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Depuis une quarantaine d’années, l’histoire sociale des sciences domine en affirmant que l’histoire conceptuelle est obsolète. Cette histoire sociale correspond soit à une approche « socio-pratique » qui délaisse complètement le contenu au profit du seul contexte social, soit à une approche « socioréductionniste » qui entend expliquer le contenu scientifique par les enjeux de société ou de pouvoir. Cette seconde approche prétend dépasser le clivage internalisme / externalisme, mais elle le fait au profit exclusif du dernier. Pourtant elle souffre de trois biais fondamentaux : un décentrage abusif par rapport à son objet d’étude, une pétition de principe sur les causes, et une absence de preuve avérée de ses explications. À l’inverse, l’histoire conceptuelle de la science a deux atouts majeurs : la conformité à son objet d’étude (de nature conceptuelle) et la recherche d’un contexte pertinent (avant tout intellectuel, quoique non exclusivement). Deux exemples de la physique médiévale sont analysés : l’émergence de la doctrine de l’impetus pour les projectiles et l’application de la théorie de la multiplication des species à l’explication de l’attraction magnétique. Suit une présentation des contributions au volume qui, malgré leur diversité, accordent tous à la science des fondements réels et une spécificité, et aux auteurs de la science une motivation prioritairement rationnelle vers la recherche de la vérité.
AbstractThe Conceptual History of Science Faces its Contemptors
For the past forty years or so, the social history of science has dominated, claiming that conceptual history is outdated. This social history corresponds either to a “sociopractical” approach that completely abandons content in favor of social context alone, or to a “socio-reductionist” approach that claims to explain scientific content through social or power issues. This second approach claims to overcome the internalism/externalism divide, but it does so to the exclusive benefit of the latter. Yet it suffers from three fundamental biases: an abusive decentering in relation to its object of study, a petition of principle about the causes, and a lack of wellestablished proof for its explanations. Conversely, the conceptual history of science has two major assets: conformity to its object of study (conceptual in nature) and the search for a relevant context (primarily intellectual, though not exclusively). Two examples from medieval physics are analyzed: the emergence of the doctrine of impetus for projectiles, and the application of the theory of multiplication of species to the explanation of magnetic attraction. This is followed by a presentation of the contributions to the volume, which, despite their diversity, all grant science real foundations and specificity, and the authors of science a primarily rational motivation towards the search for truth.