Culture et société médiévales
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Les colonnes du ciborium de San Marco à Venise
La recherche s’articule autour de trois axes principaux : une lecture approfondie des aspects visibles et matériels qui composent l’œuvre d’art c’est-à-dire les parties sculptées et les inscriptions ; la relation de l’œuvre avec les sources littéraires ; enfin la relation de l’œuvre avec le contexte. L’application d’une méthode globale qui considère l’œuvre d’art comme un objet complexe fait de signes de lieux et d’intentions artistiques a permis une nouvelle interprétation de l’œuvre ouverte à des enjeux tout à fait actuels d’histoire de l’art et connectée à la notion d’histoire et d’anthropologie des objets en constante relation avec le temps et l’environnement.
Ce livre se compose de huit chapitres qui affirment et décomposent à la fois le « système » des colonnes ; ils sont précédés d’une mise en perspective historiographique. L’ouvrage présente également un catalogue exhaustif de fiches décrivant pour la première fois une à une les scènes et les inscriptions des colonnes.
A l'aube de la peinture moderne
Vers un nouvel humanisme, de Byzance à l'Italie
Il s’agit de revisiter ici une phase cruciale de l’histoire de la peinture dans une optique bien spécifique. On se démarque en effet d’une vision ayant crédité de manière trop exclusive l’Italie des environs de 1300 d’une « révolution » ouvrant la voie à la modernité. En revenant sur ce qui a préludé à cela dans la Péninsule même et surtout en accordant une égale attention à ce qui a simultanément – ou antérieurement à maints égards – été produit dans le monde byzantin on tend à un radical rééquilibrage de la perspective. C’est alors dans sa véritable dimension que se perçoit l’évolution artistique de l’époque en lien étroit avec un contexte politico-religieux tout à fait particulier : celui d’une installation des Latins à Constantinople et dans plusieurs territoires de l’Empire d’Orient et d’un projet de réunion des obédiences catholique et orthodoxe ; avec dans ce cadre une décisive action des nouveaux Ordres Mendiants vite implantés dans tout le monde méditerranéen et développant une prédication réellement accessible au plus grand nombre étayée – chez les Franciscains au premier chef – par une imagerie traduisant la geste du Christ et des saints sur le mode le plus crédible incorporant précisément les avancées déjà opérées à cette fin dans la zone orientale.
Après un panorama historiographique faisant le point sur les positions plus ou moins anciennes et leur impact jusqu’à nos jours on aborde en premier lieu ce qu’il en a été des conceptions et fonctions dévolues à l’image trop volontiers considérées comme différentes d’un milieu à l’autre. Puis on affronte le champ de l’iconographie en propre avec les accents spécifiques qui y sont portés. Ensuite vient l’examen des divers aspects formels (et des moyens techniques mis en œuvre) ; examen non moins capital puisque ce sont le naturalisme et l’expressivité de la figure ainsi que son insertion dans un espace tridimensionnel qui visent à une communication plus efficace avec le fidèle ; cela par la forte sollicitation de ses sens pour sa profonde imprégnation de ce qui s’offre à sa vue. On peut dans cette démarche reconnaître une authentique humanisation de la foi. Et il s’avérait donc essentiel de souligner que dans cette mutation où l’image s’est trouvée investie d’un rôle majeur la contribution de la chrétienté byzantine a été aussi déterminante que celle de l’Italie.
L’Église et les églises
Iconographie du monde grégorien
Vers le milieu du xi e siècle le pape s’empare d’un projet à vocation universelle : la réforme de l'Église. L'initiative entraîne à de profonds changements de société et au renouvellement des formes et moyens d'expression architecturaux et iconographiques. Nouveau chapitre dans un débat ancien ouvert dans les années 1970 par Hélène Toubert et Ernst Kitzinger et sans cesse réinvesti par les spécialistes du roman l'ouvrage vise à mieux comprendre la réception artistique des idées de réforme à Rome en Italie et en France. L’enquête procède par cumul d’expériences acquises sur des monuments singuliers et emblématiques des XIe et XIIe siècles. Elle révèle la diversité des discours et des solutions en écho à leur temps et à leur lieu et montre aussi l’unité des répertoires iconographiques des systèmes de pensée et des enjeux tous liés au nouveau modèle de la société chrétienne.
