France (c. 1501-1800)
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Chanter par le Si en France au xvii e siècle
Pionniers et prémisses du solfège moderne
En 1666 la « Methode facile pour apprendre à chanter la musique » (Paris Ballard) est le premier ouvrage imprimé en France à recommander l'utilisation du Si. Cette septième syllabe de solmisation permet de s’affranchir du solfège ancien des hexacordes et des muances. La gamme du Si ou gamme française s'impose comme une nouvelle norme parallèlement à une actualisation du discours sur les échelles musicales prélude à l’énonciation des principes de la tonalité.
Pourtant depuis la fin du XVIe siècle des solmisations heptacordales essaiment ailleurs de l’Italie au Danemark. La France semble à rebours du reste de l’Europe : elle tarde à réagir à ce nouveau modèle et s’avère finalement être le seul pays où le Si est intégré durablement. Quel fut le cheminement de ces idées et pratiques ? Que disent-elles des représentations de l’espace sonore qui coexistent et s’anamorphosent au XVIIe siècle isthme entre Humanisme et Lumières ? Ces questions serpentent dans la littérature depuis que Brossard Montéclair ou Rousseau s’en sont emparés.
L’étude de sources essentiellement manuscrites permet aujourd’hui de préciser les jalons de cette histoire en France de mettre en lumière des pionniers autant que des détracteurs du Si. Leurs témoignages sont issus de l'entourage scientifique de Mersenne des sphères huguenotes et mauristes des chapelles musicales parisiennes et finalement des méthodes destinées aux amateurs. C’est en questionnant ces pionniers leurs écrits et les contextes dans lesquels ils ont évolué que ce pan de l’histoire du solfège est ici mis en perspective et d’une certaine manière humanisé.
Musiques et musiciens des fêtes urbaines et villageoises en France (XIVe – XVIIIe siècle)
Si les premières traces de ritualisation musicale (noces banquets…) remontent au début du xiii e siècle avec les jongleurs ce n’est vraiment qu’à partir du siècle suivant que les ménétriers ou joueurs d’instruments sont chargés de la représentation des pouvoirs et de l’animation de la vie sociale dans sa totalité (fêtes politiques et religieuses de métiers calendaires votives familiales etc.) et qu’ils se regroupent en confréries ou corporations.
S’appuyant sur son « terrain » toulousain premier ainsi que sur le dépouillement systématique de deux siècles de littérature sur les ménétriers des provinces françaises et sur la collaboration de certains chercheurs en régions l’auteur propose une nouvelle réflexion d’ampleur sur le personnage historique du ménétrier (plus de trois mille musiciens recensés) son genre son statut social (poids de la marginalité musicienne des aveugles mendiants concurrence des musiciens occasionnels comme les maîtres d’école) sa fonction sa pratique et ses formes d’organisation.
Cette étude d’anthropologie musicale historique est doublée d’une approche territoriale cette géographie ménétrière étant abordée au niveau des provinces des villes (notamment des quarante ayant abrité des corporations et confréries ménétrières) des villages et de l’organisation administrative de ce vaste espace de la Ménestrandise (royauté et lieutenances ménétrières). Par ailleurs cette histoire sensible de l’art des ménétriers est aussi celle de leur rapport aux musiques dites « savantes » d’église aux cultures musicales autres comme celle des Bohémiens.
À l’aide de nombreuses archives de tableaux cartes documents iconographiques cet ouvrage dépeint la grande fresque d’une musique historique encore méconnue malgré sa longévité et sa centralité sociale et sociétale celle des ménestrels et joueurs d’instruments.
Être bénédictin sous l’Ancien Régime
La congrégation de Saint-Maur (1618-1790)
La congrégation bénédictine de Saint-Maur est l’ultime réforme bénédictine en France sous l’Ancien Régime. Elle toucha cent quatre-vingt-dix monastères d’héritage médiéval qui furent pour la plupart reconstruits. Entre réforme catholique et Lumières les mauristes firent de l’érudition historique et patristique un domaine de prédilection et d’expression à la fois intellectuelle et religieuse qui marqua profondément la reconstruction monastique du XIXe siècle.
Civilités et incivilités urbaines
Urbanité, rituels et cérémonies dans la ville du xvii e siècle
Les notions d’urbanité de politesse et de savoir-vivre connaissent depuis une dizaine d’années un intérêt renouvelé à la fois dans leurs dimensions politique sociale et culturelle.
