Brepols Online Books Medieval Miscellanea Original Archive v2016 - bobar16mimeo

Si la notion d’«ordre(s)» est familière aux historiens du Moyen Âge, il est loin d’en être de même pour celle de «hiérarchie». Au reste, le terme n’a pas bonne presse chez les chercheurs en sciences humaines et sociales, qui s’en méfient pour ses relents d’Ancien Régime et préfèrent souvent parler de «stratifications sociales», comme si choisir, distinguer, hiérarchiser les valeurs n’étaient pas dans les mondes du passé comme dans celui d’aujourd’hui à la base même de l’action sociale.

D’origine grecque — hieros (sacré) et archos (fondement, commencement, commandement) — le terme «hiérarchie» est d’un emploi longtemps rare dans la latinité. Les concordances automatisées du latin permettent de savoir avec précision que le succès lexical de hierarchia n’est pas antérieur au tournant des années 800 et qu’il dépend directement de la traduction depuis le grec des écrits du Pseudo-Denys l’Aréopagite, spécialement la Hiérarchie céleste et la Hiérarchie ecclésiastique. Concomitance intéressante, l’adoption généralisée du terme hiérarchie dans l’Occident médiéval, entre le ix e et le xi e siècle, est contemporaine d’une conception de la société rapportée à l’harmonie du cosmos qui fait du monde des hommes un reflet de l’ordonnancement voulu par Dieu — un ordonnancement propre à confondre ecclésial et social ou, dit autrement, à faire d’Église et société deux termes coextensifs. Dans cette logique, puisqu’il ne saurait y avoir de critère laïque d’appartenance aux groupes sociaux, le concept de hiérarchie permet au médiéviste de rendre compte de l’ensemble des processus d’organisation d’une société stratifiée parce qu’aspirée vers le divin. Il permet autant de décrire un jeu de places que de saisir la dynamique de processus à l’œuvre dans la grande fabrique du social.

Les villes de France du Nord au xii e siècle connaissent de spectaculaires transformations reflétant un dynamisme démographique et économique sans précédent. Leur paysage est bouleversé par les chantiers de constructions tandis que se développent à leurs portes des faubourgs étendus. Ouvertes sur les campagnes qui les approvisionnent en produits et en main d’œuvre, elles voient s’affirmer une société laïque variée et ambitieuse. Ayant obtenu des seigneurs communes et franchises, l’élite des citadins manifeste de réelles compétences juridiques et économiques supposant une éducation élaborée.

Le présent volume tente d’évoquer leurs cadres de vie, quelques aspects de leur mentalité et pose la question de leur formation.

Parisian Confraternity Drama of the Fourteenth Century is the first volume of studies devoted solely to the Miracles de Nostre Dame par personnages. These anonymous plays, found in a single luxury manuscript, comprise the only major corpus of dramatic works in French that have survived from the fourteenth century. They derive from a rich diversity of sources: narrative miracle accounts, saints’ lives, epic chansons de geste, vernacular romances, and history. Each play is preceded by a richly detailed miniature, some two dozen include a sermon in prose, and each includes at least one rondel to be sung by the cortege accompanying the Virgin. They constitute both a collective demonstration of the fervent late-medieval devotion to the Virgin, and a substantial archive of contemporary insights into the issues of power, authority, and influence that struggled for dominance in fourteenth-century Paris. As this extraordinary collection has, in its entirety, attracted little critical attention to date, this volume will be of significant interest to scholars wishing to explore the plays in their literary context, as well as those interested in medieval drama, the Marian tradition, and the role of confraternities in fourteenth-century French culture.

La transmission des traces écrites de la prédication médiévale prend habituellement la forme de recueils de sermons ordonnés selon les fêtes du calendrier liturgique. Pour autant, la relation d’intimité entre prédication et liturgie qu’on serait tenté d’en déduire n’est ni nécessaire, ni évidente. La discrétion des liturgistes médiévaux sur les pratiques de prédication l’atteste, et de même, celle des auteurs d’artes predicandi sur la liturgie.

Comment la prédication et la liturgie, ces deux manières complémentaires, mais clairement distinctes, de construire un discours public sur la foi, et de pratiquer la religion, au sein de la société, sous la forme d’actions auxquelles on prête une efficacité symbolique, se sont-elles rejointes, voire mutuellement renforcées au cours de l’histoire de la christianisation? Telle est la question qui sous-tend la quinzaine d’études réunies dans ce volume. Le millénaire médiéval s’y trouve à dessein enchâssé entre la période d’épanouissement de la prédication des Pères, qui est aussi le temps de l’élaboration d’assises durables pour la liturgie, et le moment crucial des remises en question de tous ordres qui, à partir du xvi e siècle, permettent d’observer le temps passé comme dans un miroir. La parole y est surtout donnée aux prédicateurs, en réalité très diserts sur les textes lus et chantés, les gestes, les vêtements, les rites et les usages de la liturgie – en particulier, sur les rituels de consécration ou de dédicace des églises, et sur les processions de la Fête-Dieu. Si les prédicateurs, de la sorte, donnent sens au culte, la liturgie est aussi pour eux un instrument pédagogique mis au service de la mémorisation de leur message, un langage qu’ils s’approprient en recourant à la citation poétique, ou à la transposition métaphorique des mots du rituel, voire une autorité qui leur sert d’argument de persuasion ou, plus rarement, dont ils éprouvent la validité rationnelle. De plus, dès le xiii e siècle, dans les villes, les frères mendiants n’hésitent pas à détacher leurs prises de parole des temps et des lieux ordinaires de la célébration liturgique au profit de la conquête et de la sacralisation d’un temps et d’un espace du quotidien, alors que le théâtre et les livres de lecture s’emparent des techniques du sermon et des ressources de la liturgie, en des formes renouvelées de la pratique pastorale.

