Revue Mabillon

Abstract

Cet article se propose de démontrer que le texte connu depuis le Moyen Âge sous le titre de « Confession de saint Martin » a été rédigé à la fin du viii^e siècle. C’est ce que semble prouver la comparaison entre le texte et son hypertexte, à savoir des écrits de Benoît d’Aniane d’une part et du pseudo-Alcuin/Jean de Fécamp d’autre part. Cette concordance permet certainement de rapporter une partie du texte de Jean de Fécamp, que l’on date du xi^e siècle, à la fin du viii^e siècle. La Vita Reverentii, hagiographie normande de date incertaine, aurait alors à son tour emprunté au pseudo-Martin un long passage. Le contenu, les sources et l’origine géographique du texte du pseudo-Martin peuvent indiquer qu’il a été produit dans le contexte de la controverse adoptianiste, dans laquelle l’autorité de saint Martin, patron des Francs par excellence, connu pour avoir été persécuté par les Ariens, pouvait être mobilisée à grand profit.

Abstract

This article proposes to show that the text known since the Middle Ages as the « Confession of Saint Martin » was composed at the end of the eighth century. This is what seems to be proven by a comparison between the text and its hypertext, namely the writings of Benedict of Aniane and those of the pseudo-Alcuin/Jean de Fécamp. On the basis of this concordance, a part of the text of Jean de Fécamp, which has been dated to the eleventh century, can be dated to the end of the eighth century. The Vita Reverentii, a Norman hagiography of uncertain date, would thus have borrowed in turn a long passage from pseudo-Martin. The content, sources and geographical origin of the text of pseudo-Martin indicate that it was produced in the context of the adoptionist controvery, in which the authority of Saint Martin, patron of the Francs par excellence, known for having persecuted the Arians, can be profitably mobilized.

Abstract

Mit diesem Artikel soll gezeigt werden, dass der seit dem Mittelalter unter dem Titel « Confessio sancti Martini » bekannte Text am Ende des 8. Jahrhunderts verfasst wurde. Dies wird durch einen Vergleich des Textes mit seinem Hypertext nahgelegt, nämlich den Schriften Benedikts von Aniane auf der einen und Ps. Alkuins/Jeans de Fécamp auf der anderen Seite. Diese Übereinstimmung erlaubt es, einen Teil des Textes von Jean de Fécamp, der ins 11. Jahrhundert datiert wurde, dem Ende des 8. Jahrhunderts zuzuweisen. Auch die Vita Reverentii, normannische Hagiographie bisher unbekannter Datierung, würde demzufolge eine größere, bei Pseudo-Martin entlehnte Passage enthalten. Der Inhalt, die Quellen und der geographische Ursprung von Ps. Martin weisen darauf hin, dass dieses Werk im Zusammenhang des Adoptianismus-Streites entstanden sein könnte, bei dem die Autorität des heiligen Martin ¢ des herausragenden Patrons der Franken, von dem bekannt war, dass er von den Arianern verfolgt wurde - mit großem Erfolg mobilisiert werden konnte.

Abstract

Le rédacteur de la charte de fondation de Cluny a repris des formules déjà présentes dans des documents diplomatiques du milieu du ix^e siècle, notamment deux clauses figurant dans le testament d’Aurélien fondant le monastère de Cessieu (859) et un court passage de la lettre de Girart et de son épouse Berthe remettant les monastères de Pothières et Vézelay au pape Nicolas I^er (863). L’étude précise des passages empruntés permet de mieux définir les relations de la charte de fondation de Cluny avec le monachisme carolingien réformé par Benoît d’Aniane. La conception de la vie monastique reste la même. Les moines de Cluny comme ceux de Pothières se voient fixer pour objectif par leur fondateur la recherche de la vie céleste. Sur un plan institutionnel, la charte de la fondation de Cluny réalise une synthèse entre les solutions proposées par les documents du milieu du ix^e siècle pour pallier les défaillances des monarques carolingiens dans leur devoir de protection envers les monastères. Ainsi, à l’instar du testament d’Aurélien, la charte de fondation de Cluny affirme-t-elle l’indépendance des moines à l’égard de tout pouvoir terrestre y compris le roi. Mais elle étend la portée de cette clause qui ne concerne plus seulement la libre élection de l’abbé, mais aussi la défense des biens des moines. Comme Pothières et Vézelay, Cluny est remis par son fondateur aux apôtres Pierre et Paul et placé sous la protection du souverain pontife. Mais le fondateur de Cluny entend limiter les prérogatives du pape sur le nouveau monastère et valorise pour cela l’action terrestre des apôtres Pierre et Paul qualifiés de « glorieux princes de la terre ».

