Bibliothèque de l'Ecole des Hautes Etudes, Sciences Religieuses
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De la lettre à l’esprit / From the Letter to the Spirit
Travaux en hommage à Mohammad Ali Amir-Moezzi / Studies in Honour of Mohammad Ali Amir-Moezzi
La parution du Guide divin dans le shî’isme originel en 1992 a marqué le début de l’itinéraire scientifique de Mohammad Ali Amir-Moezzi. Suivant une ligne directrice cohérente aux ramifications nombreuses cet islamologue a transformé en profondeur les études shi’ites d’abord notamment en soulignant l’importance de la « tradition ésotérique originelle » dans l’histoire de ce grand courant de l’islam et les études coraniques ensuite par la prise en compte des sources shi’ites anciennes et la critique du récit traditionnel « orthodoxe ». Détenteur de 1996 à 2024 de la chaire « Exégèse et théologie de l’islam shi’ite » à la section des sciences religieuses de l’École Pratique des Hautes Études Mohammad Ali Amir-Moezzi est également un professeur hors du commun dont l’enseignement a formé et inspiré de nombreux chercheurs actuels. Ces volumes d’hommage réunissent quarante-quatre contributions de ses collègues et amis dont nombre d’anciens étudiants de tous horizons portant sur les domaines d’études chers au dédicataire : études shi’ites ; études coraniques ; antiquité tardive et débuts de l’islam ; traditions mystiques de l’islam ; aspects de la vie religieuse et intellectuelle contemporaine. Témoignages d’amitié et de reconnaissance pour une œuvre scientifique majeure les contributions savantes réunies dans ces volumes en font un ouvrage de référence.
La frontière absente
Études réunies en l’honneur de François de Polignac
À l’occasion des soixante-dix ans de François de Polignac nous sommes réunis autour de ce projet d’édition pour développer des sujets de recherche inspirés de ses publications et de son enseignement à l’École pratique des hautes études. Ce volume prend la forme non pas de mélanges mais d’essais sur des thématiques autour de l’Antiquité grecque de la structuration de l’espace et des constructions identitaires combinant des sources archéologiques et textuelles et propose une réflexion dans le temps et l’espace. Nous voulons ainsi montrer par des cas d’étude comment François de Polignac a su aborder les civilisations antiques par une vision aussi précise que large en intégrant les données sur la longue durée et en évitant d’adopter un modèle interprétatif uniforme dans le processus de la rédaction historique. L’aspect comparatiste s’est révélé important entre des régions et des époques différentes du monde gréco-romain jusqu’à la Mésopotamie et la Chine. Une partie des textes est consacrée au commentaire de ses travaux dans le but d’expliquer comment ceux-ci nous inspirent et ouvrent des perspectives à d’autres réflexions et recherches.
Petits dieux des Romains et leurs voisins
Enquête comparatiste sur les hiérarchies divines dans les cultures romaines, italiques et grecques
La formule « petites divinités » qui désigne dans ce volume toutes les puissances revêtant des pouvoirs limités ou une position inférieure dans une configuration divine donnée est utilisée ici comme un concept exploratoire dont le caractère opérationnel est testé collectivement en l’appliquant au monde romain et en le comparant aux cultures voisines grecques et italiques. Si l’étiquette « petites divinités » peut étonner elle repose cependant sur des catégories antiques. Dans quelques textes latins en effet les dieux se définissent eux-mêmes – ou sont définis – comme inférieurs aux autres. Le concept de petites divinités est donc éminemment relationnel mais également contextuel. Les articles réunis dans ce volume abordent ainsi la question des classifications et des hiérarchies divines à partir de sources et de contextes spécifiques plus ou moins larges mettant en jeu des panthéons configurations ou réseaux divins plus ou moins structurels ou conjoncturels. Si dans le contexte romain la hiérarchie est une clé pour organiser les groupes des dieux en se déplaçant vers d’autres contextes culturels au contraire les rapports entre divinités semblent plutôt fondés sur des liens de complémentarités entre les dieux.
