Burgundica
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La voix de son maître
Les hérauts d’armes au service des ducs de Bourgogne (1363-1519)
Le héraut d’armes est un personnage incontournable du Moyen Âge occidental. Spécialiste des tournois présent au côté du prince lors des grandes cérémonies constamment sur les routes pour porter des lettres aux différents souverains il est aussi l’un des meilleurs connaisseurs de la noblesse occidentale.
L’émergence de ces officiers dans la société de cour est fulgurante. Apparus à la fin du XIIe siècle au sein du groupe des jongleurs et des ménestrels ils se mettent dès la fin du XIVe siècle au service des grands seigneurs des villes et des princes pour devenir au dernier siècle du Moyen Âge une véritable institution en France en Angleterre ou en Bourgogne.
Les Pays-Bas bourguignons offrent sans aucun doute un des meilleurs exemples de l’épanouissement de l’office d’armes au sein d’une cour médiévale. Véritables porte-voix du duc chargés de prononcer les déclarations de guerre et de publier la paix les hérauts sont omniprésents dans la conduite de la guerre ou dans la diplomatie de Philippe le Bon et de Charles le Téméraire. Baptisés du nom de provinces bourguignonnes vêtus de leur cotte d’armes ils représentent l’État bourguignon autant que le duc lui même jusqu’à en devenir son avatar.
A Spectacle for a Spanish Princess
The Festive Entry of Joanna of Castile into Brussels (1496)
On the evening of 9 December 1496 Princess Joanna Infanta of Castile reaches the outskirts of Brussels where a procession of secular and ecclesiastical dignitaries welcomes her. After having been married to Philip the Fair in Lier Joanna travelled to Brussels by herself. Equipped with torches and processional crosses the citizens accompany her all the way to the heart of the city the large market square with its magnificent town hall. The Berlin manuscript 78 D5 is the first illustrated report of an entry concentrating on one single lady. The manuscript is a treasure to all those interested in urban culture of the Early Modern period. The author of the festival booklet compares the well-lit city with the splendours of Troy and Carthage. Twenty-eight stage sets or Tableaux Vivants and an elaborate procession mirror the costly intellectual program presented to the sixteen-year-old princess. The carefully planned theatrical productions underscore themes of marriage female virtues and the politics of war and peace. The program includes entertainments soundscapes and pyrotechnic amusements. The Latin texts are made available in English translation. The entire manuscript with its sixty-three folios is reproduced in colour. Eleven leading scholars present their new findings on this spectacular entry from an interdisciplinary approach.
Les forêts princières dans le comté de Bourgogne aux XIVe et XVe siècles
Membre du Saint-Empire romain germanique depuis 1032 le comté de Bourgogne fut rattaché au duché d’outre-Saône de 1330 à 1361 et de 1384 à 1477. Cette double union bourguignonne se traduisit entre autres par la création d’un office (la gruerie) chargé des eaux et forêts princières. L’institution et les eaux ayant donné lieu à la publication de deux ouvrages spécifiques ce troisième volume termine le triptyque décrivant un aspect important du domaine comtal. La principale caractéristique de la sylve princière était l’absence de résineux. L’exploitation des chartes de franchises de la comptabilité de la gruerie et d’une remarquable série de terriers (1454-1476) permet une étude précise des feuillus. Leur description nécessite la localisation des forêts par châtellenie l’évaluation parfois de leur superficie et l’analyse des peuplements. Quatre essences l’emportèrent sur les autres: chênes hêtres pommiers et poiriers. Cette approche est complétée par le statut juridique des bois. Utilisant ces derniers les princes et Marguerite de France donnèrent des arbres en vendirent pour diverses raisons. Mais leurs forêts formèrent aussi une réserve de combustible (les salines de Salins étant les principales consommatrices). Quant aux animaux sauvages ils furent chassés seuls les porcs donnèrent lieu à la «paisson» source importante du «pesnaige» (redevance). Pendant toute la période la protection des forêts se traduisit par un personnel et une justice efficaces. Les «mesusants» (délinquants) comparurent devant des juges dans le cadre des «jours» pour être condamnés à des amendes. Peut-on parler de sylviculture?