Les visages du cardinal
Construction et transformations de l’identité symbolique et matérielle du cardinalat à la fin du Moyen Âge et sous la première Renaissance
Le cardinalat depuis la fin du XIVème siècle jusqu’au début du XVIème siècle est une entité en transformation rythmée par les crises successives que traverse l’Eglise d’Occident. Ces crises et les transformations socio-culturelles du Quattrocento ont amené les théoriciens du cardinalat – qu’ils soient juristes théologiens ou diplomates – à reconsidérer à la fois la place et les modes représentation des cardinaux influençant également leur incarnation matérielle et en nous laissant de riches témoignages sur leur réflexion. L’étude présente entend analyser le développement les transformations et les perceptions des représentations symboliques et matérielles de l’identité cardinalice idéale depuis le Moyen Âge tardif jusqu’à l’orée de la Réforme. Les éléments mis à jour sur la construction et les mutations de l’identité cardinalice idéale correspondent parfaitement au phénomène transitionnel associé à ce siècle. Le cardinalat apparaît à travers l’ensemble des sources comme un palimpseste sur lequel se réécrit constamment les empreintes de sa construction symbolique matérielle et théorique chaque couche laissant des traces visibles à celui qui en fait la lecture. Les formes de représentations pérennes qui définissaient le cardinalat et qui apportaient à la fois une justification sacrée et politique par la revendication d’origines prestigieuses finissent au Quattrocento par s’étioler ou se transformer pour laisser place à de nouvelles formes. Ces « couches successives » forment tout entières cette identité cardinalice qui ne peut se concevoir que de façon multiple par la diversité et la richesse de son développement.
Biblia regum
Bibbia dei re, Bibbia per i re (sec. IV-XIII)
This volume collects contributions from the international conference Biblia regum. Bibbia dei re Bibbia per i re (sec. iv-xiii) held at the University of L’Aquila 16-17 April 2018. The collection sheds a new light on the relation between the Bible and royal authority in the late antique and medieval West. By focussing both on the use of biblical quotations and on distinct features of biblical manuscripts - such as dedications comments translations and illustrations - contributors investigate how the Bible functioned as a behavioural model to which rulers and their subjects should conform as well as a text that supported royal power. Collectively the contributions address significant aspects of the layered interconnection between royal power and the Holy Writ and lead to a fruitful dialogue between different fields of research.
Territoires, régions, royaumes
Le développement d’une cartographie régionale et locale dans l’Occident latin et le monde arabe (x e-xv e siècle)
Pendant longtemps les travaux sur la cartographie ont surtout porté sur les mappemondes aussi bien dans le monde latin que dans le monde arabo-musulman. Les représentations cartographiques des espaces locaux et régionaux ont suscité un intérêt plus modéré même si les études sur la cartographie à grande ou à moyenne échelle des xii e-xv e siècles connaissent depuis quelques années un renouveau notable tant dans le domaine latin que dans le domaine arabe.
La publication des actes du colloque international qui s'est tenu à Tours en juin 2018 rassemble quinze études consacrées à la représentation cartographique du territoire et plus généralement à la cartographie des espaces régionaux et locaux qui émerge dès le x e siècle dans le monde arabo-musulman et à partir du xii e siècle dans l’Occident latin pour connaître un essor remarquable dans les deux derniers siècles du Moyen Âge. Le livre réunit des articles de synthèse et des études de cas abordant les questions complexes de l'émergence de cette cartographie de ses formes et de ses usages dans le monde arabo-musulman et dans l'Occident latin.
