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1882
Volume 63, Issue 1
  • ISSN: 1768-9260
  • E-ISSN: 2428-3606

Abstract

Abstract

L’analyse du temps dans le livre XI des (14, 17-28, 38) est couramment présentée comme dépendant du Traité 45 de Plotin (, III, 7), et isolée indûment de l’ensemble des livres XI-XIII, qui sont un commentaire du début de la Genèse. Une comparaison attentive de Plotin et d’Augustin ne révèle que le possible parallèle entre [XI, 23, 30 et 26, 33] et διάστασις, terme du lexique néoplatonicien. L’hypothèse d’une source porphyrienne pour la doctrine de la triple intentionnalité de l’âme (présente dès le , III, 3) est fragile. Des rapprochements avec d’autres doctrines philosophiques ou patristiques (les stoïciens, Posidonius, Grégoire de Nysse) ne peuvent être exclues. Le Νοῦς néoplatonicien se reconnaît dans une allusion au (XI, 30, 40), dont il est question au livre XII, mais l’ de science et prescience universelle, dont la souligne par contraste l’éternité de Dieu (XI, 31, 41), n’est pas l’Âme du Monde. La digression sur le temps est une destinée à faire éprouver ce qu’est la temporalité humaine, dans sa différence avec l’éternité de Dieu. On ne peut admettre dans XI ni une « subjectivation » radicale du temps ni une structure de type plotinien (une Âme universelle comme fondement à la fois du temps du Monde et du temps des âmes particulières). Les trois « actes » de l’âme (, XI, 28, 37) sont illustrés par l’expérience du chant qui est au cœur du livre XI (28, 38). Et la méditation de saint Paul, Philippiens, 3, 12-14, s’entrelace à la réflexion philosophique pour proposer à l’âme humaine, misérable et déchirée, la perspective d’une « vers les choses qui sont en avant » (), en direction de l’unité et de la stabilité en Dieu - condition spirituelle d’une intelligence correcte des versets de la Genèse. Le travail philosophique, en XI, s’ordonne ainsi à un horizon exégétique, théologique et en définitive . L’article tente de faire le point sur les diverses interprétations proposées, jusqu’à la pensée phénoménologique moderne, et souligne la justesse de la lecture proposée par Goulven Madec.

Abstract

The analysis of time in Book XI of the (14:17-28:38) is commonly presented as dependent on Plotinus’s Treaty 45 (, III: 7), and unduly isolated from all the books XI-XIII, which are a commentary of the beginning of Genesis. A careful comparison between Plotinus and Augustine reveals only the possible parallel between [XI, 23, 30 and 26, 33] and διάστασις, a term of the Neoplatonic vocabulary. The hypothesis of a porphyrian source for the doctrine of the triple intentionality of the soul (present in , III, 3) is fragile. Connections with other philosophical or patristic doctrines (Stoics, Posidonius, Gregory of Nyssa) cannot be excluded. The Neoplatonic Νοῦς is recognized in an allusion to the (XI, 30,40), which is referred to in Book XII, but the of universal science and prescience, whose underlines by contrast the eternity of God (XI, 31, 41) is not the Soul of the World. The digression on time is an intended to test what human temporality is, in its difference with the eternity of God. We can’t admit in XI neither a radical “subjectification” of time nor a plotinian-type structure (a universal Soul as the basis for both the time of the World and the time of particular souls). The three “acts” of the soul (, XI, 28, 37) are illustrated by the experience of singing which is at the heart of Book XI (28, 38). And the meditation of St. Paul, Philippians, 3:12-14, intertwines with philosophical reflection to propose to the human soul, wretched and torn, the perspective of an “to the things that are ahead” (), towards unity and stability in God - the spiritual condition of a correct understanding of the verses of Genesis. Philosophical work, in XI, is thus ordered to an exegetical, theological and ultimately mystical horizon. The article attempts to take stock of the various interpretations proposed, up to modern phenomenological thinking, and underlines the soundness of Goulven Madec’s reading.

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