Marguerite de France, comtesse de Flandre, d’Artois et de Bourgogne (1312-1382)
Une vie de princesse capétienne au temps des Valois
Fille du roi Philippe V et de Jeanne de Bourgogne Marguerite de France (1312-1382) est une figure majeure et pourtant méconnue du XIVe siècle. Après une éducation soignée marquée par l’influence de Mahaut ainsi que par les raffinements et les crises qui caractérisent la cour des derniers Capétiens elle est mariée au futur comte de Flandre Louis de Nevers en 1320. Investie de la délicate mission de réconcilier les lions et les lys elle affronte des débuts calamiteux sur le plan personnel et politique avant que son installation en Flandre et la naissance de l’héritier Louis de Male ne lui confèrent une certaine influence. Si les révoltes flamandes puis le veuvage la conduisent à un retrait apparent elle maintient la Flandre dans l’alliance française en imposant à son fils une série de mariages. Héritant en 1361 des comtés d’Artois et de Bourgogne elle devient une figure essentielle du jeu politique redressant une situation d’abord périlleuse et rassemblant autour d’elle un nouveau parti bourguignon. Cette vie de princesse est marquée par une intense circulation s’appuyant sur un vaste réseau de résidences et s’accompagne des raffinements d’un mode de vie princier qui éclaire sur une culture matérielle mêlant usages français septentrionaux et bourguignons. Du mécénat aux pratiques dévotionnelles s’élabore l’identité complexe d’une fille de roi de France marquée par Mahaut d’Artois jouant des images traditionnelles d’un pouvoir féminin pacificateur tout en recourant à la force. À ce titre elle peut être considérée comme une marraine de l’État bourguignon.
Le comté de Bourgogne d’Eudes IV à Philippe de Rouvres (1330-1361)
En 1330 le duc de Bourgogne Eudes IV prend en main le gouvernement du comté de Bourgogne dont vient d’hériter son épouse. Comme après lui son petit-fils Philippe de Rouvres il se retrouve alors à la tête d’une principauté incluant l’Artois et les duché et comté de Bourgogne. Quelles sont les retombées de cette situation inédite en Franche-Comté? C’est ce que se propose d’étudier l’ouvrage. Cet intermède de 31 ans a contribué à poser les bases du futur État bourguignon des ducs Valois par des réformes d’envergure. Cela n’a pas été sans difficultés et inachèvements de toute sorte. Ils tiennent autant à la conjoncture problématique des débuts de la guerre de Cent ans qu’à la puissance remarquable de la haute noblesse comtoise menacée par la politique d’affirmation souveraine du duc-comte. Mais celle-ci ne peut paradoxalement être menée qu’avec le soutien de l’aristocratie: des grands que les princes ont finalement choisi d’associer au pouvoir après de tumultueux épisodes de conflit armé; de la petite et moyenne noblesse peu à peu ralliée à un système de gouvernement dont elle tire de multiples avantages. On trouve là des caractéristiques propres aux États princiers de la fin du Moyen Âge. Il se dégage cependant une forte singularité de la Franche-Comté en ce deuxième tiers du xiv e siècle. Elle s’illustre par les possibilités économiques liées à l’industrie du sel et les vicissitudes de la progressive intégration dans un vaste espace bourguignon.
Noblesses transrégionales
Les Croÿ et les frontières pendant les guerres de religion (France, Lorraine et Pays-Bas, xvi e et xvii e siècle)
Le caractère pan-européen des guerres de religion suscite des questions sur l’incidence des frontières et le rôle des acteurs qui les franchissent ou les transgressent. Cet ouvrage retrace les parcours transrégionaux et confessionnels des Croÿ une puissante maison nobiliaire établie de part et d’autre des frontières séparant la France et les Pays-Bas habsbourgeois à travers la reconstitution des engagements politiques et religieux de ses membres (Porcien Aarschot Chimay Havré et leurs épouses ou mères Amboise Lorraine Clèves Brimeu Dommartin).
