Atelier de recherche sur les textes médiévaux
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Les comptes de la prévôté barroise de Longwy (vers 1318-1370)
Au cœur d'un renouvellement de l'approche des sources de l'histoire médiévale la comptabilité domaniale publique connait depuis une quinzaine années la faveur des historiens des institutions et des origines de l'État. Les registres de comptes sont ainsi reconnus comme une source intrinsèque et non plus seulement comme une base de données factuelles alimentant de vastes synthèses historiques. En région lorraine les registres de comptes des prévôts du comté-duché de Bar par la richesse des collections chronologiques permettent cette approche nouvelle où le document comptable dans sa dimension codicologique et administrative participe pleinement au renforcement des liens entre centre et périphérie et à l’élaboration des dynamiques de gouvernement.La lecture et l’étude précise des registres de la prévôté de Longwy permettent de pénétrer au cœur des rouages administratifs de l'État barrois au temps de la régence de Yolande de Flandre de la Peste Noire et du début de la guerre de Cent Ans en Lorraine. Apparaît alors en pleine lumière la genèse du compte domanial instrument de pouvoir pour les décideurs centraux et preuve de la manière de servir pour les administrateurs locaux : prévôts châtelains et clercs jurés. Mais la gestion domaniale ne saurait se passer d’une phase de contrôle administratif. L’examen des comptes véritable tradition barroise va peu à peu s’institutionnaliser et revêtir un caractère hautement technique avec la création d’un organe de gouvernement d’une importance majeure : la Chambre des Comptes. Cette dernière fait alors basculer les comptes et le contrôle comptable dans une nouvelle dynamique : celle de la construction de l'État.
Kartulare
Ordnen der Archive und Ordnung der Welt (9.-13. Jahrhundert)
Ce recueil d’actes est le résultat d’un atelier de recherche dans le cadre d’un partenariat entre l’université franco-allemande l’université Goethe de Francfort-sur-le-Main et l’Institut français d’Histoire en Allemagne (désormais IFRA-SHS). Cette rencontre a réuni des chercheurs français allemands et néerlandais autour de la question des mises en ordre opérées par et dans les cartulaires ecclésiastiques. Le parti pris fut de considérer cette dimension dans un temps long (IXe-XIIIe siècle) et dans un vaste espace géographique allant de la Souabe au diocèse de Quimper. Huit études de cas présentent différentes mises en ordres observées au sein d’un unique cartulaire ou d’un corpus. Elles considèrent entre autres la cartularisation comme une mise en ordre des archives par un classement des actes sur un support nouveau ; mais aussi comme un moment où l’établissement cartulariste ordonne de son patrimoine et se définit par rapport à ses voisins laïcs et/ou ecclésiastiques.
L’abbaye de Marchiennes milieu vii e – début xiii e
Du monastère familial à l'abbaye bénédictine d’hommes : histoire et chartes
L’abbaye de Marchiennes l’un des quatre monastères bénédictins installés sur les bords de la Scarpe aux confins de la Flandre et du Hainaut est à l’origine un monastère familial avec une double communauté d’hommes et de femmes fondé vers 630/640 par saint Amand et confié à Rictrude veuve de l’aristocrate franc Adalbald. À partir de 1024/25 après l’expulsion des moniales Marchiennes sort véritablement de l’obscurité. Essor et évolution peuvent être reconstitués grâce à une production écrite substantielle et variée (récits narratifs et hagiographiques nécrologe coutumier bibliothèque chartes et cartulaires) à laquelle se joint un souci précoce de conservation.
La présente édition de 124 chartes (72% d’originaux) quatre annexes et le recours à d’autres sources servent d’appui à une introduction historique. Celle-ci permet de présenter les temps obscurs puis la vitalité de la communauté : affermissement du temporel (donations récupérations confirmations laïques et ecclésiastiques) développement d’un vaste réseau social (comtes de Flandre de Hainaut aristocratie évêques d’Arras Cambrai Thérouanne Tournai) rayonnement intellectuel et spirituel (réseau de confraternités scriptorium actif). Au-delà des donations des contestations et des confirmations précieuses pour l’histoire rurale et sociale quelques chartes livrent de discrètes mais suggestives informations sur la vie de la communauté.