Le vêtement au Moyen Âge
De l’atelier à la garde-robe
L’histoire du vêtement touche un vaste ensemble d’aspects de la société et de l’économie médiévales de la circulation des matières premières à l’organisation de la production de la réglementation à la symbolique des circulations médiévales à sa réappropriation contemporaine.
Par des approches inédites l’ouvrage propose d’articuler ces différentes problématiques pour esquisser une histoire totale du vêtement médiéval à travers le croisement de questionnements et de sources écrites iconographiques et archéologiques.
Il envisage d’abord une relecture de la place du textile dans l’économie médiévale en insistant sur le maillage de foires et de marchés permettant la distribution des matières premières en décrivant l’organisation de l’échoppe du drapier et la gestion de ses stocks en interrogeant le rapport entre les qualités de produits et leur utilisation et en soulignant le rôle des circulations secondaires de vêtements.
La fabrication des habits est approchée à travers les commandes princières exceptionnelles ou courantes. Les comptabilités permettent en effet de saisir la consommation des élites mais aussi l’organisation de la production confiée à des artisans minutieusement sélectionnés pour leur savoir-faire.
Cette consommation ostentatoire qui touche jusqu’aux animaux de compagnie est toutefois dès le xiii e siècle l’objet de réglementations somptuaires qui nous renseignent tant sur une anthropologie du luxe que sur la gestion de la bienséance. La symbolique du vêtement vient également alimenter un imaginaire collectif allant des représentations médiévales des marginaux à la reconstitution contemporaine de tissus et de costumes permettant la création d’une esthétique médiévalisante au xix e siècle et l’essor du médiévalisme au xx e siècle.
Miroirs Arthuriens entre images et mirages
Actes du xxiv e Congrès de la Société Internationale Arthurienne
Ce volume issu des travaux du XXIVe Congrès de la Société Internationale Arthurienne réunit les derniers acquis de la recherche sur les romans arthuriens et leur réception au fil du temps. Organisées en fonction des axes thématiques du Congrès les contributions apportent du nouveau au sujet des manuscrits arthuriens et de leurs impressionnants programmes iconographiques suivant un mélange fascinant de philologie et histoire de l’art. Les interférences des motifs arthuriens qui font en grande partie la richesse de ces textes occupent aussi une place importante de même qu’elles préoccupent les médiévistes depuis quelques années. L’anthropologie culturelle n’est pas négligée non plus : des interventions sur les identités arthuriennes ainsi que sur les enjeux politiques de ces romans tellement de fois récupérés par les royautés européennes en guise de modèles rappellent l’universalité de l’arthurianisme qui fascine des milliers de lecteurs et auditeurs à travers le temps. Ceci explique également la riche réception des textes médiévaux adaptés aussi bien à la modernité qu’à la période contemporaine. En somme traitant des périodes variées ainsi que des espaces géopolitiques des plus divers les articles réunis dans ce volume forment un beau bouquet arthurien mélangeant des réflexions les plus savantes aux contes de fées et aux couleurs d’antan.
Les stratégies de la narration dans la peinture médiévale
La représentation de l’Ancien Testament aux iv e-xii e siècles
Depuis les débuts de l’art chrétien l’Ancien Testament a reçu une place singulièr dans le décor des églises comme dans l’illustration des manuscrits. Certaines formules conçues aux IVe-Ve siècles se sont imposées durant tout le Moyen Âge comme celles de Saint-Pierre de Rome et une influence encore plus large a longtemps été attribuée à la Genèse Cotton ou à son modèle. Les oeuvres médiévales ne reproduisent toutefois presque jamais servilement celles qui les ont précédées. Les concepteurs les ont constamment réélaborées pour des raisons probablement multiples : adapter la composition au cadre imposé par l’architecture ou le découpage du folio optimiser les ressorts de la narration pour en faciliter la lecture ou toucher plus efficacement la sensibilité du spectateur enchaîner les scènes pour entraîner le regard dans le sens de la lecture ou relier sémantiquement deux épisodes voisins induire un sens spécifique inspiré par la théologie ou la liturgie ou encore exprimer visuellement des ambitions institutionnelles voire politiques. Les quinze articles réunis dans cet ouvrage développent ces questionnements en les appliquant à des ensembles peints ou en mosaïque représentatifs de la période envisagée : les oeuvres conservées ou perdues des premiers siècles Saint-Pierre de Rome Saint-Paul-hors-les-Murs et leurs avatars médiévaux les bibles carolingiennes de Tours et celles de Ripoll Galliano les autres ensembles lombards Saint-Savin-sur-Gartempe Château-Gontier Palerme et Monreale. Pour enrichir cette réflexion le champ d’investigation a été étendu aux cycles néotestamentaires des églises médiobyzantines et aux mosaïques de Saint-Marc de Venise. Dans la conclusion Herbert Kessler propose en effet une mise au point stimulante sur la délicate question de la Genèse Cotton en nuançant son influence sur le cycle vénitien. L’ouvrage offre ainsi un panorama très complet de la représentation de l’Ancien Testament et une réflexion foisonnante sur les stratégies de la narration.