Abstract

The person who drafted the foundation charter for Cluny used formulas already present in diplomatic documents from the mid ninth century, notably two clauses that figure in the testament of Aurelianus, who founds the monastery of Cessieu (859), and a short passage in the letter of Girart and his wife Berthe, who hand over the monasteries of Pothières and Vézelay to Pope Nicholas I (863). A close study of the borrowed passages allows for a better definition of the relation between the foundation charter at Cluny and Carolingian monasticism as reformed by Benedict of Aniane. The conception of monastic life remains the same. The monks of Cluny, like those of Pothières, are enjoined by their founder to search for the celestial life. On the institutional level, the foundation charter for Cluny is a synthesis of the solutions proposed by the mid-ninth-century documents which attempted to compensate for the weaknesses of the Carolingian monarchs in their duty of protecting the monasteries. Thus, following the example of the Aurelian testament, the foundation charter affirms the independence of the monks with regard to secular power, including the king. But it extends the impact of that clause to both the free election of the abbot and the defense of the belongings of the monks. Like Pothières and Vézélay, Cluny is placed by its founder in the care of the apostles Peter and Paul and under the protection of the pope. But the founder’s intention was to limit the papal prerogatives over the new monastery and accentuate the terrestrial action of the apostles Peter and Paul, described as « glorious princes of the earth ».

Abstract

Der Verfasser der Gründungsurkunde von Cluny hat Formulierungen übernommen, die bereits in anderen diplomatischen Dokumenten der Mitte des 9. Jahrhunderts zu finden sind. Insbesondere handelt es sich um zwei Klauseln, die im Testament des Aurélien vorkommen, mit dem dieser das Kloster von Cessieu (859) gründete, und um einen kurzen Abschnitt aus einem Brief des Girart und seiner Frau Berthe, mit dem sie die Klöster Pothières und Vézelay an Papst Nikolaus I. (863) übertrugen. Die sorgfältige Untersuchung der übernommenen Abschnitte erlaubt es, die Beziehungen der Gründungsurkunde von Cluny zum durch Benedikt von Aniane reformierten karolingischen Mönchtum besser zu erfassen. Die Vorstellung vom monastischen Leben blieb demzufolge die gleiche. Die Mönche von Cluny waren wie die von Pothières durch ihren Gründer dem Ziel einer Suche nach dem himmlischen Leben verbunden. Die Gründungsurkunde von Cluny enthält auf institutioneller Ebene eine Zusammenfassung der Lösungsvorschläge jener Dokumente aus der Mitte des 9. Jahrhunderts mit denen die Schwächen der karolingischen Herrscher in ihrer Verpflichtung zum Schutz gegenüber den Klöstern ausgeglichen werden sollten. Sie folgte auch darin dem Beispiel jenes Testaments desAurélien, daß sie die Unabhängigkeit der Mönche im Hinblick auf weltliche Mächte, einschließlich der des Königs, behauptete. Zugleich wurde auch die Bedeutung dieser Klausel erweitert, die nicht mehr nur die freie Abtswahl sicherte, sondern ebenso auch die Verteidigung der Güter der Mönche. Wie Pothières und Vézelay wurde Cluny durch seinen Gründer den Aposteln Peter und Paul übergeben und unter den Schutz des Papstes gestellt. Allerdings beschränkte der Gründer von Cluny die Rechte des Papstes über das neue Kloster und wertete hierfür das irdische Handeln der Apostel Peter und Paul auf, die als « glorreiche Fürsten der Erde » bezeichnet wurden.