Ce dynamisme n’est pas isolé et prend toute sa dimension en le reliant à celui des autres monastères bénédictins voisins la toute puissante Anchin la vénérable Saint-Amand et dans une mesure moindre Hasnon. L’abbaye de Marchiennes participe pleinement à la forte emprise monastique de la vallée de la Scarpe véritable boulevard des moines.
La Formule au Moyen Âge
Les modes de pensée et de représentation médiévaux sont profondément marqués par l'usage de reprises et de régularités attendus et reconnaissables qui sont sources de tensions productives entre expression individuelle et normes collectives changement et continuité création et convention. De façon très générale toute formule se caractérise par un figement ou une régularité plus ou moins marquée laissant la place en creux à l'innovation. La définition de la formule se décline différemment en fonction de la discipline considérée et cet ouvrage propose une réflexion interdisciplinaire sur ses différentes acceptions et sur les recoupements que l’on peut observer entre elles. En outre un échange entre plusieurs intervenants poursuivant une discussion sous forme de table ronde à l’occasion du colloque international organisé à Perpignan en 2014 vient clore le volume et propose un premier aperçu synthétique de l’emploi de la notion pour les différentes disciplines concernées : codicologie diplomatique épigraphie histoire histoire de l’art littérature linguistique musicologie.
Ce travail sera prolongé par de futures publications dans la même collection dans l’espoir que l’effort de clarification voulu permettra à d’autres d’explorer encore plus avant la notion de formule et de continuer à attester de sa fécondité pour les études médiévales.
La Formule au Moyen Âge IV
Le phénomène formulaire est foisonnant protéiforme et omniprésent dans tous les aspects des pratiques culturelles médiévales. Poésie actes épiscopaux encyclopédies récits de miracles charmes formulaires notariaux chroniques : tous ces genres textuels emploient des formules à des degrés divers et sous des formes variées. Au-delà de cette diversité apparente se dessinent cependant des problématiques communes: désir de permanence argumentation fondée sur un savoir partagé unissant une communauté d’utilisateurs (et excluant aisi ceux qui n’appartiendraient pas à ladite communauté) souplesse et adaptabilité bien réelles derrière la fixité apparente de la forme.
Ce quatrième ouvrage consacré à la formule médiévale rassemble des contributions en français en anglais et en espagnol. À travers l’étude fine d’une multitude de documents de natures et d’origines géographiques très variées ces articles analysent les formules à la fois dans leur fonctionnement textuel (et parfois graphique) et dans leur rôle social. La confrontation de disciplines différentes permet d’aborder le phénomène formulaire dans sa globalité et ainsi de mieux distinguer ce qui n’est propre qu’à un type de formules ou de texte particulier et ce qui est au contraire essentiel au concept de formule.
L’abbaye de Lisle-en-Barrois
Origines, histoire et chartes (1143-1226)
Si l’histoire des grandes abbayes cisterciennes est bien connue il n’en va pas de même pour des abbayes de moindre dimension comme celles qui se sont implantées dans le diocèse de Verdun : Lachalade Châtillon-en-Woëvre et Lisle (par la suite transférée du Verdunois au Barrois). Mais tel était le cas de bien d’autres monastères cisterciens que l’histoire des grandes abbayes de l’ordre (Cîteaux Morimond Clairvaux Trois-Fontaines etc.) a souvent éclipsé. L’étude de ces petites abbayes permet ainsi d’apporter une contribution à l’histoire locale révélant des chartes jusqu’alors inédites complétant ipso facto des corpus d’actes épiscopaux comtaux etc. permettant aussi de mieux appréhender des lignages locaux et de nombreux aspects de la vie régionale.
Arrière-petite-fille de Morimond abbaye modeste au sud de la forêt d’Argonne aux confins de la Champagne et de la Lorraine en même temps que des diocèses de Verdun Toul et Châlons Lisle-en-Barrois s’est développée dans une relative tranquillité. Bien insérée dans son environnement immédiat elle n’avait comme possessions lointaines que des maisons à Verdun et Metz pour à la fois y écouler ses productions et servir d’étape sur la route du sel.
Au terme d’un patient travail cet ouvrage vient éclairer l’histoire originelle de l’abbaye et livre un recueil de chartes inédites couvrant les abbatiats jusque 1226 concourant ainsi à la connaissance générale du Moyen Âge et à celle des cisterciens en Lorraine.