Ce volume montre comment ces noblesses transrégionales bâtissent leur influence à l’ombre des rivalités internationales entre rois de France et d’Espagne empereurs et ducs de Lorraine et du choix de la religion au temps des Réformes; comment elles assemblent stratégiquement leurs domaines patronnent une clientèle locale et se font reconnaître comme souverains de micro-principautés; et comment elles mobilisent ce capital politique en rivalisant avec d’autres lignages catholiques (Guise Clèves) ou protestants (Condé Bouillon) en désobéissant à leur prince ou en négociant leur réconciliation avec lui.
Ont contribué à ce volume Anne Mieke Backer Aurélien Behr Olivia Carpi Nette Claeys Gustaaf Janssens Alain Joblin Odile Jurbert Tomaso Pascucci Sanne Maekelberg Pieter Martens Jonathan Spangler et Sylvia van Zanen.
Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy
Figure, principat et postérité d’une duchesse tardo-médiévale/‘Persona’, Reign, and Legacy of a Late Medieval Duchess
Mary of Burgundy (r. 1477-1482) occupies an important place in the history of late medieval and Early Modern Europe yet her life and principate have received relatively little scholarly attention. They are however key to the history both of the Low Countries and of Europe since her marriage to Maximilian of Austria united the Habsburgs with the Valois-Burgundy dynasty giving them vast territories on the borders of France. In this book some of the best specialists in the field contribute to a better understanding of Mary’s principate its features and its long-term perception. In the first part the authors address the issue of Mary’s contested legitimacy as a late-medieval female ruler: law literature visual art and theatrical representations are examined as means of communication strengthening or weakening her authority. In the second part the authors examine some of Mary’s governmental tools and the agents behind them. Finally the last part questions the ways in which Mary’s power and her principate have been represented and reinterpreted in subsequent eras often with political or social intent beginning with Maximilian’s long regency and reign immediately after her death right up to modern-day Belgium.
Écrire le voyage au temps des ducs de Bourgogne
Actes du colloque international organisé à l’Université Littoral Côte d’Opale, Dunkerque
Issu des rencontres internationales qui se sont tenues à l’Université Littoral - Côte d’Opale (Dunkerque) les 19 et 20 octobre 2017 le présent ouvrage vise à mieux appréhender le rôle prépondérant joué par les États bourguignons dans l’essor de l’écriture du voyage. Il s’attache en particulier au genre du récit de voyage qui dans les villes des Pays-Bas comme à la cour des ducs gagna bien vite la faveur des élites bourguignonnes : pèlerins diplomates soldats ou marchands les voyageurs écrivains apportent pour beaucoup une contribution originale à ce mode spécifique de narration. Ce recueil d’études a par ailleurs pour objectif de mettre en lumière les liens subtils que ce genre littéraire entretient tout à la fois avec la littérature romanesque et la production historiographique qui s’épanouissent alors en terre bourguignonne et réservent une place non négligeable à l’écriture du voyage imaginaire ou réel.
Visualizing Justice in Burgundian Prose Romance
Text and Image in Manuscripts of the Wavrin Master (1450s–1460s)
This is the first monograph devoted to manuscripts illuminated by the mid-fifteenth-century artist known as the Wavrin Master so-called after his chief patron Jean de Wavrin chronicler and councillor at the court of Philip the Good of Burgundy. Specializing in the production of pseudo-historical prose romances featuring the putative ancestors of actual Burgundian families the artist was an attentive interpreter of these texts which were designed to commemorate the chivalric feats of past heroes and to foster their emulation by noble readers of the day. Integral to these heroes’ deeds is the notion of justice their worth being measured by their ability to remedy criminal acts such as adultery murder rape and usurpation. In a corpus of 10 paper manuscripts containing the texts of 15 romances and over 650 watercolour miniatures the stylized expressive images of the Wavrin Master bring out with particular clarity the lessons in justice which these works offered their contemporary audience many of whom from the Burgundian dukes downwards would have been responsible for upholding the law in their territories. Chapters are devoted to issues such as the nature of just war and how it is linked to good rulership; what forms of legal redress the heroines of these tales are able to obtain with or without the help of a male champion; and what responses are available in law to a spouse betrayed by an adulterous partner. The book will be of interest to scholars of medieval art literature legal and cultural history and gender studies.
