Bibliothèque de Transmédie
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La rumeur des distances traversées
Transferts culturels, traductions et translations entre Moyen Âge et Modernité
Les vingt-cinq chapitres de cet ouvrage offrent une vue d’ensemble de la pratique de la translation de la traduction et des transferts culturels de leur portée quantitative et typologique de leurs enjeux épistémologiques et historiques de leurs impasses de leurs silences de leurs faux-semblants et de leurs faux-amis mais également de leur charge vivifiante du profit que les lettrés et les indocti peuvent en retirer.
Cet ouvrage ne s’interroge pas seulement sur l’utilitas le plaisir les buts éthiques politiques et moraux de la traduction. La traduction n’est que l’un des vecteurs de la translatio studii qui alimente à travers la circulation culturelle et universitaire le choc des mythologies la confrontation de la pensée sauvage et de la pensée cléricale tous les transferts qui s’opèrent du passé vers le présent de l’Est vers l’Ouest et parfois de l’Ouest vers l’Est. Ce livre propose alors des études d’autres modalités de transfert culturel d’autres types de mutations qui dessinent des fractales culturelles dans l’espace-temps qui sépare et réunit l’Antiquité et le monde médiéval l’Orient et l’Occident les mondes médiévaux et les mondes modernes. L’observation de ces transferts culturels nous offre une image vivante et vivifiante de la civilisation médiévale et nous oriente dans les chemins et parfois les impasses qu’elle a empruntés au Moyen Âge et au-delà jusqu’à nous.
Transferts culturels franco-italiens au Moyen Âge – Trasferimenti culturali italo francesi
La Società italiana di Filologia romanza la Société de langues et littératures médiévales d’oc et d’oïl et la Société de Linguistique romane ont décidé d’organiser conjointement un colloque consacré au thème des « transferts culturels franco-italiens au Moyen Âge ». Le thème des transferts culturels choisi par les trois sociétés est apparu comme le meilleur moyen d’étudier ce qui à la fois rapproche et sépare ces deux espaces centraux de la Romania.
Le colloque a permis de contribuer au renouvellement des études comparatistes dans le domaine des lettres médiévales favorisant une meilleure communication entre les spécialistes de la civilisation littéraire du Moyen Âge. La structuration des trois journées en cinq séances principales et deux tables rondes a également permis de réfléchir à ce sujet selon cinq approches complémentaires qui entendent tenir compte de l’ensemble des mouvements qui mettent en relation et en tension les lettres gallo-romanes et le volgare tout au long du Moyen Âge vernaculaire.
Quand les auteurs étaient des nains
Stratégies auctoriales des traducteurs français de la fin du Moyen Âge
Depuis quelques dizaines d’années l’avènement de l’individualité de l’auteur médiéval à la fin du Moyen Âge et l’émergence de stratégies auctoriales destinées à construire et à afficher une figure d’auteur dans l’espace du texte et du manuscrit ont (re)fait l’objet d’une attention soutenue de la critique. Étonnamment alors que ce processus coïncide avec l’essor des traductions savantes d’autorités latines la critique n’a guère considéré à sa juste valeur les stratégies auctoriales des traducteurs français des XIVe et XVe siècles jugés comme un « corps » et corpus à la frontière du champ littéraire et de ses enjeux. Pourtant les études sur les traductions modernes et pré-modernes ont depuis longtemps entrepris un travail historiographique destiné à revaloriser la figure du traducteur comme une figure auctoriale au sens plein et à part entière du champ littéraire. Dans cette démarche de revalorisation le corpus médiéval a été négligé. Les contributions réunies ici visent à étudier la figure d’auteur des traducteurs français des XIVe et XVe siècles et sa mise en œuvre textuelle et matérielle afin de déterminer les continuités et les ruptures entre leurs stratégies auctoriales et celles des autres auteurs du même champ littéraire.
Le Dit des trois morts et des trois vifs
Éditions, traductions et études des versions médiévales (essai de translatio collective)
Le présent ouvrage a pour ambition d’aborder tous les aspects théoriques et pratiques de la traduction intralinguale et interlinguale d’un texte poétique et d’un motif théologique qui a eu une circulation et une productivité aussi bien textuelle qu’iconographique extraordinaires au Moyen Âge : Le Dit des trois morts et des trois vifs.
Le choix de ce texte qui présente par-delà ses variantes et ses typologies une structure narrative et une fonction d’exemplarité religieuse constantes et facilement reconnaissables par le lecteur médiéval a ainsi constitué le point d’équilibre du présent travail. L’ouvrage original dans sa méthode et ses visées propose aussi bien une étude littéraire et historique du motif des trois morts et des trois vifs qu’un accès aux différentes versions médiévales du texte une réflexion traductologique tout autant qu’une tentative de restitution poétique.