Sur les routes des Alpes
Religieux, marchands et animaux dans la Suisse occidentale (xiii e-xv e siècles)
À l’occasion du départ à la retraite du Professeur Franco Morenzoni (Université de Genève) le présent ouvrage réunit un certain nombre de ses travaux les plus marquants consacrés à l’actuelle Suisse occidentale au Moyen Âge. Ce recueil d’articles divisé en quatre parties thématiques - chacune préfacée par des spécialistes et d’anciens collègues - vise à rendre compte de la richesse de recherches menées sur plus de vingt-cinq ans dans l’histoire économique et sociale aussi bien que dans l’histoire religieuse. Ces domaines a priori bien distincts constituent différents points d’entrée qui dévoilent un même intérêt pour l’homme médiéval dans ses interactions avec le monde qui l’entoure. Pionniers par bien des aspects les travaux de Franco Morenzoni ont renouvelé l’histoire de la Savoie et des Alpes aux derniers siècles du Moyen Âge: ce recueil en est le témoignage.
Une histoire du sensible : la perception des victimes de catastrophe du xii e au xviii e siècle
Actes du colloque international tenu à Lorsch (Allemagne, Hesse) du 11 au 14 décembre 2014
Cet ouvrage se propose de réfléchir à la construction historique de la condition de victime en relation avec les événements traumatiques dans l'Europe médiévale et moderne. Dans le contexte contemporain le discours et la gestion des situations de catastrophe ou de mort de masse s'organisent en priorité autour de la place des victimes dans la fabrique événementielle. Cette attitude de la société contemporaine face à la dévastation qualifiée tantôt de « compassionnelle » tantôt « d'humanitaire » ou bien encore de « tragique » reflète une forme de sensibilité qui définit en premier lieu la réalité catastrophique comme un drame.
Une telle approche de la souffrance possède-t-elle cependant une histoire ou constitue-t-elle une constante anthropologique de la société occidentale ? Quel regard les sociétés médiévales et modernes ont-elles posé sur cet aspect autant éthique que social du réel ? Les essais réunis dans ce volume proposent d'offrir quelques pistes de réflexion. À la lecture ambiguë de la victime au Moyen Âge entre souffrance et responsabilité la Renaissance semble commencer à proposer une vision plus « tragique » des individus souffrants. Les victimes peuvent dès lors entrer progressivement dans une politique des émotions qui triomphe au xviii e siècle.
Talent / maltalent
La culture des émotions au seuil de la littérature française
S’inscrivant dans l’histoire des affects le livre propose une relecture des premiers récits français sous le signe des polarités émotionnelles médiévales du « talent » et du « maltalent ». À l’époque de leur première réception la Cantilène de sainte Eulalie la Vie de saint Alexis la Chanson de Roland et le Roman de Thèbes étaient des œuvres fermées des textes de plaisir. Pour le lecteur du XXIe siècle ils deviennent un beau défi jouissif. Ainsi les détails qui débordent le cadre théologique se révèlent nombreux et savoureux : Maximien réussit son coup d’épée contre Eulalie la « pucelle » d’Alexis parvient à consommer son mariage céleste Charlemagne boude Gabriel Jocaste frôle le rôle d’entremetteuse pour faire la paix par l’amour … et les mondes s’entrechoquent ambigument possibles.