Les chartes constitutionnelles des villes d’Allemagne du Sud (xiv e-xv e siècle)
Les sociétés des villes d’Allemagne du Sud n’ont pas peur de l’innovation à la fin du Moyen Âge : sur un siècle (fin xiiie-fin xive siècle) beaucoup d’entre elles créent des régimes politiques intégrant des groupes sociaux jusqu’alors exclus de toute participation sur un principe commun décliné en fonction des situations locales : le conseil urbain est désormais constitué presque partout de délégations de corps de métier (Zünfte).
Les citadins ne se contentent pas de cette première innovation. Dans beaucoup de cas ils procèdent avec grand soin à la mise par écrit de ces dispositions : ce sont ces chartes constitutionnelles qui sont au centre de ce livre. Le passage à l’écrit n’est jamais une évidence ; les difficultés rencontrées par leurs auteurs témoignent de l’importance de cette mise par écrit pour les sociétés qui l’ont produite. Qui sont leurs auteurs comment ont-ils travaillé ? Eux qui n’étaient sans doute pas en contact avec la théorie savante de leur temps n’ont pas laissé de texte théorique pour éclairer leur démarche mais ces chartes permettent de dégager les grandes lignes de leur pensée politique.
Le soin pris à décrire le nouveau dispositif institutionnel le montre : il ne s’agit pas seulement d’un acte administratif mais d’un véritable programme politique et social. Ces chartes sont le produit de périodes de troubles avec ou plus souvent sans violence pour mettre fin à l’exclusivité politique des élites traditionnelles en assurant un équilibre politique de long terme. Pour éviter à la fois le retour à un pouvoir oligarchique et la déstabilisation par les masses populaires leurs concepteurs ont une série de choix à effectuer. Qui désigne les représentants des métiers ? Quel poids ont les différents métiers ? Quel poids politique les élites traditionnelles conservent-elles ?
Les promesses démocratiques annoncées ont-elles été tenues ? Il y a bien des manières pour les élites de contourner les garanties d’ouverture offertes par les chartes mais les métiers fortunés ou non se montrent attachés au système et au texte des chartes qui leur donnaient une dignité nouvelle. Cet apprentissage de la démocratie pour imparfait qu’il soit témoigne de la créativité intellectuelle des bourgeois de ces villes.
Digitizing Medieval Sources – L’édition en ligne de documents d’archives médiévaux
Challenges and Methodologies – Enjeux, méthodologie et défis
Cet ouvrage rassemble les communications présentées lors du colloque qui s’est tenu à Nancy les 9 et 10 juin 2016 sur le thème des éditions en ligne de documents d’archives médiévaux. Les communications présentées à cette occasion ont permis d’aborder les questions non seulement techniques mais également heuristiques soulevées par l’importance nouvelle des Humanités numériques pour les médiévistes.
Cartulaire de l’abbaye de Saint-Pierremont (1095-1297)
Édition d’après le manuscrit de la Bibliothèque nationale de France, nouvelles acquisitions latines, 1608
L’abbaye de chanoines réguliers de Saint-Pierremont a été fondée en 1095 dans le nord de la Lorraine. Grâce aux nombreuses donations de l’aristocratie locale elle étend rapidement son temporel à travers le Pays-Haut lorrain jusqu’en Belgique tout au long des XII e et XIII e siècles. Elle a laissé de nombreuses archives qui éclairent l’histoire de cette région au Moyen Âge. Le cartulaire édité ici est donc une source privilégiée pour la connaissance des possessions de cette abbaye et des structures foncières de cette région. Il complète utilement un livre foncier (auquel il est associé dans le manuscrit) qui a été édité en 2013 par Yoric Schleef.
Une principauté d’Empire face au Royaume : le duché de Lorraine sous le règne de Charles II (1390-1431)
Précédant de peu Jeanne d’Arc et le duc René II figures emblématiques d’un Moyen Âge lorrain flamboyant Charles II apparaît comme un prince de second rang. Son règne (1390-1431) est associé non sans raison aux temps les plus sombres de l’histoire de la Lorraine devenue l’épicentre douloureux d’une Europe qu’embrasait par le jeu des alliances le conflit franco-anglais de la Guerre de Cent Ans. Pourtant s’en tenir là serait oublier que Charles II fut l’instigateur de la réunion des duchés de Lorraine et de Bar et qu’il posa les bases de l’État princier en Lorraine.