La guerre, le prince et ses sujets
Les finances des Pays-Bas bourguignons sous les règnes de Marie de Bourgogne et Maximilien d’Autriche (1477-1493)
En 1477 l’onde de choc née de la défaite et de la mort de Charles le Téméraire se propagea à l’ensemble des possessions bourguignonnes. Face à Louis XI Marie de Bourgogne et Maximilien d’Autriche durent d’abord défendre l’intégrité territoriale de leur « grand héritage » amputé d’emblée de la plus grande partie des fiefs français. Retranchés aux Pays-Bas ils furent confrontés aux revendications des villes de Flandre et de Brabant porteuses d’un projet politique fondé sur l’autonomie des communautés et sur une stricte limitation des prérogatives du prince. La fiscalité et les finances furent au cœur de ce conflit dont elles ont été à la fois l’une des principales causes et l’enjeu primordial. Elles firent l’objet d’âpres débats dans les assemblées représentatives et aux États généraux. Qui du prince ou de ses sujets aurait le contrôle de la levée des impôts et de leur emploi ? Quel système militaire adopter qui fût à la fois efficace le moins coûteux possible dans un contexte économique marqué par le haut niveau des salaires et conforme aux idéaux politiques des acteurs en présence ? Les sources financières et comptables très abondantes permettent de saisir la réalité des enjeux politiques et ce qu’était le pouvoir d’achat de l’impôt. À ce titre la présente étude entend apporter un éclairage nouveau sur la nature et les limites de l’État princier en Occident à l’aube de la Renaissance.
The Power of Textiles
Tapestries of the Burgundian Dominions (1363–1477)
Textiles were used as markers of distinction throughout the Middle Ages and their production was of great economic importance to emerging and established polities. This book explores tapestry in one of the greatest textile producing regions the Burgundian Dominions c. 1363-1477. It uses documentary evidence to reconstruct and analyse the production manufacture and use of tapestry. It begins by identifying the suppliers of tapestry to the dukes of Burgundy and their ability to spin webs between city and court. It proceeds by considering the forms of tapestry and their functions for urban and courtly consumers. It then observes the ways in which tapestry constructed social relations as part of gift-giving strategies. It concludes by exploring what the re-use repair and remaking of tapestry reveals about its value to urban and courtly consumers. By taking an object-centred approach through documentary sources this book emphasises that the particular characteristics of tapestry shaped the strategies of those who supplied it and the ways it performed and constructed social relations. Thus the book offers a contribution to the historical understanding of textiles as objects that contributed to the projection of social status and the cultural construction of political authority in the Burgundian polity.