Cet ouvrage souhaite envisager le milieu urbain en tant qu’espace de civilité en croisant les regards des historiens et des spécialistes de la littérature de l’âge classique. Il s’agit aussi d’examiner les cérémonies et rituels du XVIIe siècle comme un ensemble de réseaux de pratiques codifiées dans lequel interagissent notamment des usages collectifs et des préséances individuelles. Ces usages organisent l’espace urbain comme l’espace curial en se déployant en leur sein. La confrontation des archives et des documents littéraires mais aussi des outils et des méthodologies utilisés par ces différents champs disciplinaires permet d’étudier à nouveaux frais les relations entre des concepts trop rapidement perçus comme antonymiques : l’incivilité n’est jamais le contraire de la civilité et il n’existe pas de civilisation ni de société civilisée qui puisse se revendiquer comme statique ou achevée. En revenant dans le sillage des travaux de Norbert Elias aux origines de la civilité moderne envisagée à l’échelle européenne cet ouvrage entreprend d’examiner ce processus non pas de manière linéaire et téléologique mais dans la complexité de ses évolutions et mutations afin de mieux contextualiser les débats contemporains autour de l’incivilité.
Noblesses transrégionales
Les Croÿ et les frontières pendant les guerres de religion (France, Lorraine et Pays-Bas, xvi e et xvii e siècle)
Le caractère pan-européen des guerres de religion suscite des questions sur l’incidence des frontières et le rôle des acteurs qui les franchissent ou les transgressent. Cet ouvrage retrace les parcours transrégionaux et confessionnels des Croÿ une puissante maison nobiliaire établie de part et d’autre des frontières séparant la France et les Pays-Bas habsbourgeois à travers la reconstitution des engagements politiques et religieux de ses membres (Porcien Aarschot Chimay Havré et leurs épouses ou mères Amboise Lorraine Clèves Brimeu Dommartin).
Ce volume montre comment ces noblesses transrégionales bâtissent leur influence à l’ombre des rivalités internationales entre rois de France et d’Espagne empereurs et ducs de Lorraine et du choix de la religion au temps des Réformes; comment elles assemblent stratégiquement leurs domaines patronnent une clientèle locale et se font reconnaître comme souverains de micro-principautés; et comment elles mobilisent ce capital politique en rivalisant avec d’autres lignages catholiques (Guise Clèves) ou protestants (Condé Bouillon) en désobéissant à leur prince ou en négociant leur réconciliation avec lui.
Ont contribué à ce volume Anne Mieke Backer Aurélien Behr Olivia Carpi Nette Claeys Gustaaf Janssens Alain Joblin Odile Jurbert Tomaso Pascucci Sanne Maekelberg Pieter Martens Jonathan Spangler et Sylvia van Zanen.
Un âge d’or des chapitres nobles de chanoinesses en Europe au xviii e siècle
Le cas de la Franche-Comté
S’il est difficile d’ignorer les chapitres nobles lorsqu’on aborde l’histoire des noblesses européennes au xviii e siècle notamment dans les rapports qu’elles entretenaient avec l’Église ces instituts restent toutefois peu étudiés. Plus marqué que pour les chapitres nobles masculins le dynamisme de ceux de femmes intrigue. Le cas des chapitres nobles de chanoinesses de Franche-Comté demeurés réguliers en un siècle qui ne passe pas pour avoir été favorable à l’Église régulière comme le confirme la sécularisation d’un certain nombre de ces compagnies est très éclairant sur les raisons de leur faveur. Celle-ci ne réside pas dans cette fonction d’asile et de secours matériel à destination d’une ancienne noblesse paupérisée que décrivaient leurs contemporains mais dans leurs réponses précoces aux attentes de reconnaissance d’un groupe social convaincu de son déclin ainsi que dans leur aptitude à contenter une spiritualité en phase avec celle des Lumières et adaptable à la personnalité de chaque dame noble. L’effort accompli par les chapitres de chanoinesses à l’apogée de la Réforme post-tridentine pour conserver et développer leur spécificité en dépit de l’hostilité du clergé nous conduit par ailleurs à relativiser le concept de « Dorsale catholique » toujours très débattu chez les historiens la plupart de ces établissements étant pourtant implantés dans ce front de catholicité identifié par René Taveneaux reliant les anciens Pays-Bas à l’Italie du Nord.
Dismantling the Medieval
Early Modern Perceptions of a Female Convent’s Past
Dismantling the Medieval studies the paradoxical relationship of the early modern canonesses of Bouxières abbey with the medieval past of their institution. While various documentary material spatial and immaterial legacies of that past remained a crucial presence in the convent’s narrative of self the canonesses also used and manipulated them to pursue and justify drastic changes in their organization and lifestyle. Thanks to an unusually rich and varied body of evidence we are able to reconstruct in unprecedented detail this elite convent’s highly fl exible memory culture over a period of more than two centuries. Guiding the reader back through time the book gradually reveals how and why the canonesses’ connection to the medieval past lived on throughout many crises and transformations including even the abbey’s dissolution in .