Rassemblant patiemment une documentation dispersée au gré des aléas de l’histoire délaissant les impasses d’une historiographie longtemps préoccupée par la question de l’État-nation et prisonnière de l’antagonisme exacerbé entre la France et l’Allemagne Christophe Rivière réévalue ici un règne trop longtemps méconnu et trop facilement renvoyé à ses archaïsmes. Son enquête prosopographique livre les contours d’une société politique originale ; il analyse le dialogue qu’elle entretient avec le prince dans un espace politiquement morcelé au sein duquel se rencontrent et s’affrontent les influences venues du royaume de France et de l’Empire ; empruntant aux ethnologues les concepts d’ « acculturation » et de « métissage » il éclaire les valeurs qui cimentent cette société nobiliaire valeurs par lesquelles elle se rapproche ou se distingue tour à tour des principautés voisines pour faire progressivement place à l’affirmation de la souveraineté ducale.
Originaux et cartulaires dans la Lorraine médiévale (XIIe - XVIe siècles)
Recueil d'études
Entourés des attentions des médiévistes les cartulaires sont devenus un objet d’histoire. Ces recueils résultant de la compilation d’actes par une institution ou une personne juridique entretiennent des relations complexes avec les originaux sources directes ou indirectes mises en œuvre par les cartularistes. Qu’il s’agisse de la sélection des matériaux ou du transfert d’informations du modèle à la cible le travail accompli est affaire de choix divers et multiples dont il faut retrouver les logiques pour espérer comprendre les objectifs des hommes qui ont commandités et réalisés ces manuscrits. Même soumis à des contingences matérielles les copistes conservent une certaine marge de manœuvre dans le traitement de leur documentation. Ils trient classent ou reclassent les documents qu’ils accueillent et enfin transcrivent les actes en adoptant certains principes. Ce recueil d’études a pour but de renouveler la confrontation originaux-cartulaires à travers l’analyse d’un recueil et de son chartrier ou grâce à l’exploration d’une question liée à la transcription à travers plusieurs cartulaires.
La question est ici approchée dans un cadre régional en l’occurrence la Lorraine médiévale principalement constituée des diocèses de Metz Toul et Verdun - et occasionnellement étendue à l’ancienne Lotharingie. La chronologie est délibérément large (XIIe - XVIe siècle) donnant toute leur place aux expériences parfois négligées de la fin du Moyen Âge. À défaut d’aborder systématiquement le phénomène de la « mise en cartulaire » les dossiers ici réunis voudraient en enrichir les données et questionnements.
La formule au Moyen Âge, II / Formulas in Medieval Culture, II
Actes du colloque international de Nancy et Metz, 7-9 juin 2012 / Proceedings of the International Conference, Nancy and Metz, 7th-9th June 2012
Qu’est-ce que la « formularité » dans les savoirs et les pratiques médiévales? Comment s’illustre-t-elle entre expression individuelle et normes collectives rituels et innovations reprises d’un modèle et créativité? La présente publication rassemble un choix parmi les contributions présentées à l’occasion du grand colloque international qui s’est tenu à Nancy et Metz du 7 au 9 juin 2012 sur le thème de l’usage de la formule dans la culture médiévale. Le colloque a accueilli des médiévistes issus de toutes les disciplines parmi lesquelles ont été retenues ici la diplomatique (sept articles) la littérature (sept articles auxquels s’ajoutent deux contributions sur l’hagiographie et une sur la littérature universitaire) l’iconographie et l’architecture mais aussi l’étude des formules dans des domaines de la vie pratique comme la magie la médecine et chez les hérauts d’armes.