Abstract

Un certain Guillaume Monachi, élu archévêque d’Arles en 1138 et mort fin 1141, écrivit contre Henri, dit schismatique et hérétique, un traité aujourd’hui édité, traduit, annoté et confronté à un autre traité resté anonyme contre les hérétiques, qui s’en inspire et ajoute d’autres chapitres mais dans un esprit différent. Henri apparaît comme un lettré contestant le pouvoir des prêtres et des évêques, et s’opposant au divorce, aux prières pour les morts et à l’obligation de baptiser les jeunes enfants. L’image s’accorde mal à la réputation que lui ont faite quatre auteurs contemporains et largement indépendants : Pierre le Vénérable, abbé de Cluny qui écrit et retouche entre 1138 et 1141 un traité contre Pierre de Bruis auquel il associe Henri qu’il présente comme son héritier. Un chanoine du Mans auteur d’une partie des notices des deux évêques successifs du Mans de 1096 à 1136, qui rapporte le passage d’Henri au Mans sous l’épiscopat d’Hildebert et sa condamnation au concile de Pise en 1135 sous l’épiscopat de Gui. Bernard, abbé de Clairvaux qui écrit entre mai et juin 1145 au comte de Toulouse pour lui annoncer son départ sur ses terres à la poursuite d’Henri. Geoffroy d’Auxerre enfin, entré à Clairvaux en 1142, qui accompagne Bernard dans son voyage jusqu’à Toulouse et Albi et qui écrit sur le vif une lettre rapportant principalement ses miracles. Tous ces écrits sont passés ici au crible de la critique, pour résoudre certaines questions et en proposer d’autres.

Abstract

A certain Guillaume Monachi, elected archbishop of Arles in 1138 and deceased late in 1141, wrote a treatise condemning a certain schismatic and heretical Henri. The treatise is edited, translated, annotated and confronted with another anonymous treatise condemning heretics, inspired by the former and to which other chapters in a different spirit have been added. Henri appears to be a man of letters who contests the power of priests and bishops, opposes divorce, prayers for the dead and the obligation to baptize young infants. This image does not agree with the reputation given him by four independent and contemporary authors. Between 1138 and 1141, Peter the Venerable, abbot of Cluny, wrote and retouched a tract against Pierre de Bruis with whom he associates Henri, and whom he presents as his heir.Acanon at Le Mans, who wrote part of the entries on two successive bishops at Le Mans between 1096 and 1136, speaks of the presence of Henri at Le Mans during the episcopacy of Hildebert and his condemnation at the council of Pisa in 1135 under Bishop Gui. Between May and June of 1145, Bernard of Clairvaux wrote to the count of Toulouse announcing his arrival on the count’s lands in pursuit of Henri. Geoffroy d’Auxerre, who entered Clairvaux in 1142, accompanied Bernard on his trip to Toulouse and Albi and wrote a letter mostly devoted to an eyewitness account of his miracles. Each of these accounts is examined critically, resolving some questions and posing others.

Abstract

Ein gewisser Guillaume Monachi - er wurde im Jahre 1138 zum Erzbischof von Arles gewählt und starb Ende des Jahres 1141 - schrieb eine Abhandlung gegen Heinrich, von dem gesagt wurde, er sei Schismatiker und Häretiker. Diese Abhandlungen liegt heute in einer kommentierten Edition mit Übersetzung vor und ist dort einem weitern, anonym überlieferten antihäretischen Traktat gegenübergestellt, der durchaus von jenem beeinflußt ist, allerdings noch weitere Kapitel hinzufügt, die einen anderen Geist atmen. Heinrich, der als gebildet erscheint, stellte die Macht der Priester und Bischöfe in Frage, er lehnte Scheidungen, Gebete für Verstorbene und die Kindstaufe ab. Dies Bild paßt dabei schlecht zu jenem Ruf, den er jeweils unabhängig von vier zeitgenössischen Autoren erhielt : Petrus Venerabilis, Abt von Cluny, der zwischen 1138 und 1141 eine Abhandlung gegen Petrus de Bruis verfaßte und überarbeitete, den er mit Heinrich in Verbindung brachte und als dessen geistigen Erben vorstellte. Ein Kanoniker von Le Mans, Verfasser einer Reihe von Mitteilungen über zwei Bischöfe, die in Le Mans von 1096 bis 1136 aufeinander folgten, in denen er von einer Reise Heinrichs nach Le Mans unter dem Episkopat Hildeberts und seiner Verurteilung auf dem Konzil von Pisa unter dem Episkopat Guis im Jahre 1135 berichtete. Bernhard, Abt von Clairvaux, der zwischen Mai und Juni 1145 an den Grafen vonToulouse schrieb,umdiesen seine eigene Abreise in dessen Ländereien anzuzeigen, damit er Heinrich dort verfolgen könne. Schließlich Gottfried von Auxerre, der - 1142 in Clairvaux eingetreten - Bernhard auf seiner Reise nach Toulouse und Albi begleitete und als unmittelbarer Beobachter hauptsächlich dessenWunder beschrieb. Alle diese Schrifte werden kritisch geprüft, um alte Frage zu beantworten und neue zu stellen.