L’étude aborde les styles émotionnels les actes émotifs les normes affectives et les communautés responsables des « émotionologies » de ces textes liminaires de la littérature française où les personnages font de Dieu un acte émotif de plus en plus dépouillé. Du nom à l’interjection de la foi à l’émotion c’est l’histoire d’une véritable émancipation qui s’écrit en initiant à fleur de texte une désacralisation progressive des affects.
Regards croisés sur le monument médiéval
Mélanges offerts à Claude Andrault-Schmitt
Claude Andrault-Schmitt a consacré la majeure partie de sa carrière d’enseignant-chercheur à l’étude des arts de l’ancien duché d’Aquitaine en accordant un intérêt particulier à l’architecture religieuse. Dans sa démarche intellectuelle elle s’est constamment interrogée sur les questions d’historiographie de méthodologie et d’épistémologie ce qui l’a amenée à défendre plusieurs principes qui lui sont chers : appliquer à l’architecture un vocabulaire adapté aux réalités et aux usages médiévaux se méfier des idées reçues héritées de l’historiographie et des étiquettes - à commencer par le traditionnel clivage entre le roman et le gothique - aborder les rapports entre les formes et les différentes fonctions d’une église et rassembler le plus grand nombre de disciplines autour d’un même édifice pour en comprendre toutes les facettes : historiens archéologues spécialistes des matériaux de l’épigraphie de l’iconographie musicologues.
À l’occasion de son départ à la retraite ses collègues et ses élèves ont souhaité lui rendre hommage en lui dédiant trente et une contributions reflétant ces différentes préoccupations regroupées dans quatre sections intitulées Contextualisations De l’archéologie monumentale à l’archéologie du bâti Les ordres réformés et Le décor monumental . Ces contributions forment ensemble un panorama très représentatif de l’état de la recherche actuelle dans ces différents domaines et des orientations encouragées par Claude Andrault-Schmitt que ce soit dans ses publications ou dans son enseignement.
Les Royaumes de Bourgogne jusq'en 1032 à travers la culture et la religion
Besançon 2-4 octobre 2014
Installés en Sapaudie (Savoie) par Aetius les Burgondes étendirent leur royaume dans la vallée du Rhône de la Durance et de la Saône. Leur implantation est attestée par des sépultures peu nombreuses dont les individus présentent des déformations céphaliques caractéristiques de peuples associés. Bien qu’ariens les rois sont tolérants et les évêques catholiques jouent un rôle politique réel ; paradoxalement le premier roi catholique Sigismond fondateur de Saint-Maurice d’Agaune critiqué par son épiscopat perd son royaume et sa vie face aux Francs. Toutefois le culte de saint Maurice se développe et fait école. Sur le modèle d’Agaune où le culte de Sigismond se développe Gontran fonde en 577 Saint-Marcel à Chalon-sur-Saône. Au VIe siècle les clercs élaborent un cycle rassemblant les martyrs de Bourgogne : Lyon devient le « centre d’un royaume de Dieu ». Au sein de l’Empire carolingien l’identité burgonde qui semblait fragile résiste à la perte d’autonomie politique. Au IXe siècle l’héritage de Lothaire II est divisé entre le futur duché de Bourgogne et les royaumes Bosonides de Provence et Rodolphiens de Transjurane qui fusionnent au Xe siècle états fondés sur des cultes dynamiques des monastères réformés et des évêchés puissants.
