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f Le dépassement des genres chez les Cappadociens et chez Grégoire de Nazianze en particulier. À propos de la Métaphysique des sexes de Sylviane Agacinski
- Brepols
- Publication: Revue d'Etudes Augustiniennes et Patristiques, Volume 55, Issue 1, Jan 2009, p. 113 - 139
Abstract
Dans sa Métaphysique des sexes (2005), S. Agacinsky traque l’androcentrisme dans tous les aspects doctrinaux de la littérature patristique des cinq premiers siècles. Elle l’y débusque sous trois formes principales : une masculinité divine « métasexuelle » ; une masculinité physique et spirituelle présexuelle dans l’« image » de Dieu que l’altérité féminine compromet ; un idéal éthique de virilité spirituelle qui s’accomplit dans l’état eschatologique - asexué ou asexuel. Quant à l’universalisme paulinien de Ga 3, 28, il ne remet pas en cause la hiérarchie des sexes ici-bas, spirituellement indifférente. Seul Ambroise de Milan aurait fait exception à cet androcentrisme massif. Cet article, une étude du dépassement des genres chez les Pères cappadociens, conteste cette vision. Il s’intéresse tout particulièrement à Grégoire de Nazianze, que l’ouvrage d’Agacinsky ignore et qui fut pourtant un féministe en son temps. Dans la théologie cappadocienne, la divinité transcende non seulement les sexes, mais les genres. Sur le plan anthropologique et sotériologique, il y a une égalité totale de l’homme et de la femme, tant charnelle que spirituelle, avec une responsabilité partagée dans la chute originelle. Quant à la capacité éthique à mener la vie vertueuse, ascétique, la femme est même plus courageuse ou endurante. Enfin, sur la base de cette égalité spirituelle, le Nazianzène défend même l’égalité des droits des deux sexes en matière matrimoniale.
AbstractIn her Métaphysique des sexes (2005), S. Agacinsky tracks the androcentrism in all the doctrinal aspects of the patristic literature from the five first centuries. She drives it out under three main shapes: a ‘‘metasexual’’ divine masculinity ; a physical and spiritual presexual masculinity in the ‘‘image’’ of God that the feminine alterity compromises ; an ethical ideal of spiritual virility that the - asexual or sexless - eschatological state fullfills. Regarding the paulinian universalism of Gal 3, 28, it does not question the hierarchy of the sexes here below, which is spiritually indifferent. Ambrose of Milan would have been the only one exception to this massive androcentrism.
A study of the surpassing of the genders by the Cappadocian Fathers, this paper contests such a vision. It especially considers the case of Gregory of Nazianzus, which Agacinsky’s work ignores, but who has been a feminist in his time. In the Cappadocian theology, the divinity transcends not only sexes, but even genders. At the anthropological and soteriological level, we find a complete equality between man and woman, carnal as well as spiritual, with a shared responsibility in the original Fall. Regarding the ethical ability to live the virtuous, ascetic, life, the woman is even more courageous or enduring. Last but not least, the Nazianzen advocates the equality of rights for both sexes in matrimonial matter.