteenth to the twenty-first century. The convergence of literature and food is mainly considered in its different discursive, psychological or, more recently, semiotic and metaaesthetic aspects, while studies on socio-historical questions are more rare. In spite of this restriction, these publications show the wealth and the diversity of the use which the authors make of alimentary discourse in a poetical, narratological or metaphorical context.

The present article aims to be a bibliographic survey of food history related research published in the Ibero-American world in the past decade. The authors have grouped this academic production taking into consideration the main research problems that have attracted the attention of scholars in this period. The survey has come up with three main issues that have achieved a particular prominence : colonial history, modernization and identities.

Ce texte propose un bilan bibliographique des ouvrages en histoire de l’alimentation publiés dans le monde latino-américain au cours de la dernière décennie. Les auteurs ont groupé l’information autour de trois axes principaux de recherche. Le bilan proposé démontre l’importance de trois questions qui ont principalement retenu l’attention des chercheurs : l’histoire coloniale, la modernisation et les identités.

This essay considers some of the principal topics in food research published in the US over the past decade. There has been considerable growth in this field and this brief overview tries to call attention to trends and representative works. The inclusion of food history and food studies in American universities at both the undergraduate and graduate levels is discussed. The article also notes the discipline-based conferences and journals that are increasing their attention to food research.

Cette étude recense les principaux thèmes de recherche en histoire de l’alimentation aux États-Unis au travers des publications de la dernière décennie. Ce domaine de recherche ayant profité d’une importante croissance, ce bref sommaire ne peut que se limiter à présenter des travaux choisis. Il consacrera également une place importante à l’enseignement de l’histoire de l’alimentation dans les universités nord-américaines. En outre, nous signalerons les nombreux colloques et revues qui témoignent de l’intérêt de plus en plus prononcé de la recherche pour les objets alimentaires.

Le présent rapport a pour objectif de synthétiser les différentes études consacrées à l’histoire de l’alimentation et aux cultures alimentaires au Japon, produites au cours de ces dix dernières années en japonais, en anglais et en français. Malgré l’intérêt grandissant pour ce sujet et l’émergence de thèmes de plus en plus diversifiés, ce champ de recherche manque encore d’une structure commune susceptible d’être partagée par les spécialistes, aussi bien japonais qu’étrangers, afin de produire des résultats de valeur internationale.

This brief report intends to survey the academic work that has been done on Japanese food history and food cultures published in the course of the past ten years above all in three languages: Japanese, English and French. It should be pointed out that, despite the growing interest in the subject and the research topics becoming increasingly diverse, it still is the case that the field lacks a common platform that both Japanese and foreign experts could share so as to produce results of international value.

The aim of this paper is to give a general overview of the food studies completed in Ottoman-Turkish historiography in the last decade. Different approaches taken in food history writing such as economic history, socio-cultural history and popular history, that have been undertaken by professional and amateur historians as well as food writers, make up the subject matter for this paper.

Le but de cet article est de donner une vue générale des études réalisées dans l’histoire de l’alimentation ottomane depuis la dernière décennie. Les différentes approches utilisées dans ces études comme l’histoire économique, l’histoire socioculturelle et l’histoire populaire, réalisés par des historiens professionnels et amateurs, en constituent l’objet principal.

Food history scholarship and research has made considerable progress in Australia and New Zealand over the ten years 2003-2013, as evidenced by the increased number of scholarly publications, both books and academic articles, contributed by an increasing number of researchers in the area.

Le savoir et la recherche en histoire de l’alimentation en Australie et en Nouvelle-Zélande ont beaucoup progressé durant la décennie 2003-2013. Preuve en est la multiplication d’ouvrages universitaires - monographies comme articles - ainsi que le nombre croissant de chercheurs travaillant dans ce domaine.