Full text loading...
Le procès-verbal d’inspection consigné dans le papyrus Abbott, sous le règne de Ramsès IX, par une commission chargée d’enquêter sur des allégations de pillages dans la nécropole thébaine constitue un cas d’école égyptologique. Il contient en effet un exemple rare de description topographique que la concordance d’observations dans le texte et sur le terrain permet de rattacher précisément à des faits identifiables dans le paysage égyptien moderne. Cet article analyse une vingtaine d’interprétations du passage clef qui caractérisait la sépulture d’Amenhotep Ier. De 1859 à 2022, les auteurs ont parfois cédé à la tentation de validations circulaires en combinant les informations philologiques et archéologiques pour tenter de localiser la tombe du roi oraculaire – un exercice qui finit par prendre la tournure d’une énigme insoluble. En examinant comment les professionnels égyptiens des époques ramesside et ptolémaïque décrivaient normalement les hypogées, l’enquête aboutit à une nouvelle solution simple, appuyée sur le fonctionnement régulier de la syntaxe égyptienne et sur l’identification d’un lexique tout à fait courant. Une fois surmonté l’obstacle philologique ancien, l’étude conclut que la configuration et la dimension énoncées dans le papyrus Abbott correspondent exactement au long axe de la Tombe Thébaine 320, où la momie d’Amenhotep Ier fut d’ailleurs découverte parmi les nombreuses inhumations secondaires de la so-called « cachette royale ». Il est par conséquent nécessaire de revoir une série d’hypothèses archéologiques construites précédemment pour interpréter des monuments importants à Dra Abou el-Naga (tombes AN B, K93.11), à Deir el-Bahari et en amont de la Vallée des rois (KV 39).