La noblesse au service du prince
Les Saveuse : un hostel noble de Picardie au temps de l’État bourguignon (v. 1380-v. 1490)
L’encadrement de l’État bourguignon était fortement aristocratique. Les ducs de Bourgogne de la Maison de Valois ont largement recruté leurs conseillers leurs capitaines et l’élite de leur entourage et de leur hôtel au sein de la noblesse des pays sur lesquels ils exerçaient leur autorité ou leur influence. Ce fut en particulier le cas en Picardie région stratégique centrée autour de la ville d’Amiens. Dans ce secteur toutefois l’influence bourguignonne était loin d’être exclusive : l’autorité royale s’y exerça directement jusqu’en 1435 puis entre 1463 et 1465 et enfin à partir du début des années 1470 ; par ailleurs les rivalités princières s’y firent puissamment sentir dans la période comprise entre 1400 et 1435. Cette situation eut un fort impact sur les destinées de la noblesse picarde. L’exemple des Saveuse famille de vieille noblesse de l’Amiénois possessionnée en Picardie et en Artois illustre bien ce phénomène. Les représentants de cet hostel noble très impliqués dans le conflit franco-anglais furent contraints d’opérer des choix dans un contexte marqué par la guerre civile d’abord par l’hostilité entre le roi de France et le duc de Bourgogne ensuite. Il leur fallut concilier des fidélités contraires maintenir et consolider leur position politique sauvegarder leurs intérêts sociaux et économiques. L’étude de ce groupe familial qu’il est possible de suivre sur cinq générations entre les années 1350 et les années 1490 est conçue comme une contribution à l’histoire des relations de la noblesse avec la Maison de Bourgogne.
Pour la singuliere affection qu’avons a luy. Études bourguignonnes offertes à Jean-Marie Cauchies
Membre de la Classe des Lettres et des Sciences morales et politiques de l’Académie royale de Belgique et de la Commission royale d’Histoire de Belgique Docteur honoris causa des Universités Jean Moulin Lyon 3 et de Haute-Alsace à Mulhouse Professeur des Universités Saint-Louis de Bruxelles et catholique de Louvain Secrétaire général du Centre européen d’Études bourguignonnes Jean-Marie Cauchies a connu un parcours académique et une carrière universitaire prestigieux et exemplaires. À l’heure où il quitte sa charge d’enseignement pour une retraite sereine mais sans doute aussi très studieuse ses collègues et amis ont souhaité lui offrir un ensemble d’études relevant d’une matière à laquelle le jubilaire a consacré une part majeure de sa production scientifique - avec les trois volumes d’Ordonnances de Jean sans Peur et de Philippe le Bon générales et destinées au Hainaut parus à ce jour (Commission royale pour la publication des Anciennes Lois et Ordonnances de Belgique) et sa biographie de Philippe le Beau (Brepols Coll. Burgundica) - en l’occurrence l’histoire des pays bourguignons des ducs de la Maison de Valois puis de leurs successeurs Habsbourg. Si elles ne peuvent rendre compte de l’extrême diversité des thèmes auxquels Jean-Marie Cauchies aura consacré ses travaux bourguignons lesquels relèvent aussi souvent de façon fatalement imbriquée des histoires du Hainaut et du droit auxquels d’autres recueils d’hommage sont consacrés ailleurs elles se veulent l’expression à son égard d’une admiration fondée et d’un riche esprit de convivialité scientifique et humaine.
Toison d'or et sa plume, la "chronique" de Jean Lefèvre de Saint-Rémy (1408-1436)
Jean Lefèvre de Saint-Rémy (1396-1468) fut poursuivant d’armes dans les rangs anglais à la bataille d’Azincourt héraut Charolais puis roi d’armes de l’ordre de la Toison d’or fondé par Philippe le Bon en 1430. L’œuvre historiographique qu’il rédige à la fin de sa vie s’inspire de la prestigieuse chronique d’Enguerrand de Monstrelet et mêle souvenirs personnels et interpolations de sources diverses brossant un tableau voulu idéal de la cour de Bourgogne entre 1408 et 1436 et particulièrement du principat de Philippe le Bon maître auquel ce serviteur doit tout. Les particularités de son récit posent le problème du héraut d’armes écrivant l’histoire phénomène exceptionnel qui fut favorisé par l’émulation existante à la cour des ducs de Bourgogne reconnue comme l’un des foyers les plus prolifiques en la matière au XV e siècle.