L’homme médiéval et sa vision du monde
Ruptures et survivances
Le Moyen Age semble une période mentalement très distante de notre époque. Est-ce vrai? L’auteur plonge dans les textes médiévaux surtout les sources narratives pour détecter les structures profondes des pensées et des sentiments. Il se sert de citations pour faire revivre les valeurs et normes de l’époque tel que les contemporains les ont formulées. Milis explore d’abord l’attitude vis-à-vis de Dieu d’autres divinités et religions et les problèmes qui en sont issus au sein des sociétés et civilisations médiévales. Ensuite il traite du rôle de l’honneur et de ses valeurs apparentées (gêne honte infamie scandale et culpabilité) comme base de comportements sociaux et individuels. Enfin il lie le droit tel qu’il est vécu au rôle d’esprits et de l’audelà dans la perception quotidienne. Il est étonnant de voir comment tant d’aspects qui semblaient à nos yeux passés pour de bon reçoivent une nouvelle actualité et se montrent souvent reconnaissables dans la société multiculturelle qui se constitue aujourd’hui.
Des nains ou des géants ?
Emprunter et créer au Moyen Âge
« Bernard de Chartres disait que nous sommes comme des nains assis sur les épaules de géants de sorte que nous pouvons voir davantage [de choses] qu’eux et plus loin non certes à cause de l’acuité de notre propre vue ou de la hauteur de notre corps mais parce que nous sommes soulevés en hauteur et élevés à une hauteur gigantesque » (Jean de Salisbury Metalogicon III 4).
Les géants de l’adage sont l’incarnation de l’autorité du passé si prégnante dans la culture du Moyen Âge. Mais la tradition qui est à la fois contrainte et force porte en elle les germes d’une véritable inventivité. La nouveauté se nourrit de l’ancien pour le transformer et le dépasser.
Issues d'un colloque interdisciplinaire organisé à Poitiers en 2011 les études de ce volume se proposent d'analyser la nature le contenu les modalités ou la finalité des emprunts pour appréhender des phénomènes plus complexes tels que la recomposition ou le déplacement fondés plutôt sur la notion de référence d’allusion d’influence de choix. Passifs ou délibérés individuels ou collectifs éphémères ou durables ces réaménagements peuvent être considérés comme autant de créations nouvelles témoignant de la vitalité du Moyen Âge et de sa capacité à façonner un paysage culturel en perpétuel mouvement. Les éditeurs du volume - Claude Andrault-Schmitt Edina Bozoky et Stephen Morrison - sont professeurs à l'Université de Poitiers et membres du Centre d'études supérieures de Civilisation médiévale.
Aspetti del meraviglioso nelle letterature medievali. Aspects du merveilleux dans les littératures médiévales
Medioevo latino, romanzo, germanico e celtico
This book provides a fresh insight into European medieval culture by focusing on the concept of the marvellous as it was depicted in medieval writings. Drawing together papers that were presented at the Aspects of the Marvellous in Medieval Literature conference held at the University of L’Aquila in November 2012 the volume takes a broad multicultural and multilingual approach that offers new perspectives onto the various kinds of mirabile and their common themes in texts from across Europe. Contributions to this volume pay equal attention to both Latin and vernacular writings and cover aspects of the marvellous in fields as diverse as medieval Latin literature Romance Germanic and Celtic philology miracles and mirabilia monsters and fairies strange creatures and fantastic worlds. Above all by expanding analysis through different literatures languages and literary genres the volume not only provides an opportunity to compare and contrast key themes and features of these texts but also casts new light onto the making of our own cultural identity.
L'écrit et le livre peint en Lorraine, de Saint-Mihiel à Verdun (IXe-XVe siècles)
Actes du colloque de Saint-Mihiel (25-26 octobre 2010)
Les manuscrits médiévaux de Lorraine trésors du patrimoine graphique de cette région étaient au coeur du colloque qui s’est tenu durant l’automne 2010 à l’abbaye bénédictine de Saint-Mihiel (Meuse). Les actes présentés dans cet ouvrage portent sur une large série de productions locales et exogènes qui ont toutes pour dénominateur commun l’histoire politique institutionnelle intellectuelle spirituelle et artistique de Verdun et de l’abbaye de Saint-Mihiel au Moyen Âge. La question du livre et de l’écrit est abordée en trois volets thématiques et chronologiques allant des origines carolingiennes jusqu’aux productions enluminées du XVe siècle. Si certains documents sont bien connus comme le traité de Verdun d’autres demeuraient à ce jour totalement ou partiellement inédits tels le manuscrit dit « du pseudo Athanase » (Saint-Mihiel Bibliothèque municipale ms Z 28) ou le graduel de Saint-Mihiel (Saint-Mihiel Bibliothèque municipale ms Z 73).
