L’influence chrétienne sur le modèle alimentaire classique : la question de l’alternance entre banquets, nutrition et jeûne

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L’influence chrétienne sur le modèle alimentaire classique : la question de l’alternance entre banquets, nutrition et jeûne, Page 1 of 1

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L’article aborde les stratégies mises en place par les récipiendaires du nouveau discours normatif chrétien en matière d’alimentation dans la Gaule du haut Moyen Âge (en particulier les évêques, les ermites et les communautés monastiques). Ces stratégies furent motivées par la nécessité de demeurer à même d’assumer leurs responsabilités sociales et hospitalières. En effet, tandis que l’hospitalité (qu’elle soit classique ou chrétienne) passe obligatoirement par l’offre et le partage d’un repas, le discours normatif chrétien en matière d’alimentation entrave directement l’exercice du banquet classique (compris comme occasion de consommation excédant les besoins physiologiques et procurant du plaisir) puisque le discours chrétien invite à une prise alimentaire strictement limitée à assurer la survie du corps et en évitant tout plaisir sensoriel. La stratégie spécifiquement abordée ici est celle qui consiste à adopter un système alimentaire calqué sur le système classique qui était articulé autour de l’alternance entre nutrition sobre et banquet, remplacée ici par une alternance chrétienne entre jeûne et banquet.

Ce volume contient les textes de la plupart des communications effectuées lors de trois journées d’étude tenues à l’Université de Lille 3, à l’automne 2010. Ces journées avaient pour but de présenter les recherches en cours sur la topographie religieuse des villes épiscopales, de mieux faire connaître les espaces ruraux, objets de nombreux et récents travaux archéologiques et historiques, tout en étudiant les changements intervenus au cours de ces six siècles dans le domaine des normes et comportements sociaux. Les vingt contributions ici offertes entraînent le lecteur de la législation constantinienne à la normalisation carolingienne, des premiers signes archéologiques de la présence du christianisme aux prémices de la paroisse médiévale, des premiers monastères aux communautés cénobitiques strictement encadrées par les réformes carolingiennes, des plus hauts lieux du christianisme gaulois ou gallo-franc à des sites moins illustres mais tout autant chargés d’histoire. Les auteurs ont inscrit leurs réflexions dans les grandes problématiques qui animent aujourd’hui l’archéologie et l’historiographie des débuts du christianisme en Occident, ce qui permet d’apprécier, à chaque étape de ce long itinéraire, l’empreinte du christianisme en Gaule aux premiers siècles de son histoire.

The article analyses the strategies adopted by the receivers of the new normative Christian discourse regarding food in early medieval Gaul (in particular bishops, hermits and monastic communities). These strategies had the objective of enabling them to continue to take on their social responsibilities. In fact, while hospitality (classic or Christian) was mandatorily expressed by the offering and sharing of a meal, the normative Christian discourse on food was theoretically frontally opposed to the classical banquet (activity based on the consumption of pleasurable foodstuffs exceeding physiological needs) since it called for a food consumption strictly limited to guarantying physical survival and avoiding all pleasure of the senses. The particular strategy observed here is one that consists in adopting a food system based on an alternation between fasting and banqueting, built on the classical alternation between sober nutrition and banqueting replaced here by the Christian alternation between fasting and banqueting.