Medieval painting
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A l'aube de la peinture moderne
Vers un nouvel humanisme, de Byzance à l'Italie
Il s’agit de revisiter ici une phase cruciale de l’histoire de la peinture dans une optique bien spécifique. On se démarque en effet d’une vision ayant crédité de manière trop exclusive l’Italie des environs de 1300 d’une « révolution » ouvrant la voie à la modernité. En revenant sur ce qui a préludé à cela dans la Péninsule même et surtout en accordant une égale attention à ce qui a simultanément – ou antérieurement à maints égards – été produit dans le monde byzantin on tend à un radical rééquilibrage de la perspective. C’est alors dans sa véritable dimension que se perçoit l’évolution artistique de l’époque en lien étroit avec un contexte politico-religieux tout à fait particulier : celui d’une installation des Latins à Constantinople et dans plusieurs territoires de l’Empire d’Orient et d’un projet de réunion des obédiences catholique et orthodoxe ; avec dans ce cadre une décisive action des nouveaux Ordres Mendiants vite implantés dans tout le monde méditerranéen et développant une prédication réellement accessible au plus grand nombre étayée – chez les Franciscains au premier chef – par une imagerie traduisant la geste du Christ et des saints sur le mode le plus crédible incorporant précisément les avancées déjà opérées à cette fin dans la zone orientale.
Après un panorama historiographique faisant le point sur les positions plus ou moins anciennes et leur impact jusqu’à nos jours on aborde en premier lieu ce qu’il en a été des conceptions et fonctions dévolues à l’image trop volontiers considérées comme différentes d’un milieu à l’autre. Puis on affronte le champ de l’iconographie en propre avec les accents spécifiques qui y sont portés. Ensuite vient l’examen des divers aspects formels (et des moyens techniques mis en œuvre) ; examen non moins capital puisque ce sont le naturalisme et l’expressivité de la figure ainsi que son insertion dans un espace tridimensionnel qui visent à une communication plus efficace avec le fidèle ; cela par la forte sollicitation de ses sens pour sa profonde imprégnation de ce qui s’offre à sa vue. On peut dans cette démarche reconnaître une authentique humanisation de la foi. Et il s’avérait donc essentiel de souligner que dans cette mutation où l’image s’est trouvée investie d’un rôle majeur la contribution de la chrétienté byzantine a été aussi déterminante que celle de l’Italie.
Séductions du Gothique et Héritage romain antique ?
Maniera greca : Les ambiguïtés d’un concept fondateur
Tributes to Paul Binski
Medieval Gothic: Art, Architecture and Ideas
This volume is published in honour of Paul Binski whose scholarship and teaching have done so much to illuminate the material and intellectual worlds of Gothic art and architecture. Remarkable for its material scope and philosophical depth Paul’s work has had a powerful influence on the current state of the field: this is reflected here in thirty-four essays on buildings works of art and ideas in a wide range of historical and geographical contexts from Iberia to Scandinavia and Italy to Ireland. Consistently fresh in their scholarship these essays combine to make an important contribution to medieval art history. In doing so they reflect the admiration and affection which Paul inspires in his students and colleagues. With contributions by: Gabriel Byng Meredith Cohen Emily Guerry James Hillson Ethan Matt Kavaler Tom Nickson Zoë Opačić Claudia Bolgia Jean-Marie Guillouët Justin E. A. Kroesen Julian Luxford Robert Mills John Munns Matthew M. Reeve Laura Slater Beth Williamson Jessica Berenbeim Spike Bucklow Marcia Kupfer Jean-Pascal Pouzet Miri Rubin Kathryn M. Rudy Rocío Sánchez Ameijeiras Lucy Wrapson Patrick Zutshi Mary Carruthers Jill Caskey Lucy Donkin Kate Heard Robert Maniura Alexander Marr M. A. Michael Conrad Rudolph Betsy Sears.
Les stratégies de la narration dans la peinture médiévale
La représentation de l’Ancien Testament aux iv e-xii e siècles
Depuis les débuts de l’art chrétien l’Ancien Testament a reçu une place singulièr dans le décor des églises comme dans l’illustration des manuscrits. Certaines formules conçues aux IVe-Ve siècles se sont imposées durant tout le Moyen Âge comme celles de Saint-Pierre de Rome et une influence encore plus large a longtemps été attribuée à la Genèse Cotton ou à son modèle. Les oeuvres médiévales ne reproduisent toutefois presque jamais servilement celles qui les ont précédées. Les concepteurs les ont constamment réélaborées pour des raisons probablement multiples : adapter la composition au cadre imposé par l’architecture ou le découpage du folio optimiser les ressorts de la narration pour en faciliter la lecture ou toucher plus efficacement la sensibilité du spectateur enchaîner les scènes pour entraîner le regard dans le sens de la lecture ou relier sémantiquement deux épisodes voisins induire un sens spécifique inspiré par la théologie ou la liturgie ou encore exprimer visuellement des ambitions institutionnelles voire politiques. Les quinze articles réunis dans cet ouvrage développent ces questionnements en les appliquant à des ensembles peints ou en mosaïque représentatifs de la période envisagée : les oeuvres conservées ou perdues des premiers siècles Saint-Pierre de Rome Saint-Paul-hors-les-Murs et leurs avatars médiévaux les bibles carolingiennes de Tours et celles de Ripoll Galliano les autres ensembles lombards Saint-Savin-sur-Gartempe Château-Gontier Palerme et Monreale. Pour enrichir cette réflexion le champ d’investigation a été étendu aux cycles néotestamentaires des églises médiobyzantines et aux mosaïques de Saint-Marc de Venise. Dans la conclusion Herbert Kessler propose en effet une mise au point stimulante sur la délicate question de la Genèse Cotton en nuançant son influence sur le cycle vénitien. L’ouvrage offre ainsi un panorama très complet de la représentation de l’Ancien Testament et une réflexion foisonnante sur les stratégies de la narration.