L'empreinte chrétienne en Gaule, du IVe au IXe siècle
Ce volume contient les textes de la plupart des communications effectuées lors de trois journées d’étude tenues à l’Université de Lille 3 à l’automne 2010. Ces journées avaient pour but de présenter les recherches en cours sur la topographie religieuse des villes épiscopales de mieux faire connaître les espaces ruraux objets de nombreux et récents travaux archéologiques et historiques tout en étudiant les changements intervenus au cours de ces six siècles dans le domaine des normes et comportements sociaux. Les vingt contributions ici offertes entraînent le lecteur de la législation constantinienne à la normalisation carolingienne des premiers signes archéologiques de la présence du christianisme aux prémices de la paroisse médiévale des premiers monastères aux communautés cénobitiques strictement encadrées par les réformes carolingiennes des plus hauts lieux du christianisme gaulois ou gallo-franc à des sites moins illustres mais tout autant chargés d’histoire. Les auteurs ont inscrit leurs réflexions dans les grandes problématiques qui animent aujourd’hui l’archéologie et l’historiographie des débuts du christianisme en Occident ce qui permet d’apprécier à chaque étape de ce long itinéraire l’empreinte du christianisme en Gaule aux premiers siècles de son histoire.
D’un jugement à l’autre
La représentation du jugement immédiat dans les Jugements derniers français: 1100-1250
Au moment où le thème du Jugement dernier a connu un essor sans précédent on a régulièrement associé aux événements de la fin des temps une représentation du jugement immédiat celui qui se déroule après la mort. La pensée chrétienne considère qu’après avoir quitté leur corps les âmes font l’objet d’une première évaluation au terme de laquelle elles sont conduites dans des séjours temporaires : le paradis d’attente pour les élus l’enfer pour les damnés. À la fin des temps ces âmes séparées s’unissent à leur corps ressuscité elles sont jugées une seconde fois et les élus sont conduits dans le royaume des cieux où ils peuvent enfin jouir de la vision béatifique. La présence du jugement immédiat ou du paradis d’attente peut être montrée pour une série de Jugements derniers français dont certains comptent parmi les œuvres les plus significatives de la production sculpturale des XIIe-XIIIe siècles : les portails de Mâcon Conques Saint-Denis Chartres et Reims deux chapiteaux de Saint-Nectaire et le Psautier de Marguerite de Bourgogne. Cette lecture inédite implique que l’Église se préoccupait autant du salut des âmes que des fins dernières probablement parce que c’est dans le temps présent qu’elle pouvait intervenir efficacement en faveur des défunts en administrant les suffrages : prières aumônes et messes. Ce livre développe les fondements textuels et iconographiques de cette lecture en abordant successivement le thème du jugement immédiat et chacune des œuvres interprétables dans la perspective du double jugement. Ont également été abordées plusieurs représentations isolées du Jugement dernier dont l’iconographie éclaire le sens des autres compositions: Autun Laon Paris et Amiens. Cette série d’analyses monographiques détaillées et originales offre un panorama très complet des Jugements derniers français mis en œuvre entre 1100 et 1250.
Marcello Angheben est maître de conférences habilité à diriger des recherches en histoire de l’art à l’Université de Poitiers et membre du Centre d’Études Supérieures de Civilisation Médiévale. Il a publié Les chapiteaux romans de Bourgogne (2003) et avec Valentino Pace Le Jugement dernier entre Orient et Occident (2007).