Abstract

On a osé aborder en peinture, vers les années 1230, dans des manuscrits somptueux à destination royale, un sujet scabreux sinon tabou, celui des ecclésiastiques se livrant à la débauche : non seulement aux plaisirs du jeu ou de la chasse, ou aux trafics simoniaques, mais à des étreintes assurément coupables. La Bible moralisée de Saint Louis, par exemple, qui est conservée au trésor de la cathédrale de Tolède, comporte des dizaines de médaillons peints avec soin et talent montrant des clercs de toute bure (réguliers ou séculiers, ordonnés ou non, simples prêtres ou prélats) embrassant des femmes de statuts variés (prostituées, moniales, jeune filles ou femmes mariées), les étreintes homosexuelles n’étant pas oubliées. Une telle audace dans la dénonciation sans complaisance des vices de la gent cléricale ne se reproduira guère avant les gravures féroces du temps de la Réforme, où la critique sera d’un tout autre type. L’article tente pour la première fois une analyse globale de cette veine picturale insolite dans l’art médiéval. Il fournit un classement de ces médaillons et une analyse d’échantillon, examine leur fonction rhétorique, qui est de montrer à chaque fois sur le vif l’actualité d’un verset de l’Écriture sainte, et formule des hypothèses sur ce que leurs commanditaires, ecclésiastiques eux-mêmes, ont pu en attendre. L’une des hypothèses les plus plausibles est qu’ils auront cherché par là à convaincre les princes successifs de la Maison de France d’avoir à surveiller autant que possible les officialités et la justice épiscopale, réputée plus laxiste que la justice royale.

Abstract

During the 1230s in sumptuous manuscripts destined for the royal court, the scabrous if not taboo subject of ecclesiatics engaged in immoral acts was approached in painting. Not only the pleasures of gaming and hunting, or simoniac trafficking, but shameful embraces. The Moralized Bible of Saint Louis, for example, which is housed in the treasury of the Cathedral of Toledo, has scores of carefully painted medallions showing clerics of all sorts (regular, secular, ordained or not, simple priests and prelates) embracing women of different status (prostitutes, nuns, young girls and married women), as well as members of the same sex. Such audacity in openly denouncing clerical vice would scarcely be repeated before the fierce engravings of the Reformation, where the criticism was of an entirely different type. The article attempts for the first time to provide a global analysis of this unusual vein of medieval painting. It gives a classification of the medallions and analyzes a selection, examining their rhetorical function, which is to show in each case the actuality of a verse of Holy Scripture, and formulates hypotheses on what those who supervised the work, themselves ecclesiastics, were searching to show. One of the most plausible hypotheses is that they were looking to convince the princes of the House of France to supervise as closely as possible church officials and episcopal justice, reputed to be more lax than royal justice.

Abstract

In den 1230er Jahren hat man es gewagt, in prächtigen für den königlichen Hof bestimmten Handschriften ein skandalöses Sujet tabulos im Bild darzustellen : Kirchenvertreter, die sich Ausschweifungen hingeben, nicht allein dem Spiel, der Jagd oder simonistischen Händeln, sondern ebenso eindeutig sündhaften Umarmungen. Die Bible moralisée des Heiligen Ludwig zum Beispiel, die im Schatz der Kathedrale von Toledo aufbewahrt wird, enthält Dutzende mit höchster Sorgfalt gezeichnete Medaillons, auf denen Kleriker aller Art (reguliert oder säkular, ordiniert oder nicht, einfache Priester oder Prälaten) Frauen verschiedener Stände küssen (Prostituierte, Nonnen, junge Mädchen oder verheiratete Frauen), nicht zu vergessen die homosexuellen Umarmungen. Abgesehen von Fällen, in denen die Kritik in ganz andererWeise erfolgte, ist eine solcheKühnheit, die Laster des Klerikerstandes ohne Zurückhaltung anzuprangern, erst in der Buchmalerei der Reformation wiederuzufinden. Der Artikel versucht zum ersten mal eine umfassende Analyse dieser in der Kunst des Mittelalters außergwöhnlichen bildlichen Ausdrucksform. Er erstellt eine Klassifikation der Medaillons, unternimmt eine Probeuntersuchung, und er prüft ihre rhetorische Funktion, nämlich die Aktualität einesVerses der Heiligen Schrift jedes mal lebendig aufzuzeigen. Es werden Vermutungen über die Erwartungen der Auftraggeber geäußert, die - wie zu erwarten - selbst Kleriker waren. Die wohl plausibelste Hypothese ist, daß sie den künftigen Prinzen des französischen Königshauses zu überzeugen suchten, die kirchlichen Gerichte und die bischöfliche Justiz so intensiv wie möglich zu überwachen, da diese im Ruf stand, weit weniger streng zu sein, als die königliche.