Entre évitement et alliance
Formes mineures du divin
Selon le mot de Pétrone « notre pays est si plein de divinités que tu peux plus facilement y rencontrer un dieu qu’un homme. » La Rome antique est bien loin d’être la seule société à connaître pareille surpopulation divine. Par-delà la différence entre d’un côté ce que les sciences religieuses ont l’habitude de considérer comme des « religions traditionnelles » désignées par les termes de fétichisme animisme chamanisme et de l’autre des monothéismes et des polythéismes la quasi-totalité des religions du monde réserve une place de choix à d’innombrables divinités mineures ou entités invisibles. Esprits génies êtres fantastiques revenants ancêtres ou saints font l’objet de relations intéressées parfois aussi assez inquiétantes pour que l’on cherche à les éviter. La plupart de ces entités ambiguës ne donnent pas lieu à des cultes réguliers. Leur présence se manifeste le plus souvent dans des rencontres fortuites qui appellent un traitement rituel visant à normaliser les relations que les hommes ont avec elles. Créditées de pouvoirs qui se cantonnent à des champs d’intervention limités elles sont liées à des lieux des moments des pratiques telles la chasse l’agriculture la guerre ou encore des épisodes biographiques saillants – naissance maladies conflits etc. Cet ouvrage réunit les contributions d’anthropologues historiens et philosophes qui chacun à sa manière se sont essayés à mieux comprendre le sens de cette prolifération d’entités mineures et à questionner sur cette base la notion même de religion comme impliquant – ou non – celle de dieux.
Connaître Dieu
Métamorphoses de la théologie comme science dans les religions monothéistes
La théologie est née comme science métaphysique. Dès Aristote la science la plus haute se présente comme une discipline philosophique qu’il appelle épistémè théologikè « science théologique ». Ce que nous appelons aujourd’hui « métaphysique » c’est ce que les traductions latines d’Aristote appellent scientia divina « science divine ». Or cette « science divine » aristotélicienne ne porte pas sur les dieux de la religion. Aristote emploie d’ailleurs un terme tout à fait différent pour désigner le discours mythique et religieux sur les dieux : il parle alors de theologia ; la theologia est une autre sorte de discours celui des mythologies sur les dieux tandis que la « science divine » du philosophe porte sur une substance première séparée du monde sensible et principe de son mouvement soit le premier moteur. Ce principe n’opère aucun salut. Il ne faut donc pas confondre le discours scientifique (la « science théologique » ou « science divine » sur le premier moteur) et le discours religieux. La difficulté est alors de comprendre quand comment et pourquoi cette discipline philosophique suprême la science théologique s’est orientée vers les religions vécues par les hommes. Quand le mur séparant la theologia de la « science théologique » a-t-il été abattu ? Le présent volume s’est donné pour visée de se confronter à la nécessité d’une prise en compte non seulement du fait religieux mais aussi de la rationalité religieuse. Le terme « théologie » est ambigu. Il désigne tantôt la compréhension d’une religion par elle-même tantôt la compréhension du divin par un discours rationnel. C’est pourquoi une étude comparée de la théologie comme science dans les monothéismes a un double objet : il s’agit d’abord d’étudier comment la spéculation métaphysique sur les dieux le divin et Dieu s’est transformée en « science théologique » ; il convient ensuite de montrer comment les religions monothéistes se sont construites en théologies sur les canons de la rationalité grecque.
Aux origines judéennes du christianisme
Études en l'honneur de Simon Claude Mimouni pour son soixante-quinzième anniversaire
Simon Claude Mimouni a été titulaire de la direction d’études « Origines du christianisme » à la Section des Sciences religieuses de l’École pratique des hautes études entre 1995 et 2017. Il est l’auteur d’une œuvre académique considérable qui a renouvelé en profondeur la manière dont les historiens conçoivent habituellement le judaïsme et le christianisme anciens. Ses travaux insistent notamment sur deux composantes souvent négligées voire ignorées du judaïsme antique : le judaïsme chrétien et le judaïsme sacerdotal et synagogal. Ce volume lui rend hommage. Il réunit quarante contributions groupées selon trois perspectives : « phénoménologies du judaïsme et du christianisme » « histoire et catégorisation sociales » « rhétorique de l’histoire et administration de la preuve ». Ces contributions qui relèvent de domaines et de thématiques variées témoignent de la fécondité des voies ouvertes par Simon Claude Mimouni dans la recherche sur les « religions » du monde tardo-antique.
Du Christianisme et des hommes dans l’Antiquité Tardive. Essais de prosopographie
Le néologisme savant de ≪ prosopographie ≫ apparaît à la Renaissance et désigne dans un premier temps une oeuvre littéraire combinant généalogie de princes éloges de leurs vertus et galerie de portraits. Après les travaux érudits de l’Âge classique sur les dirigeants religieux du passé il faut attendre le xix e siècle pour que la prosopographie soit érigée en discipline scientifique.
Reposant sur un dépouillement systématique de la documentation conservée la prosopographie propose une étude sérielle des membres d’un groupe constitué sur une période et une durée déterminées.