Gestion et administration d’une principauté à la fin du Moyen Âge
Le comté de Bourgogne sous Jean sans Peur (1404-1419)
Jean sans Peur qui succède à son père Philippe le Hardi à la tête du duché de Bourgogne en 1404 dut attendre la mort de sa mère Marguerite pour hériter du comté en 1405. L’historiographie l’a longtemps montré comme détaché de son petit territoire comtois en raison de sa forte implication dans la politique du royaume de France voisin et de son plus grand attachement au duché. Si la gestion de l’ordinaire requérait peu son attention elle permettait des rentrées d’argent que le duc-comte ne dédaignait pas. Ses interventions démontrent parfois une volonté d’améliorer la gestion la majorité prouvant surtout son désir d’accroitre ce qu’il en retirait. Jean sans Peur n’a pas négligé son comté malgré sa faible importance au cœur de l’ensemble bourguignon. Graphiques et tableaux systématiquement employés pour appuyer la démonstration livrent des approches chiffrées du rapport de ce domaine bourguignon mettant en lumière la gestion et l’administration d’un domaine princier en cette fin de Moyen Âge.
Jean Molinet et son temps
Actes des rencontres internationales de Dunkerque, Lille et Gand (8-10 novembre 2007)
Représentant majeur de la littérature bourguignonne poète et chroniqueur proche des milieux artistiques et notamment musicaux de son époque Jean Molinet (1435-1507) apparaît comme un auteur fédérateur des études portant sur l’histoire politique et littéraire au tournant des XVe et XVIe siècles. Organisé du 8 au 10 novembre 2007 à l’occasion du cinquième centenaire de la mort de l’écrivain le colloque dont les actes paraissent aujourd’hui a été le fruit d’une collaboration régionale et transfrontalière entre l’Université de Gand l’Université Charles-de-Gaulle - Lille 3 et l’Université du Littoral - Côte d’Opale (Dunkerque). Par le croisement des disciplines et des approches il a contribué de manière décisive à mettre en lumière toute la richesse de cette œuvre foisonnante et sa situation au croisement des espaces et des cultures reflet de la réalité complexe des principautés bourguignonnes à l’époque où le Moyen Âge s’apprête à épouser la Renaissance.
Jean Devaux est professeur à l’Université du Littoral - Côte d’Opale (Dunkerque et Boulogne-sur-Mer HLLI) où il enseigne la langue et la littérature françaises du Moyen Âge. Spécialiste de littérature bourguignonne il s’intéresse plus particulièrement à l’historiographie du Bas Moyen Âge français.
Estelle Doudet est maître de conférences en littérature médiévale à l’Université de Lille Nord de France (UDL3- IRHiS). Elle est spécialiste des Grands Rhétoriqueurs et travaille actuellement sur les moralités politiques de la fin du Moyen Âge et de la première modernité.
Élodie Lecuppre-Desjardin est maître de conférences à l’Université de Lille Nord de France (UDL3- IRHiS). Spécialiste d’histoire urbaine et des Pays-Bas bourguignons elle y enseigne l’histoire médiévale.
Ambassades et ambassadeurs de Philippe le Bon, troisième duc Valois de Bourgogne (1419-1467)
De 1419 à 1467 l’Etat bourguignon connut une expansion sans précédent en partie servie par la politique diplomatique du duc de Bourgogne. Acteur central du mémorable congrès d’Arras de 1435 Philippe le Bon se posa en arbitre de l’Europe grâce à ses alliances successives avec l’Angleterre et la France mais aussi aux liens tissés dans toute la chrétienté.
L’enjeu de cette recherche grâce à l’étude des moyens conceptuels humains et matériels mobilisés par la diplomatie bourguignonne est de resituer la place de la diplomatie dans la politique globale de Philippe le Bon.
L’étude des quelque 1412 ambassades et 621 ambassadeurs dépêchés par le duc durant son règne la mise à jour de tactiques de négociation de stratégies d’expertise ainsi que la puissance financière mobilisée permettent d’éclairer un modèle de diplomatie ambitieuse à l’heure où l’ambassadeur n’était encore qu’un « artisan de paix » où les ambassades permanentes n’existaient guère et où les concepts et le droit des gens étaient encore en pleine fixation.