Abstract

Cet article rapproche la surprenante série des miniatures de la « Bible de saint Louis » qui mettent en scène des clercs luxurieux, analysée par François Boespflug dans sa contribution à la présente livraison de la Revue Mabillon, des accusations d’inconduite sexuelle couramment portées contre des prélats devant la justice pontificale à partir de la fin du du xii^e siècle et jusqu’au xiv^e siècle inclus. Des centaines de procédures judiciaires contre des abbés, évêques et archevêques de toute la Chrétienté accusés de « crimes », « excès » ou « énormités » furent conduites à cette période ; cet aspect important de la « révolution pastorale » comme de l’affirmation du gouvernement pontifical dans l’Église est demeuré jusqu’ici méconnu. Après la « dilapidation » et la « simonie », l’« incontinence de la chair », qui leur était souvent associée, était le reproche le plus fréquemment avancé contre les prélats. La comparaison des médaillons présentés par F. Boespflug et d’exemples d’accusations d’incontinencia, d’adultère, de concubinage, d’inceste ou encore de sodomie issus pour la plupart d’affaires survenues sous les trois premiers pontificats du xiii^e siècle (1198-1241), suggère que la luxure revêtait un sens général et totalisant. Dans une culture chrétienne où les vices étaient conçus comme structurellement interdépendants, elle pouvait désigner bien plus que les actes en quoi elle consistait et paraître menacer jusqu’à l’existence même de l’Église. En justice comme en images, elle sursignifiait la souillure, la désobéissance et la subversion. On souligne, pour finir, que la prééminence donnée à l’autorité cléricale dans la « Bible de saint Louis » témoigne d’un moment de symbiose quasi-parfaite entre Église et royauté capétienne. Un peu plus tard, les prétentions du petit-fils de Louis IX à être le garant suprême du bon gouvernement de la société chrétienne passèrent par des accusations d’« énormités », et notamment de luxure, contre un évêque français, puis contre le pape, puis contre tous les membres d’un ordre religieux.

Abstract

The surprising series of miniatures representing clerical debauchery in the third copy of the Moralized Bible, analyzed by François Boespflug in this fascicle of the Revue Mabillon, are compared with accusations of improper sexual conduct made against prelates in pontifical courts from the late twelfth century to the fourteenth. During that period, hundreds of legal actions were taken throughout Christendom against abbots, bishops and archbishops accused of crimes, excesses or enormities. This important aspect of the « pastoral revolution », like the affirmation of the pontifical government in the Church, has remained in the shadows until now. « Incontinence of the flesh » was the most frequent accusation against prelates, after « dilapidation » and « simony ». By comparing the medallions presented by F. Boespflug and various accusations of incontinencia, adultery, cohabitation, incest, and sodomy resulting mostly from affairs that took place during the first three pontificates of the thirteenth century (1198-1241), it is suggested that lust took on a general and overarching meaning. In a Christian culture where vices were seen as structurally interdependent, lust could designate much more that the specific acts and appear as a menace to the very existence of the Church. In justice as in pictorial representations, it was the embodiment of impurity, disobedience and subversion. The preeminence given clerical authority in the Moralized Bible is a witness to a moment of almost perfect symbiosis between the Church and Capetian royalty. A little later, the claims of the grand-son of Louis IX to be the supreme guarantor of good government in Christian society would be emboldened by accusations of « enormities », and notably lust, against a French bishop, then against the pope, and then against all the members of a religious order.