Recueil des chartes de l'abbaye de Morimond au XIIe siècle
L'abbaye de Morimond quatrième fille de Cîteaux fondée en 1117-1118 aux confins des diocèses de Langres et de Toul a déjà fait l'objet d'une étude complète due à l'abbé Dubois (1851 1852 et 1879) qui n'a pas été remplacée à ce jour. Cependant aucune des sources de son histoire n'a été publiée contrairement aux cas de Cîteaux La Ferté Pontigny et Clairvaux. La mise à disposition des chartes de Morimond vient combler une lacune que de nombreux historiens du monachisme cistercien déploraient depuis longtemps. Evidemment les quelques deux cents chartes du XIIe siècle conservées dans les archives ne peuvent rivaliser avec les cinq cents chartes de Clairvaux et cette différence mériterait d'être expliquée. Néanmoins elles fournissent un nombre considérable de renseignements sur le mode de fonctionnement d'une grande abbaye cistercienne au cours du premier siècle de son histoire sur ses relations avec des abbayes de sa filiation sur ses liens avec l'épiscopat langrois et toulois sur la mise en valeur de son patrimoine sur les problèmes issus de sa proximité avec d'autres communautés ecclésiastiques cisterciennes ou non. Dans ce volume le texte de ces chartes est accompagné des mentions de l'abbaye de Morimond au Chapitre général de Cîteaux des chartes émises par les abbés de Morimond d'une étude du sceau de l'abbaye au cours de ce siècle ainsi que d'une représentation cartographique et chronologique de ses abbayes-filles et de ses granges.
La vocation mémorielle des actes
L’utilisation des archives dans l’historiographie bénédictine dans les Pays-Bas méridionaux, Xe - XIIe siècles
Ce livre comprend une analyse de la relation entre textes historiographiques et sources diplomatiques dans les milieux bénédictins au Moyen Âge central. Les (ré)écritures résultant de la transmission des archives y témoignent d’un maniement récurrent de passés locaux. Les vitae abbatiales les gesta et les (cartulaires-)chroniques datant du Xe au XIIe siècle permettent par excellence d’étudier le dialogue entre gestion des archives production d’actes et recréation narrative d’un passé local et institutionnel dans des récits et des codices.Par une analyse casuistique l’auteur dévoile la perception et la valorisation d’un héritage documentaire sur le plan religieux juridique social et mémoriel. Il expose que les fonctions diverses liées à la mémoire à la représentation du passé et à la construction d’une identité communautaire étaient autrefois confiées à un éventail de genres historiographiques et diplomatiques consciemment composés mais néanmoins complémentaires. Enfin l’auteur accentue que il est crucial d’intégrer dans l’étude de l’historiographie monastique l’évolution dans la pratique de l’écrit documentaire à savoir les modalités de rédaction ou de rôles tenus par les actes dans les procédures juridiques. Celle-ci influait en effet fortement sur l’évaluation de la conservation de documents diplomatiques et de leur mode de transmission y compris par voie historiographique.
Le cartulaire et les chartes de l'abbaye de femmes d'Avesnes-lès-Bapaume (1128-1337)
En 1975 Pierre Bougard archiviste du département du Pas-de-Calais découvrit dans les archives privées du château de Tramecourt (France département du Pas-de-Calais) un cartulaire inconnu de l'abbaye de femmes d'Avesnes fondée vers 1128 par Clémence comtesse douairière de Flandre. Il en commença l'édition qui a été terminée par Bernard Delmaire professeur émérite d'histoire médiévale à l'université de Lille III.Cette découverte est d'autant plus précieuse que les archives de l'abbaye ont entièrement disparu. Pour cette raison on a ajouté à l'édition des 153 actes du cartulaire celle d'une trentaine d'actes retrouvés en divers dépôts d'archives et bibliothèques.L'édition des documents aux 4/5 inédits est précédée d'une introduction codicologique sur le cartulaire et historique sur le sort obscur et mouvementé de cette abbaye bénédictine qui accueillait trente moniales qui fut détruite en 1553 lors des guerres entre Charles Quint et les rois de France et transférée près d'Arras. Elle est complétée par cinq annexes dont une liste refaite des abbesses jusqu'en 1789 et l'édition des restes de l'obituaire.Les documents édités touchent à l'histoire mal connue du monachisme féminin en Flandre puis en Artois à l'histoire rurale à l'histoire seigneuriale et féodale de l'Artois et de la Picardie et à l'histoire des villes de Bapaume et d'Arras.
Le gouvernement de la comtesse Mahaut en Artois (1302-1329)
Le comté d’Artois illustre sous le règne de Mahaut (1302-1329) un moment spécifique du processus de construction des États princiers dans les derniers siècles du Moyen Âge.