La traduction entre Moyen Âge et Renaissance
Médiations, auto-traductions et traductions secondes
Après deux premiers volumes consacrés à la traduction intralinguale de l’ancien français au français moderne et aux questions concernant la traduction empêchée et la traduction manipulée ce troisième ouvrage entend sillonner deux domaines mal connus de la traduction au Moyen Âge et à la Renaissance domaines que seules les apparences distinguent : la réception des traductions médiévales au XVI e siècle et la pratique de l’auto-traduction.
La Journée d’étude dont ce livre recueille les contributions a permis de dénouer les nombreux liens qui lient ces deux thématiques autour des notions centrales de rupture et de continuité de fidélité idéalisée et d’infidélité impossible. D’un côté on voit que le traducteur de la Renaissance qui a accès aux traductions médiévales est poussé à en prendre le contre-pied pour marquer une nouvelle subalternité alors que en même temps il peut en subir profondément l’influence. De l’autre côté l’auto-traducteur est pensé comme incapable de se trahir lui-même. La relation au texte initial et en conséquence la contrainte de fidélité ne sont-elles pas différentes selon que le traducteur translate sa propre création ou qu’il auto-traduit une œuvre originale ? Les quatre théorèmes exposés ici dans l’article d’ouverture de la section consacrée à l’auto-traduction au Moyen Âge et à la Renaissance montrent comment les caractères spécifiques de l’écriture médiévale et l’usage social et culturel des langues ont façonné la pratique de l’auto-traduction.
Les liens sont serrés entre les deux thèmes du présent ouvrage : dans les deux cas le traducteur est confronté à la question de la médiation de ce qui existe déjà médiation qui ne peut se comprendre qu’au regard des aires culturelles privilégiées dans lesquelles elle s’effectue. Les deux volets de ce troisième volume jettent une lumière originale sur une des raisons internes de la traduction : elle ne peut vivre que dans un perpétuel renouvellement.
Le Livre de Thezeo. Traduction anonyme du xv e siècle du Teseida de Boccace
Édition critique
Le jeune Boccace a tenté en composant son très étrange poème Teseida delle nozze d’Emilia de rivaliser avec les épopées antiques de Virgile ou de Stace tant par le thème choisi (l’affrontement de héros mythiques des légendes grecques dans un monde fréquenté par les dieux) que par le volume du texte cherchant à calquer l’Enéide pour ainsi dire au vers près et avec de nombreux et importants emprunts à la Thébaïde de Stace.
Le Livre de Thezeo traduction française du Teseida est en très grande partie inédit. Il est connu surtout par les splendides enluminures du manuscrit 2617 de Vienne (W1) souvent décrites et reproduites et la beauté du décor justifie les nombreuses études auxquelles il a donné lieu. Mais si certaines recherches mettent en parallèle - au moins sommairement - l’étude du texte et celle des illustrations l’approche textuelle est demeurée très superficielle. Le présent travail fournit la première édition critique du Livre de Thezeo et présente une étude complète de sa tradition textuelle et du travail du traducteur français.
La fabrique de la traduction
Du topos du livre source à la traduction empêchée
Après un premier volume consacré à la traduction intralinguale de l’ancien français au français moderne ce deuxième ouvrage d’un projet en trois volets portant sur des aspects peu étudiés de la translatio studii médiévale se propose d’aborder dans une même réflexion les questions de la traduction empêchée et de la traduction manipulée. Les chapitres qui le composent étudient selon des approches complémentaires aussi bien des sources manipulées que des sources non traduites. Ils permettent de révéler des différences typologiques et génériques et de distinguer plus clairement ces deux frontières de la traduction médiévale.
Se dégage ainsi de la diversité des approches et des sujets un enseignement majeur : l’activité de sélection de philtre de mystification de dissimulation est à la fois le résultat d’un acte individuel et d’une stratégie plurielle. Celle-ci n’est pas seulement le fruit d’un oubli plus ou moins volontaire plus ou moins conscient de pans entiers de la culture des sciences des lettres exprimées dans d’autres langues et qui ne franchissent pas le seuil de leur idiome d’origine. Elle est aussi à la source d’un certain nombre d’ouvrages revendiquant une filiation littérale qui apparaît aujourd’hui comme fantaisiste ou fictive comme c’est le cas avec le « topos du livre source ». Comment interpréter cette disposition à la falsification propre à des clercs nourris de morale chrétienne ? Comment expliquer que ces auteurs ne manifestent aucune réserve critique devant les supercheries qu’ils accumulent avec une évidente délectation ou une peur inquiète du vide ? Comment analyser le recours évident au stéréotype propre à l’art littéraire de leur temps : la « nostalgie du passé » ?
Au terme de ce parcours critique on constate que la traduction empêchée et la traduction manipulée font apparaître plus clairement les confins et les différences structurelles entre une translatio studii identitaire et une traduction en français savante.