En raison de la richesse des sources conservées l’Empire romain a suscité de manière précoce en Europe des études prosopographiques. La période couverte par les iii e-vii e siècles communément appelée ≪ Antiquité tardive ≫ offre une richesse documentaire et littéraire exceptionnelle liée en partie à l’expansion du christianisme et à la conversion du monde antique à la nouvelle religion. Cette abondance de sources explique la réalisation de grandes enquêtes prosopographiques portant d’abord sur l’ensemble des élites civiles puis sur les milieux ecclésiastiques monastiques ascétiques et dévots.
Le présent livre mobilise les résultats obtenus et les recherches en cours pour montrer l’importance de l’apport de la prosopographie à l’histoire du christianisme antique dans des domaines aussi variés que l’histoire des conciles l’hagiographie l’onomastique la hiérarchie ecclésiastique et l’histoire des femmes.
Livres et confessions chrétiennes orientales
Une histoire connectée entre l’Empire ottoman, le monde slave et l’Occident (xvi e-xviii e siècles)
Dans le vaste espace qui englobe le monde slave et l’Empire ottoman les christianismes orientaux ont jusqu’ici été étudiés comme des entités particulières. Il est temps de les aborder dans une approche globale qui par-delà leur singularité permet des comparaisons et met en lumière des connections restées ignorées.
Aux xvi e-xviii e siècles dans les aires linguistiques considérées (arabe arménienne grecque roumaine russe ruthène syriaque) les Églises orientales connaissent toutes à des degrés divers la confrontation avec le christianisme occidental catholique et protestant qui débouche sur des situations inédites de division de conflit ou de mimétisme. L’observation de l’intense circulation des hommes et des objets - comme les livres - éclaire des phénomènes de transfert d’appropriation et de rejet qui contribuent à renforcer les identités confessionnelles. L’étude de ces dynamiques propres aux christianismes orientaux permet également d’approfondir le débat historiographique actuel autour de la notion de ‘confessionnalisation’.
Cet ouvrage se propose d’étudier le rôle joué par le livre dans la construction des cultures confessionnelles des Orients chrétiens à un moment où partout le manuscrit fait une place à l’imprimé. Le livre est ici envisagé sous tous ses aspects de la commande à la production de la diffusion aux usages. Il apparaît comme un instrument de pouvoir pour qui le fait produire ou contrôle sa diffusion.
La dîme du corps
Doctrines et pratiques du jeûne
Pratique thérapeutique et rituelle universellement répandue le jeûne est un acte éminemment culturel qui semble être associé à la médecine à la religion et aux conflits dans la société. Envisagé du point de vue de ses finalités il peut prendre trois visages : thérapeutique politique et religieux. Dans ce triptyque le jeûne motivé par des considérations religieuses est le plus important. Il comporte un trait caractéristique : la scission du sujet entre une part qui recherche la vérité profonde de l’existence - esprit âme intellect - et une part qui recherche des satisfactions finies - corps physique âme concupiscente. Pour réduire l’affrontement entre les deux parties la seule solution est de lutter contre les passions physiques et on peut dire qu’au cœur du jeûne religieux il y a une psychomachie. Si la pratique du jeûne alimentaire n’est en soi guère complexe - une privation de nourriture - les sens et la portée morale que lui donnent ceux qui partout s’y appliquent sont en revanche innombrables. Infinie variété dont le présent volume veut donner l’illustration en multipliant les types d’approches et les points de vue dans l’espace et le temps. Si l’histoire de la sexualité a donné lieu à des recherches abondantes force est de constater que l’histoire de l’alimentation n’a quant à elle trouvé sa place que dans la mesure où elle était associée à la gastronomie et que la pratique du jeûne qui compte au nombre des « techniques de soi » les plus fondamentales n’a jamais pu accéder au statut d’objet majeur des études historiques. Les travaux ici rassemblés entendent combler une lacune qui n’est restée que trop longtemps béante dans le champ des investigations relatives aux pratiques alimentaires.
Une quête tibétaine de la sagesse
Prajñāraśmi (1518-1584) et l’attitude impartiale (ris med)
Prajñāraśmi (1518-1584) ou « Lumière de Sagesse » est le nom de plume sanskrit d’un auteur tibétain qui vécut durant une période de crise politico-religieuse située entre la pleine assimilation du bouddhisme indien par les Tibétains et l’instauration du régime des Dalaï-Lamas. Dans ce contexte d’instabilité Prajñāraśmi se distingua par une formation éclectique exceptionnelle et un enseignement qui centré sur l’idée de sagesse – ou gnose – chercha à montrer l’unité des différentes traditions du bouddhisme au Tibet.
