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Dans une tradition manuscrite, la « contamination » survient lorsqu’un copiste cesse de dépendre d’un modèle unique, mais emprunte des leçons à un second modèle, produisant ainsi un texte métissé. Tout est problématique dans ce qui concerne la contamination : à commencer par son nom, qui évoque la souillure religieuse ou la pathologie contagieuse, alors que recourir à plusieurs témoins accessibles est au contraire la meilleure manière de remédier aux erreurs de copie. N’est-ce pas ce que font les éditions critiques ? Au-delà du nom, la contamination présente deux difficultés : comment la reconnaître, et comment la traiter. Pour l’éditeur en effet, la tentation est grande de détecter des contaminations là ou il n’y en a pas, car il est libre alors de disqualifier une partie de la tradition et de diminuer ainsi le nombre des manuscrits ou branches sur lesquels il s’appuiera pour établir le texte. Identifier correctement un cas de contamination est donc crucial, mais difficile : nombreuses sont les situations qui lui ressemblent. Ensuite, une fois admis comme réelle une contamination, reste à interpréter la manière précise dont elle s’est produite. En effet, la convergence imprévue de deux branches distinctes a pour effet de jeter un flou rétrospectif sur une zone plus large du stemma codicum, rendant douteux la manière de la prendre en compte. Néanmoins, comprendre et maîtriser la contamination est possible, à condition de ne pas la tenir pour une maladie des textes, mais au contraire comme un processus naturel et sain dans l’histoire de leur transmission.
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