Claudio Galderisi est professeur de langues et littératures de la France médiévale à l’Université de Poitiers (CESCM). Il a dirigé les trois volumes des Translations médiévales. Cinq siècles de traductions en français au Moyen Âge (xi e-xv e s.) (Brepols 2011). Il a codirigé avec Jean-Jacques Vincensini le volume sur la traduction intralinguale (Brepols 2015).
Jean-Jacques Vincensini est professeur de langue et littératures médiévales à l’Université de Tours (CESR). Il a édité et traduit notamment les Romans de Mélusine de Jean d’Arras et de Couldrette et prépare l’édition et la traduction de l’Escoufle de Jean Renart. Il a codirigé avec Claudio Galderisi le volume sur la traduction intralinguale.
De l’ancien français au français moderne
Théories, pratiques et impasses de la traduction intralinguale
La traduction « intralinguale » du « même au même » selon la définition qu’en a donnée Michel Zink est une invention de ces mêmes clercs médiévaux qui ont mis en communication à travers la translatio studii deux horizons culturels et linguistiques. Cette traduction constitue la trace la plus manifeste de l’évolution d’un idiome au sein du diasystème linguistique gallo-roman. Or d’un état à l’autre de la langue française et contrairement à ce que l’on pourrait croire ce transfert ne vas pas de soi. D’un côté il continue de témoigner d’une conscience de la différence de l’autre à la différence de ce que l’on constate au Moyen Âge d’une indifférence traductologique affichée des translateurs de notre temps à l’égard de leur acte des principes qui le fondent comme des choix techniques qui l’expriment. Ce livre met en lumière nombre des arguments qui peuvent expliquer ce silence des traducteurs modernes. Beaucoup d’entre eux ne voient-ils pas dans leur travail un simple moyen de rendre accessible de la manière la plus neutre possible un texte vieilli destiné à un lecteur non spécialiste ? La revendication stéréotypée de la fidélité respectueuse au texte source conduit alors bien des traductions actuelles à décalquer la langue d’origine dans un français artificiel qu’Antoine Berman nommait le « clerquois ».
Les différents travaux rassemblés dans le présent volume suivent quatre perspectives critiques : Théories et méthodologies Pratiques poétiques Traductions romanes Seuils et impasses. Ils abordent différentes facettes de ces questions jusqu’ici inexplorées et présentent des solutions méthodologiques et pragmatiques qui permettront sans doute de dépasser les peurs françaises de la traduction intralinguale.
Claudio Galderisi est professeur de langues et littératures de la France médiévale à l’Université de Poitiers (CESCM). Il a dirigé les trois volumes des Translations médiévales. Cinq siècles de traductions en français au Moyen Âge. XIe-XVe s. (Brepols 2011).
Jean-Jacques Vincensini est professeur de langue et littératures médiévales à l’Université de Tours (CESR). Il a édité et traduit notamment le Roman de Mélusine de Jean d’Arras et de Coudrette. Il prépare l’édition et la traduction de l’Escoufle de Jean Renart.
La cronique et histoire des mervilleuses aventures de Appolin roy de Thir
(d’après le manuscrit de Londres, British Library, Royal 20 C II)
Apollonius roi de Tyr aussi bien que marieur au début du roman fuit les hommes du roi d’Antioche qui veulent le tuer à cause de son interprétation d’une devinette que le roi lui a posée. Après avoir perdu tous ses biens dans un naufrage il est recueilli par le roi de Cyrène qui le charge d’instruire sa fille. La princesse tombe amoureuse de son maître jusqu’au point d’en être malade ; le roi apprécie beaucoup le jeune homme et par conséquent lui donne sa fille en mariage. C’est ainsi que les aventures du protagoniste du roman peuvent se poursuivre en suivant une autre pente. Le développement narratif est condensé dans toutes les versions latines elles-mêmes étant des traductions supposées d’une version originale grecque. C’est en France toutefois que le roman eut le plus grand succès car parmi les traductions en langues vernaculaires se trouvent aussi huit versions françaises.
La version que nous publions ici est une traduction assez fidèle du texte latin. Intitulée d’après l’incipit « La cronique et histoire des mervilleuses aventures de Appolin roy de Thir » elle a été conservée dans un seul manuscrit le Londres British Library Royal 20 C II.
Vladimir Agrigoroaei est diplômé de lettres classiques de l’Université de Bucarest en 2002 et docteur ès lettres de l’Université de Poitiers depuis 2011 avec une thèse sur l’histoire des traductions en français au XIIe siècle. Il a collaboré à l’édition des trois volumes des Translations médiévales. Cinq siècles de traduction en français au Moyen Âge (Brepols 2011) et a publié des articles concernant les traductions françaises médiévales et l’Apollonius de Gdansk.Claudio Galderisi est professeur de langue et littérature française médiévale à l’Université de Poitiers (CESCM - UMR 7302).Pierre Nobel est professeur de linguistique romane à l’Université de Strasbourg (LILPA - EA 1339).