f Prêcher coram Papa Urbano V. Édition et commentaire d’un sermon de Nicole Oresme

Le 24 décembre 1363, Nicole Oresme prononça un sermon devant Urbain V et le collège des cardinaux à Avignon. Ce sermon, dont on connaît quatorze copies manuscrites et plusieurs éditions du xvi^e et du xvii^e siècle, a toujours été interprété comme une virulente attaque contre les moeurs de l’Église de la fin du xiv^e siècle. Au temps du Grand Schisme, comme au temps de la Réforme protestante, Nicole Oresme fut considéré comme un des ces hérauts qui avaient vu venir, et avaient annoncé, la division au sein de l’Église.

Cependant l’analyse de ce sermon montre que le discours de Nicole Oresme doit être replacé dans le genre des sermons coram Papa, construits selon des règles rhétoriques et stylistiques bien précises. Il serait pourtant faux de voir dans ce sermon un simple exercice de style. Ce discours constitue en effet également une invitation faite à Urbain V à continuer les réformes qu’il avait entreprises au sein de l’Église. De ce point de vue, il constitue une étape préliminaire dans la pensée réformatrice que Nicole Oresme développera par la suite dans sa traductioncommentaire de la Politique d’Aristote.

On 24 December 1363 Nicole Oresme gave a sermon before Urban V and the college of cardinals in Avignon. This sermon, known in fourteen manuscript copies and several editions of the sixteenth and seventeenth centuries, has always been interpreted as a virulent attack on the morals of the Church at the end of the fourteenth century. During the Great Schism, and again during the Protestant Reformation, Nicole Oresmewas considered as one of the heralds who had foreseen and announced the division within the Church.

An analysis of this sermon, however, shows that the discourse of Nicole Oresme should be placed among the sermons coram Papa, constructed according to precise stylistic and rhetorical rules. Yet it would be wrong to consider the sermon a simple stylistic exercise. The discourse is also an invitation to Urban V to continue the reforms he had undertaken within the Church. From this point of view it constitutes a preliminary stage in the reforming ideas that Nicole Oresme would develop in his translation-commentary of Aristotle’s Politics.