Abstract

Im vorliegenden Beitrag wird jene erstaunliche Serie von Miniaturen aus der Bibel Ludwigs des Heiligen, in der in Unzucht lebende Kleriker in Szene gesetzt sind, und die François Boespflug in seinem Beitrag zum vorliegenden Band der Revue Mabillon untersucht hat, mit Anklagen aufgrund sexuellen Fehlerverhaltens in Verbindung gesetzt, die vom ausgehenden 12. bis ins 14. Jahrhundert häufig gegen Prälaten vor der päpstlichen Justiz vorgebracht wurden. Hunderte von Gerichtsverfahren wurden gegen Äbte, Bischöfe und Erzbischöfe, in der gesamten Christenheit geführt, in denen sie aufgrund von « Verbrechen », « Zügellosigkeit » oder anderer « Ungeheuerlichkeiten » angeklagt wurden. Dieser wichtige Aspekt der « pastoralen Erneuerung » im Sinne einer Bestätigung der päpstlichen Herrschaft ist bisher nahezu unbekannt geblieben. Nach der « Verschleuderung » und der « Simonie », mit denen man sie zuvor in Verbindung gebracht hatte, wurde nun die « Schwäche des Fleisches » zum häufigsten Vorwurf, den man gegenüber kirchlichen Würdenträgern vorbrachte. Ein Vergleich der von F. Boespflug vorgestellten Medaillons mit den Beispielen von Anklagen wegen fehlender Enthaltsamkeit, Ehebruch, des Lebens im Konkubinat, Inzest oder gar « Sodomie », die sich während der drei ersten Pontifikate des 13. Jahrhunderts (1198-1241) ereignet hatten, legt die Vermutung nahe, daß der Begriff « Unzucht », eine sehr allgemeine Bedeutung gewonnen hatte. In einer christlichenKultur, in der die Laster als strukturell voneinander abhängig gesehen wurden,war es leicht zu behaupten, daß bestimmte Handlungen die Existenz der Kirche selbst bedrohten. Im Recht wie im Bild bedeutete es Befleckung, Ungehorsam und Subversion. Schließlich wird betont, daß die dem klerikalen Ansehen in der Bibel des heiligen Ludwigs zukommende Vorrangstellung einen Moment nahezu vollkommer Symbiose zwischen der Kirche und dem kapetingischen Königtum bezeugt. Nur wenig später führten die Ansprüche der Enkel Ludwigs IX., letzte Garanten einer guten christlichen Herrschaft zu sein, zu Anklagen wegen « Ungeheuerlichkeiten » und, wie bekannt, wegen Unzucht gegen einen französischen Bischof, dann gegen den Papst und alle Mitglieder religiöser Orden.

Abstract

Les traités d’instruction spirituelle comptent parmi les textes du Moyen Âge les plus fréquemment conservés. Éditée ici pour la première fois, l’Exhortatio ad iuvenem monachum est un exemple typique de ce genre de littérature. Il s’agit d’une exhortation adressée à ceux qui débutent dans la Vita religiosa, disponible sous deux formes différentes - une version longue et une version courte. La version la plus courte est, dans cinq des quinze manuscrits retrouvés, complétée par une oeuvre plus ample, à l’origine également autonome, qui est un traité structuré sur les comportements et les vertus monastiques exemplaires. La particularité de cette seconde partie réside dans sa rédaction, entièrement en vers. Ce texte est édité, en prenant en compte tous les témoins manuscrits connus, et commenté en détails.

Abstract

Tracts for spiritual instruction are among the most frequently preserved medieval texts. The Exhortatio ad iuvenem monachum, edited here for the first time, is a typical example of this kind of literature. The treatise, which gives advice to those beginning their Vita religiosa, exists in two versions. In five of the fifteen known manuscripts, the shorter version is complemented by another, longer work that was also originally autonomous. This latter gives structured advice on exemplary monastic virtues and behavior and has the singularity of having been written in verse. The text is edited using all the known witnesses, annotated in detail.

