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Le roman noir, qui s’est affirmé en Sardaigne plus tardivement que dans le reste de l’Italie, trouve depuis 2001 en Giorgio Todde, l’un de ses représentants les plus originaux. L’imagination débridée de l’auteur sarde s’est exercée dans deux filons narratifs : le roman historique (avec un cycle de cinq romans mettant en scène dans une Sardaigne de fin XIXe un enquêteur atypique, l’embaumeur Efisio Marini), et le roman noir, illustré par des récits atemporels et surréalistes. L’univers toddien, typiquement sarde, n’est pourtant pas représenté selon les modalités traditionnelles de la littérature insulaire : l’originalité de ses romans noirs tient justement en une récupération consciente et instrumentalisée de clichés qui ont longtemps alimenté l’imaginaire collectif. Ce recours aux stéréotypes véhiculant une image négative des Sardes est plutôt étonnant si l’on considère les efforts déployés précisément par la nouvelle vague des écrivains sardes pour délocaliser leurs intrigues et ouvrir leur production narrative à des thématiques dépassant le cadre de l’autoréférentialité. Le traitement réservé par Todde à ces clichés explique à la fois le côté déroutant et fascinant de ses romans : en les récupérant de façon hyperbolique, il les dilate pour obtenir un effet déformant et pour offrir une vision de la société et de l’environnement sardes à la fois caricaturale et surréaliste.
AbstractThe detective novel appeared in Sardinia later than in the rest of Italy but since the early 1990s it has become quite a popular genre in the literature in Italian produced on the island. Since 2001 Giorgio Todde is one of the most original representatives of such a literature: his unbridled fancy has created a number of works in the two narrative fields of the historical novel (a series of five stories set in Sardinia at the end of the 19th century and focused on the figure of a very atypical detective: the embalmer Efisio Marini), and the noir genre represented by a series of timeless and surrealistic stories. The fictional world of Todde, although typically Sardinian, is not represented by the traditional modes of Sardinian literature: its originality lies in Todde’s absolutely conscious use of the clichés that have nurtured for a long time the collective imaginary. Todde’s use of stereotypes which give a negative representation of Sardinian people is quite astonishing if we put it in the context of the efforts that contemporary Sardinian writers are making in order to delocalize their plots and open their fictional world to themes which go beyond self-referentiality. Todde’s hyperbolic treatment of these cliches makes his novels confusing and thus fascinating for the readers : his stories offer a distorted image of Sardinia’s society and environment which is openly a surrealistic caricature.