Le Silence à la Renaissance
Abstract
Le doigt sur la bouche, Harpocrate, l’enfant-dieu égyptien, ordonne aux hommes de la Renaissance de se taire. On parle donc beaucoup de silence à l’aube de la modernité. Car la rhétorique des humanistes et ses jeux donne des arguments au scepticisme et la cohérence du monde en est ébranlée. Pantagruel convoque le muet Nazdecabre contre « les amphibologies, équivocques et obscuritéz des mots », et Cordelia et Hamlet se taisent pour toujours pour dire l’amour et la mort. Dans ce monde où la Réforme a désacralisé les cloîtres, le silence se réfugie dans le mystère des temples antiques qui renaissent pour sauver le sacré des souillures des guerres de religion. Mais le silence est ambivalent comme le langage qu’il tente de combattre et peut signifier aussi bien lâcheté, surdité ou censure que vérité indicible. Alors c’est dans la poésie muette de la peinture que l’on peut encore en savourer le mystère.