Ses grands textes sont présentés et traduits dans cet ouvrage notamment l’Ambroisie de l’étude de la réflexion et de la méditation et la Lampe qui illumine les deux vérités qui traite de la philosophie de la voie du milieu (Madhyamaka). Sa biographie ainsi que l’étude de son oeuvre et de son héritage révèlent une filiation entre les renouveaux de l’école des Anciens (Rnying ma pa) durant la réunification du Tibet sous le Ve Dalaï-Lama (xvii e s.) la nouvelle révélation de ’Jigs med gling pa (xviii e s.) et la floraison du mouvement « impartial » (ris med xix e siècle) avec la collection transsectaire du Trésor des instructions spirituelles.
Il se dessine ici une quête tibétaine de la sagesse qui conjuguant l’histoire des traditions le discours philosophique le yoga et la contemplation visait à une liberté intérieure conçue au-delà de tout parti pris « intention unique » de tous les enseignements du Bouddha ou selon sa propre lignée de la Grande Perfection (Rdzogs chen) « sphère de la libération ».
Le guide du monde imaginal
Présentation, édition et traduction de la Risāla mithāliyya (Épître sur l’imaginal) de Quṭb al-Dīn Ashkevarī
Le monde imaginal (‘ālam al-mithāl) concept élaboré entre l’école de la sagesse illuminative (ishrāq) de Suhrawardī et l’école de mystique spéculative d’Ibn ‘Arabī est l’une des innovations majeures de la philosophie en Islam après Averroès. Intermédiaire entre les mondes matériel et spirituel sensible et intelligible il permet de rendre raison des événements des rêves des phénomènes d’apparition des ascensions célestes des sages et des saints ainsi que des plaisirs et des tourments de la « résurrection mineure » dans la tombe.
L’on doit à Quṭb al-Dīn Ashkevarī philosophe shi’ite méconnu de l’Iran safavide (11ème/17ème siècle) la première monographie sur ce nouveau monde composée en arabe et en persan : Fānūs al-khayāl fī irā’at ‘ālam al-mithāl « la Lanterne de l’imagination. Sur la vision du monde imaginal » aussi intitulé al-Risāla al-mithāliyya « l’Épître sur l’imaginal ». Il s’agit à la fois d’une compilation rassemblant des sources variées sur le monde imaginal et d’une œuvre personnelle à contre-courant de son temps soutenant l’harmonie entre le shi’isme imâmite la philosophie et le soufisme et appelant à une quête de salut par la connaissance hors du monde d’ici-bas.
Le présent ouvrage contient une présentation une traduction inédite et la première édition de cette épître. En retraçant une « histoire-géographie » du monde imaginal tout en analysant l’œuvre dans son caractère personnel singulier il entend éclairer les relations profondes entre les trois courants de l’islam spirituel que sont le shi’isme imâmite le soufisme et la philosophie.
Pour une histoire sociale et culturelle de la théologie
Autour de Claude Langlois
Claude Langlois est l’auteur d’une œuvre considérable par son ampleur sa diversité et son inventivité qui fait sans nul doute de lui l’un des très grands historiens de sa génération. Il fut directeur d’études à l’EPHE de 1993 à 2005 président de la section des sciences religieuses entre 1995 et 2002 co-fondateur avec Régis Debray en 2002 de l’IESR dont il fut le directeur de 2002 à 2005. Il n’a cessé - du Catholicisme au féminin (1984) à la suite sur Thérèse de Lisieux en passant par L’Encyclopédie théologique de Migne (1992) Le crime d’Onan (2005) et nombre de ses articles - de questionner le statut de l’histoire religieuse au regard d’une histoire sociale d’une histoire culturelle d’une histoire du genre ; il a fait de la production du discours théologique un observatoire aigu du changement religieux.
Où en est aujourd’hui le débat sur les manières d’historiciser la théologie ? Quel parti tirer des voies pionnières ouvertes par Claude Langlois ? Les auteurs de ce volume - historiens sociologues théologiens et spécialistes de littérature - explorent ces questions et donnent à voir à travers la pluralité de leurs contributions un paysage de recherche nourri d’intelligence complice.
Cet ouvrage est le témoignage de leur reconnaissance envers un historien et un professeur qui n’a cessé d’ouvrir des chantiers nouveaux et d’arpenter des terrains en friche livrant sa propre recherche aux surprises de l’archive et à ses détours imprévus sans jamais renoncer au dialogue avec celles et ceux pour lesquels son œuvre continue d’être une précieuse source de réflexion.