Confrontée dès son arrivée au pouvoir à plusieurs revendications territoriales ainsi qu’à l’ingérence royale qui se fait encore plus pressante lors de la révolte nobiliaire des années 1315-1319 Mahaut défend âprement son héritage. Entourée d’équipes de pouvoir fidèles et compétentes elle gouverne son apanage à l’aide d’une administration centralisée de plus en plus spécialisée inspirée des pratiques royales et princières. Grâce à un mécénat particulièrement actif dont elle fait un vecteur idéologique elle assoit sa légitimité sur l’Artois et construit la mémoire de la dynastie comtale. Princesse capétienne pair de France elle s’efforce de rester au plus près du roi pour défendre ses intérêts participer au Conseil et prendre une part active à la vie politique du royaume.
Finalement l’exemple artésien illustre l’originalité des premières principautés apanagistes qui se construisent dans un champ de forces contradictoires entre attraction monarchique et volonté d’émancipation. Il montre aussi les spécificités du pouvoir au féminin à une époque où la tendance est à l’exclusion des femmes de la sphère politique.
Documenti pontifici nel "tabularium" dell'abbazia cistercense di Chiaravalle Milanese
Da Innocenzo II a Clemente V
Fondée vers 1135 avec le concours des élites urbaines de Milan l’abbaye de Chiaravalle Milanese était une des plus riches et plus puissantes institutions cisterciennes de la Lombardie médiévale. Titulaire d’un considérable complexe patrimonial qui atteignait encore au milieu du XVe siècle presque 4000 hectares l’abbaye de Chiaravalle participa activement pendant le Moyen Age à la vie politique sociale économique et religieuse de Milan et de son "contado". Pourtant la ville ambrosienne et ses magistratures ne furent pas les seules « interlocutrices » de l’établissement : parmi celles-ci la Papauté - à laquelle Chiaravalle en tant que fondation cistercienne était directement soumise - joua un rôle essentiel. L’ancien "tabularium" de Chiaravalle Milanese aujourd’hui fragmenté dans plusieurs fonds d’archives milanais nous offre un témoignage exceptionnel voire unique des liens étroits entre le Saint Siège et le chapitre monastique: ce témoignage se compose d'un dossier d’une centaine de documents pontificaux depuis la fondation de l’abbaye jusqu’à la fin du pontificat de Clément V auxquels il faut ajouter une dizaine d’actes accordés dans la même période à l’établissement cistercien par les légats pontificaux.
Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)
Les rois et les princes souverains d’autrefois tel le duc de Lorraine avaient le droit de punir et disposaient parallèlement du pouvoir de pardonner ce droit de grâce dont ont hérité les présidents des républiques modernes. A la fin du Moyen Age pour manifester l’octroi de la grâce la coutume est de rédiger un acte solennel écrit sur parchemin et scellé qu’on appelle une « lettre de rémission » destiné à notifier le pardon à son bénéficiaire et aussi à en informer l’administration comme le public. Les lettres de rémission des ducs de Lorraine sont conservées aux Archives départementales de Meurthe-et-Moselle depuis le règne de René II (1473-1508) sous forme de copies insérées dans des registres de la chancellerie ducale ; les actes originaux malheureusement font défaut. La présente édition contient 321 documents issus de ces registres et seulement trois originaux retrouvés ; ils émanent pour la plupart du duc lui-même mais aussi de la duchesse (19) ; un seul provient de leur fils Antoine. L’ensemble de ces lettres ne couvre pas toute la Lorraine actuelle il manque évidemment les cités épiscopales qui sont souveraines mais aussi la Lorraine allemande qui devait posséder une chancellerie à part. Les difficultés du début du règne de René II (guerres de Bourgogne etc.) expliquent aussi l’inégale répartition chronologique les deux-tiers des lettres se situant après 1490.Outre la transcription des 324 textes rédigés en moyen français - mais sans particularisme linguistique régional manifeste - suivie d’un index des noms propres et d’un glossaire des mots médiévaux l’édition détaille la présentation des documents et leur contenu. La lettre de rémission est une charte qui obéit à des règles diplomatiques ; elle est dotée d’une titulature qui identifie l’auteur et précise ses titres et qualités d’un exposé qui décrit les faits et les motifs de la demande de rémission d’un dispositif qui contient la formule de grâce assortie ou non de considérations générales et particulières d’un protocole final qui mentionne les différents personnages de l’administration et de l’entourage du duc qui l’ont aidé à prendre la décision de gracier. Ce corpus de documents apporte des informations sur la criminalité et la délinquance en Lorraine à la fin du Moyen Age et fournit des détails inappréciables sur les comportements sociaux et la vie quotidienne dans les petites villes et les villages à cette époque. Il renseigne plus encore sur l’administration ducale ses mécanismes et ses rouages ainsi que sur la formulation et la perception de l’idéologie du pouvoir absolu du prince admirablement véhiculées par ce genre de document.L’édition des lettres de rémission comble un vide dans la mise à disposition des chercheurs et du public de textes lorrains de la fin du Moyen Age. Elle a été une œuvre collective menée au sein de l’ARTEM (Atelier de Recherche sur les TExtes Médiévaux) équipe de l’Université Nancy2 associée au CNRS qui a réuni des historiens des linguistes et des philologues et dont le Centre de médiévistique Jean-Schneider a pris la suite.