Regina Cœli. Les images mariales et le culte des reliques
Entre Orient et Occident au Moyen Âge
Les images-reliquaires dont la singularité attire notre attention se définissent par la complexité de leur composition tant au point de vue artistique qu’au point de vue religieux. Il s’agit ici des peintures sur panneau de bois (plus rarement sur verre églomisé) ayant fonction de porte-reliques et décorées dans certains cas de pierres précieuses ou semi-précieuses. Le modèle de tableau-reliquaire : panneau unique diptyque et triptyque comprenant le portrait de la Vierge à l’Enfant enchâssé dans une large bordure incrustée de reliques se répandit particulièrement dans la péninsule italienne et par la suite en Europe centrale. Cependant les reliquaires polonais connus sur le territoire de la Petite-Pologne durant le xv e siècle jusqu’au début du siècle suivant ne sont mentionnés que de manière sporadique dans l’histoire de l’art. Ils sont apparus dans quelques articles mais sans avoir fait l’objet d’aucune analyse spécifique quant à leur contenu iconographique leur similarité formelle ainsi qu’à l’égard de leur usage dévotionnel. C’est pourquoi nous souhaitons les joindre aux créations semblables répandues dans l’art entre Orient et Occident au Moyen Âge. Dans la même optique il serait également intéressant de s’interroger sur la continuité de tels objets au-delà de l’époque médiévale.
L'écrit et le livre peint en Lorraine, de Saint-Mihiel à Verdun (IXe-XVe siècles)
Actes du colloque de Saint-Mihiel (25-26 octobre 2010)
Les manuscrits médiévaux de Lorraine trésors du patrimoine graphique de cette région étaient au coeur du colloque qui s’est tenu durant l’automne 2010 à l’abbaye bénédictine de Saint-Mihiel (Meuse). Les actes présentés dans cet ouvrage portent sur une large série de productions locales et exogènes qui ont toutes pour dénominateur commun l’histoire politique institutionnelle intellectuelle spirituelle et artistique de Verdun et de l’abbaye de Saint-Mihiel au Moyen Âge. La question du livre et de l’écrit est abordée en trois volets thématiques et chronologiques allant des origines carolingiennes jusqu’aux productions enluminées du XVe siècle. Si certains documents sont bien connus comme le traité de Verdun d’autres demeuraient à ce jour totalement ou partiellement inédits tels le manuscrit dit « du pseudo Athanase » (Saint-Mihiel Bibliothèque municipale ms Z 28) ou le graduel de Saint-Mihiel (Saint-Mihiel Bibliothèque municipale ms Z 73).
D’un jugement à l’autre
La représentation du jugement immédiat dans les Jugements derniers français: 1100-1250
Au moment où le thème du Jugement dernier a connu un essor sans précédent on a régulièrement associé aux événements de la fin des temps une représentation du jugement immédiat celui qui se déroule après la mort. La pensée chrétienne considère qu’après avoir quitté leur corps les âmes font l’objet d’une première évaluation au terme de laquelle elles sont conduites dans des séjours temporaires : le paradis d’attente pour les élus l’enfer pour les damnés. À la fin des temps ces âmes séparées s’unissent à leur corps ressuscité elles sont jugées une seconde fois et les élus sont conduits dans le royaume des cieux où ils peuvent enfin jouir de la vision béatifique. La présence du jugement immédiat ou du paradis d’attente peut être montrée pour une série de Jugements derniers français dont certains comptent parmi les œuvres les plus significatives de la production sculpturale des XIIe-XIIIe siècles : les portails de Mâcon Conques Saint-Denis Chartres et Reims deux chapiteaux de Saint-Nectaire et le Psautier de Marguerite de Bourgogne. Cette lecture inédite implique que l’Église se préoccupait autant du salut des âmes que des fins dernières probablement parce que c’est dans le temps présent qu’elle pouvait intervenir efficacement en faveur des défunts en administrant les suffrages : prières aumônes et messes. Ce livre développe les fondements textuels et iconographiques de cette lecture en abordant successivement le thème du jugement immédiat et chacune des œuvres interprétables dans la perspective du double jugement. Ont également été abordées plusieurs représentations isolées du Jugement dernier dont l’iconographie éclaire le sens des autres compositions: Autun Laon Paris et Amiens. Cette série d’analyses monographiques détaillées et originales offre un panorama très complet des Jugements derniers français mis en œuvre entre 1100 et 1250.
Marcello Angheben est maître de conférences habilité à diriger des recherches en histoire de l’art à l’Université de Poitiers et membre du Centre d’Études Supérieures de Civilisation Médiévale. Il a publié Les chapiteaux romans de Bourgogne (2003) et avec Valentino Pace Le Jugement dernier entre Orient et Occident (2007).