Anne-Brigitte Spitzbarth est normalienne agrégée et docteur en histoire de l’Université Lille 3 où elle a enseigné l’histoire médiévale. Elle est membre du CRHEN-O et d’IRENE. Ses recherches portent sur la diplomatie et la négociation.
La Chambre des comptes de Lille de 1386 à 1419
Essor, organisation et fonctionnement d’une institution princière
La fondation d’une Chambre des comptes à Lille par Philippe le Hardi en 1386 fut l’un des outils principaux d’intégration des Pays-Bas méridionaux à l’Etat bourguignon naissant. Dans le cadre d’un Etat princier bipolaire largement tourné vers le royaume l’institution s’inspira des usages flamands artésiens et monarchiques et s’inséra dans un réseau de Chambres regroupant Paris Dijon Lille et bientôt Bruxelles. Tout en contrôlant plus de 200 comptes elle traitait une information puisée dans son réseau de correspondants et ses archives parvenant à élargir son périmètre d’intervention jusqu’au contrôle des comptes des officiers centraux des finances ducales. La Chambre sut également établir son autorité sur le domaine et les monnaies et gagna le statut de cour de justice reconnue par le Parlement. Gardienne de l’autorité des ducs elle ne cessa de rappeler le droit tout en exaltant la puissance de la grâce princière même si elle ne put cependant jamais s’assurer le contrôle réel de l’administration financière.
Jean-Baptiste Santamaria est un ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure LSH agrégé d’histoire docteur en histoire médiévale. Il enseigne en lycée classe préparatoire et à l’université Lille-III.
Le mécénat bibliophilique de Jean sans Peur et de Marguerite de Bavière (1404-1424)
C’est dans la France des XIVe et XVe siècles en particulier chez les Valois que le mécénat princier connut son âge d’or. Jean de Berry frère du roi Charles V fut certainement un de ceux qui illustra ce phénomène avec le plus de faste. L’historiographie brossa en revanche un tout autre portrait de son neveu Jean sans Peur le réduisant à un fin politique parfois manipulateur loin du prince cultivé amateur d’art. Et pourtant nous devons au mécénat du duc de Bourgogne quelques unes des plus belles réalisations artistiques de l’époque à l’image du Livre des merveilles du monde qu’il fit réaliser pour offrir à Jean de Berry. La qualité des sources conservées a permis de reconstituer les collections de manuscrits en possession de Jean sans Peur et de Marguerite de Bavière son épouse donnant ainsi la mesure de la qualité de leur mécénat artistique jusqu’alors méconnu. Delphine Jeannot est docteure en Histoire de l’art de l’Université de Lille 3. Ses recherches pluridisciplinaires portent sur le mécénat princier et féminin au XVe siècle à la Cour de Bourgogne.
De Gavre à Nancy (1453-1477)
L’artillerie bourguignonne sur la voie de la « modernité »
Dans la veine de la « nouvelle histoire militaire » cette étude consacrée à l’artillerie « bourguignonne » de la guerre menée par Philippe le Bon contre les Gantois (1451-1453) à la mort de Charles le Hardi devant Nancy (5 janvier 1477) vise à cerner l’organisation d’un instrument militaire alors en plein essor engendrant d’importantes dépenses - relevant également des domaines du génie et de la logistique - qu’une administration compétente devait encadrer au mieux. Au centre de l’objectif se trouve un personnel sans cesse croissant d’artisans-soldats dont la professionnalisation et la spécialisation reflètent les changements technologiques auxquels l’artillerie fut alors soumise sous l’impulsion des politiques des ducs de Bourgogne et en particulier de Charles le Hardi prince désirant disposer d’une artillerie puissante efficace et à la pointe du progrès pour réaliser ses ambitions.
Michael Depreter aspirant du F.R.S.-FNRS étudie actuellement à l’Université libre de Bruxelles l’impact des relations entre l’artillerie ses artisans et les pouvoirs sur la construction de « l’Etat moderne ».