L'abbaye cistercienne de Bégard des origines à 1476 : histoire et chartes
L'abbaye de Bégard située dans le diocèse de Tréguier est une des fondations religieuses les plus importantes de la Bretagne médiévale et a été traditionnellement considérée comme sa première abbaye cistercienne. Le présent volume réunit 272 actes pour la plupart inédits provenant de l'abbaye ou touchant à son histoire. Plus de la moitié provient des Archives départementales des Côtes-d’Armor et le reste a été découvert aux Archives départementales de Loire-Atlantique et du Morbihan à la Bibliothèque Nationale de France aux Archives Nationales du Royaume-Uni à la British Library à la Bodleian Library à la bibliothèque d'Eton College et aux Archives vaticanes.
L'ensemble des documents permet de retracer au moins partiellement l'histoire de l'abbaye qui aurait pu à ses débuts être une fondation érémitique ou bénédictine et se serait incorporée à l'ordre cistercien au début du XIIIe siècle. De nouvelles perspectives sont ouvertes sur les rapports des moines avec leurs vassaux avec la noblesse bretonne et avec les évêques. Les textes permettent de reconsidérer le mode d'exploitation du domaine de Bégard et le rôle joué par certains abbés en particulier Vincent de Kerléau (1444-1476) à qui les papes Nicolas V et Calixte III et les ducs de Bretagne Pierre II Arthur III et François II confièrent de hautes fonctions.
Les textes d'origine anglaise donnent de nombreux détails sur le développement et les vicissitudes de l'« alien priory » de l'abbaye Begar situé près de la ville de Richmond dans le Yorkshire dont les importants revenus provenaient principalement de moulins sur la Swale et la Tees et de droits prélevés sur les bénéfices de la foire de Boston dans le Lincolnshire.
116 documents sont en latin 155 en moyen français 1 en moyen anglais et les noms de lieux et de personnes sont en grande majorité celtiques ce qui donne à ce corpus un grand intérêt linguistique.
La Formule au Moyen Âge
La culture médiévale fait un usage très important de « formules » : formes traditionnelles inlassablement variées et répétées auxquelles sont attachées non seulement une signification précise mais aussi de nombreuses connotations qui s’enrichissent à chaque nouvel usage. Plus qu’un procédé stylistique la formule est un véritable mode de conceptualisation et de transmission de la pensée.Trop souvent ce phénomène très riche souffre de n’être étudié que dans le cadre restreint d’un seul champ disciplinaire. Pourtant il n’est pas certain que le phénomène formulaire diffère radicalement selon qu’il est observé dans un poème dans un document officiel dans une fresque ou une pièce musicale. Au contraire il semble que derrière la multiplicité des buts et des moyens se décèle un mode de fonctionnement commun.Cet ouvrage issu d’un colloque international organisé à Nancy en 2010 rassemble des articles consacrés à plusieurs domaines (littérature linguistique épigraphie codicologie diplomatique histoire de l’art et musicologie) et plusieurs aires géographiques au sein de l’Europe médiévale notamment la France l’Angleterre le Pays de Galles l’Italie et Byzance. Son but est de montrer toute la richesse et la variété des formules médiévales et de stimuler la réflexion interdisciplinaire sur ce phénomène.Ce travail sera prolongé par de futures publications dans la même collection issues du colloque de 2012 et de ceux encore à venir dans l’espoir que d’autres chercheurs se joindront à l’effort d’exploration de ce champ très riche.