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Quintus Aurelius Simmachus le jeune, membre de la famille des Anicii e beau-père de Boèce, est une des figures les plus illustres de son temps. En tant qu’homme de grande culture, mais aussi de par son rang de caput senatus, il eut un poids considérable au sein de la curie, représentant en outre une sorte de modèle pour l’élite italienne de cette génération. Le présent travail tente de reconstruire le profil culturel et politique du personnage, à travers l’analyse des témoignages de Cassiodore, d’Ennode et de Boèce. Le point de départ est celui de Cassiodore retransmis par l’Anecdoton Holderi, selon lequel Symmaque aurait été, de surcroît, imitator Catonis. Une telle définition, qui (au moins dans ce cas) va au delà de la rhétorique, renferme une série de valeurs clefs de la “Romanité” parmi lesquelles exempla, imitatio, mores, uirtutes, dont on trouve des confirmations précises dans les sources de la période en référence à Symmaque lui-même. À celles-ci s’ajoute la séculaire aspiration sénatoriale à la libertas, celle de l’époque républicaine que Caton d’Utique avait tenté de défendre jusqu’à la fin et qui ensuite, durant le Principat, avait entraîné la mort d’une série d’illustres membres du Sénat, souvent émules du Stoïcisme. C’est précisément dans le sillage de ces derniers que, des siècles plus tard, se placent les morts, successivement, de Boèce, dont le sacrifice est annoncé dans le De consolatione Philosophiae, et, tout de suite après, de Symmaque lui-même. La fin des derniers grands Anicii porta un coup mortel à ce Sénat vieux de mille ans, désormais irrémédiablement déchu et qui, quelques décades plus tard seulement, allait disparaître.