The Gothic style is now one of the supreme products of Medieval and Renaissance visual culture. Subject to multiple readings and (re)interpretations from ca. 1500 to the present, Gothic stands as one of two dominant languages of European historical architecture. This volume explores methods of reading and interpreting the Gothic from the twelfth through the sixteenth century. Following the editor’s introduction, it contains ten essays written by leading scholars from Canada, the United States, and Great Britain. In challenging the traditional parameters of Gothic, the papers explore ‘Medieval’ and ‘Renaissance’ manifestations of the Gothic, and they consider material ranging geographically from Ireland to Poland, and from Paris to Sicily. Each paper explores ways in which Gothic was or could be read by the contemporary viewers for which it was designed, and by post-modern commentators. In placing the act of reading at the centre of their investigations, the papers offer significant new insights into the forms and meanings of the Gothic.

The theme of the book is the origin of Late Gothic architecture in Europe around the year 1300. It was then that Gothic ecclesiastical architecture graduated from a largely French into a wholly European phenomenon with new centres of art production (Cologne, Florence, York, Prague, Kraków) and newly-empowered institutions: kings, the higher nobility, towns and friars. Profound changes in spiritual and devotional life had a lasting effect on the relationship between architecture and liturgy. In short, architecture around 1300 became at once more cosmopolitan and more heterogeneous.

The book addresses these radical changes on their own terms-as an international phenomenon. By bringing together specialists in art, architecture and liturgy from many parts of Europe and from the USA it aims to employ their separate expertise, and to integrate each into a broader European perspective.

Dr Zoë Opačić is lecturer in the history and theory of architecture at Birkbeck College, University of London. She specialises in the field of late medieval architecture and art, particularly in Central Europe.

Dr Alexandra Gajewski is a Visiting Assistant Professor at the University of Michigan, Ann Arbor and a Fellow of the Society of Antiquaries, London. She works on Burgundian Gothic architecture and on Cistercian art in medieval France and the Empire.

Une comparaison entre les villes de Flandre et d’Italie semble aller de soi tant apparaissent nombreuses, dans les études qui leur sont consacrées, les similitudes et les disparités esquissées. Entre les deux grands espaces urbanisés de l’Europe occidentale, pour qui s’intéresse à l’histoire des villes, le rapprochement paraît s’imposer. Pourtant, bien souvent, la juxtaposition prévaut et la comparaison se limite au seul domaine des convergences de l’histoire économique.

Cinq thèmes ont donc été retenus ici dans un souci de renouvellement et de réorientation des questionnements: la démographie, le fait religieux, les inscriptions et les symboliques du pouvoir, la «fabrique» de la mémoire et la représentation de l’espace. Dans cet ouvrage, est organisée une mise en parallèle qui permet d’identifier les spécificités qui façonnèrent en Italie et au nord de l’Europe les identités urbaines. Sur fond de relations marchandes et d’animation économique, les profils des communautés se précisent alors et la rare gageure d’une véritable histoire comparative est ainsi proposée au lecteur.

L’evidenza scritta e materiale sulle donne dell’alto medioevo presenta una importante caratteristica di fondo: la descrizione delle azioni femminili non è normalmente il prodotto della percezione delle donne, né appare organizzata e prodotta per fornire una rappresentazione diretta dell’operato, delle capacità e delle caratteristiche femminili in termini reali. Piuttosto, sia sotto il profilo materiale, sia sotto il profilo scritto, le donne sono utilizzate - dal loro gruppo parentale, dagli avversari oppure dai sostenitori dei loro congiunti - come paradigmi simbolicamente efficaci per far apprezzare le possibilità economiche e di prestigio dei gruppi famigliari, i meriti e gli errori dei loro uomini, il clima politico di un regno. Si rafforza quindi, nella società altomedievale, il tema retorico dell’ “influenza femminile” per spiegare, in modo diretto e persuasivo, la consonanza o la dissonanza con il clima politico complessivo. Come tali, dunque, i modelli di rappresentazione femminile, di volta in volta utilizzati, non sono semplici ripetizioni. Essi variano nel corso del tempo, precisamente in rapporto con la trasformazione dei valori condivisi dalle società altomedievali, e con le reali possibilità femminili che sono progressivamente accettate oppure disapprovate, misconosciute oppure valorizzate. Le immagini della regina buona che converte il proprio marito al cristianesimo e della regina perfida che lo tradisce, così come i ricchi corredi funerari e le iscrizioni femminili rappresentano lo specchio attraverso cui la società altomedievale valutava sé stessa, le proprie tensioni e le proprie certezze.