Abstract

Zu den am häufigsten überlieferten Texten des Mittelalters zählen Traktate zur spirituellen Unterweisung. Ein typisches Beispiel für diese Art von Literatur ist die hier erstmals edierte Exhortatio ad iuvenem monachum. Es handelt sich um eine Mahnschrift für die Anfänger der Vita religiosa, die in zwei verschiedenen Formen - einer Lang- und einer Kurzfassung - vorliegt. Die kürzere Fassung ist in fünf der aufgefunden 15 Handschriften um ein weiteres, ursprünglich ebenfalls eigenständiges Werk ergänzt, bei dem es sich um eine gegliederte Abhandlung vorbildlicher klösterlicher Verhaltensweisen und Tugenden handelt. Die Besonderheit dieses zweitenTeils besteht darin, ausnahmslos inVersen abgefaßt zu sein. DieserText wird unter Berücksichtigung aller bekannten Textzeugen ediert und ausführlich kommentiert.

Abstract

Différentes logiques et pratiques artistiques se sont rencontrées pour annoncer et diffuser la nouvelle de l’absolution romaine d’Henri IV par Clément VIII. L’article établit et compare diverses réactions destinées à suggérer des imaginaires des contemporains. À ce moment-clé du catholicisme royal henricien surgit un discours rassurant qui confirme la croyance dans un roi providentiel. Un discours qui est aussi prometteur : il révèle de nouveaux espoirs et de nouvelles ambitions. Dans le même temps, plusieurs oeuvres accentuent l’ambiguïté du triomphe d’Henri IV, roi qui est présenté avant tout comme un pénitent. La colonne dite de l’absolution ou d’Henri IV, placée à Rome en 1596 et très vite représentée sur plusieurs estampes, nécessite une attention particulière au vu de sa richesse symbolique mais doit être analysée avec prudence, sa polysémie reflétant celle de la construction de cet évènement même. Cette étude permet d’interroger et de confronter différents modes de conceptualisation de la royauté et de la papauté. Il s’agit donc d’interroger et de confronter les grammaires symboliques et conceptuelles à travers lesquelles un même événement fut pensé et représenté.

Abstract

Different logics and artistic practices were used to announce and disseminate the news of the Roman absolution of Henri IV by Clement VIII. The article describes and compares the diverse responses that were intended to influence the imagination of contemporaries. At this key moment in Henrician royal Catholicism there emerged a reassuring discourse confirming belief in a providential king. It is also a discourse full of promises, revealing new hopes and new ambitions. At the same time many works accent the ambiguity of the triumph of Henri IV, a king who is presented above all as a penitent. The so-called column of absolution or column of Henri IV, erected in Rome in 1596 and rapidly depicted in several engravings, merits particular attention because of its symbolic richness, but it should be analyzed prudently, as its polysemy reflects that of the very construction of the event. This study questions and confronts different modes of conceptualization of royalty and the papacy and the symbolic and abstract grammars used to reflect on and represent a single event.

Abstract

Die Neuigkeit der römischen Absolution Heinrichs IV. durch Clemens VIII. wurde mit ganzen verschiedenen Argumentationsmustern und künstlerischen Praktiken verkündet und verbreitet. Der Artikel präsentiert und vergleicht die verschiedenen Reaktionen und versucht, das Bild der Zeitgenossen darzustellen. Aus diesem Schlüsselmoment des henrizianischköniglichen Katholizismus erwächst ein beruhigender Diskurs, der den Glauben an einen unverhofften König bestätigt. Ein Diskurs, der überdies vielversprechend ist : er offenbart neue Hoffnungen und neue Ambitionen. Gleichzeitig betonen zahlreiche Werke die Ambiguität dieses Triumphs Heinrichs IV., eines Königs der vor allem wie ein Büßer dargestellt wird. Die nach der Absolution oder auch nach Heinrich IV. benannte Säule, die im Jahre 1596 in Rom aufgestellt und rasch in zahlreichen Graphiken dargestellt wurde, erfordert wegen des Reichtums ihrer Symbole eine besondere Aufmerksamkeit. Sie muß jedoch mit Umsicht analysiert werden, spiegelt ihre Mehrdeutigkeit doch jene der « Konstruktion » dieses Ereignisses selbst wieder. Diese Studie ermöglicht es, verschiedene Arten der Konzeptualisierung von König- und Papsttum zu prüfen und gegenüberzustellen. Folglich geht es darum, die symbolischen und konzeptuellen Grammatiken, durch welche ein Ergeignis gedacht und abgebildet wurden, zu befragen und gegenüberzustellen.