The Wedding of Charles I and Henrietta Maria, 1625
Celebrations and Controversy
On 11 May 1625 Charles I married Henrietta Maria the youngest sister of Louis XIII of France. The match signalled Britain’s firm alignment with France against Habsburg Spain and promised well for future relations between the two countries. However the union between a Protestant king and a Catholic princess was controversial from the start and the marriage celebrations were fraught with tensions. They were further disrupted by the sudden death of James I and an outbreak of the plague which prevented large-scale public celebrations in London. The British weather also played its part. In fact unlike other state occasions the celebrations exposed weaknesses in the display of royal grandeur and national superiority. To a large extent they also failed to hide the tensions in the Stuart-Bourbon alliance. Instead they revealed the conflicting expectations of the two countries each convinced of its own superiority and intent on furthering its own national interests. Less than two years later Britain was effectively in a state of war against France.
In this volume leading scholars from a variety of disciplines explore for the first time the marriage celebrations of 1625 with a view to uncovering the differences and misunderstandings beneath the outward celebration of union and concord. By taking into account the ceremonial political religious and international dimensions of the event the collection paints a rounded portrait of a union that would become personally successful but complicated by the various tensions played out in the marriage celebrations and discussed here.
Contributors: R. Malcolm Smuts Lucinda H. S. Dean J. R. (Ronnie) Mulryne Karen Britland Marie-Claude Canova-Green Erin Griffey Margaret Shewring Sara J. Wolfson Sara Trevisan Kevin Laam Sydney Anglo Margaret M. McGowan John Peacock Gordon Higgott Ella Hawkins .
Le Métier du maître de musique d’Église (xvii e-xviii e siècles)
Activités, sociologie, carrières
Loin d’un désert musical la France de l’époque moderne est riche de musique dans ses villes grandes et moyennes. Les institutions ecclésiastiques cathédrales collégiales voire petites églises la Chapelle royale aussi financent chanteurs et instrumentistes mais aussi une maîtrise école destinée à former de futurs artistes musiciens sous la direction d’un maître de musique. C’est à ce personnage à ses différentes fonctions qu’est dédié ce livre. À la fois pédagogue compositeur chanteur et/ou instrumentiste théoricien il est chargé de tout ce qui concerne la bonne exécution de la musique durant les offices conduisant le chœur d’enfants les chantres du bas chœur les instrumentistes (ceux de l’église de la ville ou ceux de passage). Il participe à la rédaction des livres de plain chant compose copie messes et motets polyphoniques rend des comptes au chapitre dont il dépend. Certains maîtres sont sollicités hors l‘institution pour des concerts de musique sacrée ou profane parfois même au théâtre plus souvent dans les établissements religieux d’alentour. La diversité des carrières étonne certains maîtres demeurant leur vie durant dans une même institution comme Poitevin d’autres optant comme Gantez pour de véritables périples rarement au-delà des frontières toutefois ; d’autres comme Campra préfèrent au lutrin les lumières de la scène de l’opéra ; quelques-uns enfin cherchent à laisser une trace de leur œuvre en publiant messes et motets. Toutefois la spécificité française d’un tel métier ne se comprend que par comparaison avec les réalités des pays voisins tels l’Italie ou les Pays-Bas espagnols.
Epigraphie et sotériologie: l'épitaphier des "Portugais" de Bordeaux (1728-1768)
Visitant Bordeaux au début du xviii e siècle Dom Edmond Martène et Dom Ursin Durand signalent que « les Cordeliers ont seuls le droit d’enterrer les juifs dont on compte environ cent familles dans Bordeaux où ils n’ont point de synagogue ni aucune marque qui les distingue. Ils mettent sur les tombes de leurs morts des épitaphes dans lesquelles ils comptent les années depuis la création du monde ».
Établis à Bordeaux à la suite de Lettres Patentes octroyées par Henri II en 1550 les « Nouveaux Chrétiens » ou « Marchands Portugais » étaient issus de juifs convertis de la péninsule Ibérique. Dissimulant leur identité et leurs observances juives ils inhumèrent leurs morts deux siècles durant dans des terrains dépendant de divers monastères. En 1728 la Nation juive portugaise acquit un cimetière particulier (aujourd’hui situé au 105 cours de la Marne) un espace religieux du xviii e siècle pratiquement inchangé au xxi e siècle.
Ce volume analyse et synthétise le discours gravé sur 255 sépultures en regard des paysages homologues de la diaspora portugaise à Amsterdam Hambourg Londres à Curaçao à La Jamaïque au Suriname. Il dresse l’historique de la Nation portugaise et la problématique du crypto judaïsme ou marranisme ; il parcourt les sites funéraires portugais antérieurs et postérieurs à l’achat du cimetière analyse le programme épigraphique et son décor en fonction des temps des espaces des langues des individus eux-mêmes de la Nation des confréries ; il traite du discours du judaïsme dans l’Europe des Lumières sous l’angle du salut des vivants et des défunts de la vision de l’au-delà. Il fonde enfin l’ensemble du corpus d’épitaphes dans leurs composantes espagnole hébraïque et portugaise.