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Cette contribution répond aux récents débats menés sur le rôle des Barbares dans la chute de l’Empire romain. Trois positions fondamentales ont été proposées. Nombre de chercheurs, aux points de vue divers, s’orientent vers le paradigme de la «transformation du monde romain» développé en partie au cours du programme européen du même nom lancé dans les années 1990. En reconnaissant la nature dramatique des événements, ils tentent de trouver l’élément décisif dans le long processus d’intégration des Barbares dans l’armée romaine comme, plus tard, de forces autonomes dans les provinces romaines. Une deuxième position «hyper-romaniste», défendue surtout par Walter Goffart, nie le rôle des Barbares et, surtout, de leurs identités ethniques dans la chute de Rome. La troisième position en revanche, plutôt néo-germaniste (ou peut-être «barbariste»), revient à un paradigme catastrophiste. Les deux contributions les plus intéressantes dans ce champ sont celles de Peter Heather et de Bryan Ward-Perkins qui, dans une polémique ouverte à l’encontre de toute idée de transformation, soutiennent que la chute de Rome a été provoquée par les victoires barbares, conduisant à la «fin de la civilisation» ancienne. L’auteur de cet article défend le paradigme transformiste. Il n’est pas possible de nier le drame des événements politiques et militaires; leur conséquence ne suffit pas toutefois à expliquer un processus de plusieurs siècles au cours duquel le monde ancien fut entièrement transformé et ce de façon assez différente entre l’Occident latin, Byzance, l’Europe slave et le monde islamique.