Abstract

Cet article montre que la littérature spirituelle espagnole du milieu du xvi^e siècle au milieu du xvii^e siècle s’appuie sur la diffusion des savoirs médicaux et philosophiques pour développer sa vision des effets de l’oraison, à partir d’une relecture des traités spirituels les plus diffusés et des récits d’extases des carmélites déchaussées, manuscrits et imprimés. Ces sources montrent que la grâce emprunte les voies du corps et mettent à jour une physiologie de la prière, centrée autour du coeur, qui permet à la fois d’éclairer les pratiques dévotionnelles et la conception du corps des religieux du temps, fortement polarisée par l’opposition entre la chair et l’esprit mais éloignée de tout dualisme.

Abstract

The article demonstrates that Spanish spiritual literature from the mid sixteenth to mid seventeenth century relied on the diffusion of medical and philosophical knowledge in order to develop its vision of the effects of prayer. The author uses as source material a re-reading of the most widely circulated spiritual treatises and accounts of ecstasy by Discalced Carmelites, both in manuscripts and printed books. This material shows that grace flows through physical pathways in the body and reveals a physiology of prayer, centered on the heart, which clarifies devotional practices and the conception of the body by members of contemporary religious orders, highly polarized by the opposition of the flesh and spirit, but distanced from any dualism.

Abstract

Der Artikel zeigt, wie die spanische geistliche Literatur von der Mitte des 16. bis zur Mitte des 17. Jahrhunderts die Verbreitung von medizinischen und philosophischen Kenntnissen unterstützt. Auf Grundlage einer erneuten Lektüre der - sei es handschriftlich oder gedruckt - am weitesten verbreiteten geistlichen Abhandlungen und ekstatischen Erzählungen von unbeschuhten Karmeliten, soll deren Deutung der Wirkung von Gebeten dargestellt werden. Diese Quellen zeigen, wie die Gnade sich auf körperlichem Wege Bahn brach, und sich eine auf das Herz konzentrierte Physiologie des Gebetes erneuerte. Sie erlauben es, Frömmigkeitspraktiken und Auffassungen vom Körper des Religiosen dieser Zeit zu beleuchten, die zwar stark von einem Gegensatz von Fleisch und Geist geprägt waren, aber dennoch fern jedes Dualismus standen.

Abstract

Saintes Chapelles du xiii^e au xviii^e siècle (Les). Arts, politique, religion. Tours, 25-28 juin 2013 [P. Thiberville], 323. - Responsabilità e creatività. Alla ricerca di un uomo nuovo (secoli xi-xiii). Brescia, 12.-14. september 2013 [J. Sonntag], 327. - Gesta episcoporum cameracensium. Mémoire et identité en Basse Lotharingie au début du xi^e siècle. Lille, 15 novembre 2013 [A. Wagner et Ch. Mériaux], 330.

Abstract

Andurand (O.), Roma autem locuta. Les évêques de France face à l’Unigenitus. Ecclésiologie, pastorale et politique dans la première moitié du xviii^e siècle, 334 ; Brassart (J.), L’abbaye de Corbie à l’époque moderne, histoire d’une renaisrenaissance au temps des Mauristes, 348 ; Carvalho Godoy Castanho (G. De), Isolement, communauté et société. Sémantique de la solitude en contexte monastique latin (v. 1080-v. 1150), 339 ; Las Heras (A. De), Généalogie d’une oeuvre à (in)succès. Lectures et écritures de la Veteris ac Novi Testamenti Concordia dans la collégiale de Saint-Isidore de León (1148-1240), 337 ; Mazurek (A.), L’ange gardien à l’époque moderne. Culte, élaboration doctrinale et usages. xvi^e-xviii^e siècles, 341 ; Ruffini-Ronzani (N.), Église et aristocratie en Cambrésis (fin ix^e-mil. xii^e siècle). Le pouvoir entre France et Empire au Moyen Âge central, 344.

Abstract

Caby (C.), Tamquam monachus. Identités et pratiques monastiques à la fin du Moyen Âge Moyen Âge, 353 ; Giraud (C.), Maîtres des écoles et auteurs spirituels du Moyen Âge latin : histoire des textes et histoire des doctrines (xii^e-xv^e siècle), 356 ; Senséby (C.), L’écrit documentaire. Pratique et usage dans le Val de Loire (France de l’Ouest, xi^e-xii^e siècles), 350.

Abstract

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