À l’ombre de Quetzalcoatl. Les prêtres et l’organisation sacerdotale aztèques
La prêtrise aztèque constitue une thématique de recherche à la fois inédite et d’une grande richesse. Quelles étaient les caractéristiques de la fonction sacerdotale au Mexique ancien ? Qui étaient les hommes et les femmes qui journellement comme en des circonstances plus exceptionnelles prenaient soin des divinités et veillaient au bon accomplissement des rites ? Quels étaient les modèles mythiques des prêtres mésoaméricains ? Quels étaient leurs rapports avec Quetzalcoatl et Tlaloc les deux divinités dont ils étaient présentés comme proches ?
C’est un regard neuf qui à travers ces questions se porte ici sur les religions mésoaméricaines étudiées dans leurs aspects pratiques et quotidiens et non pas uniquement au moyen de concepts abstraits ou par le biais des rites les plus spectaculaires – à l’instar de ce qui fut l’une des seules images véhiculées en Europe depuis le xvi e siècle celle du prêtre arrachant le cœur encore palpitant d’une victime sacrificielle.
Cet ouvrage richement illustré se situe à la croisée de l’iconologie de l’histoire et de l’anthropologie des religions tout en intégrant des éléments de philologie et d’archéologie. Il propose une réflexion résolument contemporaine sur la méthodologie à mettre en œuvre pour aborder la documentation relative aux cultures mésoaméricaines préhispaniques et mieux comprendre le processus d’élaboration des sources du xvi e siècle.
L’Éthique protestante de Max Weber et les historiens français (1905-1979)
Voici un siècle que Max Weber est mort. Ses thèses parfois audacieuses font encore couler beaucoup d’encre aujourd’hui. Auteur en sciences humaines parmi les plus lus cités convoqués dans la sphère publique et intellectuelle le sociologue allemand du début du xx e siècle avait avancé que l’essor du capitalisme au xvi e siècle puisait certaines de ses origines dans la conduite quotidienne des protestants puritains anglais. C’est la thèse d’un chercheur inclassable. Les historiens francophones de Lucien Febvre à Fernand Braudel en passant par Henri Pirenne seront des obstacles à de rares exceptions à la diffusion des thèses de Weber qui mirent plusieurs décennies avant d’être traduites en français. Ce livre porte sur l’histoire d’un refus d’une absence de désir d’une communauté de savoir à l’égard d’un auteur auquel on reproche de maltraiter la causalité en histoire de pratiquer l’anachronisme le jugement de valeur de jargonner d’incarner une science allemande dont la rationalité n’a pas évité deux guerres mondiales et d’avoir lancé un défi hors norme à la notion de discipline. Cette occultation de Weber donne à voir un impensé des intellectuels et des historiens dans la France du xx e siècle. Ce qu’ils n’ont pas lu ou refusent de comprendre nous informe avant tout sur eux-mêmes.
Lieux saints et pèlerinages : la tradition taoïste vivante
Holy Sites and Pilgrimages : The Daoist Living Tradition
The Chinese territory is densely meshed with holy sites (mountains caves springs...) where the gods manifest themselves and where pilgrims come to meet them. The present volume the result of a Franco-Japanese conference held in Paris in 2017 includes fifteen chapters in French and English exploring the conceptions and practices at these holy sites; they build the analysis around the Daoist notion of “grotto-heavens and blessed lands” (dongtian fudi) and its long historical continuity for two millennia while addressing hybridizations with Buddhist and folk practices and comparing with Japanese holy sites. These case studies cover both the ascetic practices of religious virtuosos and the popular associations whose members dance for the gods on the mountains.
Le collège sacerdotal avestique et ses dieux
Aux origines indo-iraniennes d’une tradition mimétique (Mythologica Indo-Iranica II)
Dans cette monographie l’auteur propose une réflexion générale sur la métaphysique de l’organisation sacerdotale zoroastrienne à la lumière du contexte indo-iranien et à partir de la préparation du sacrifice et l’installation des sept prêtres assistants dans la liturgie solennelle zoroastrienne sous la direction de leur chef le zaōtar-. Le rapport entre prêtres et dieux est analysé à la lumière de la symbolique endossée par le collège sacerdotal qui est « activé » comme un double mimétique du monde divin. On discute ainsi de noms fonctions et correspondances liturgiques entre les huit prêtres (sept plus le zaōtar-) et le collège des Aməṣ̌a Spəṇtas dirigé par Ahura Mazdā lui-même (en tant que zaōtar-). D’autre part le livre analyse les correspondances fonctionnelles de l’équipe sacerdotale activée dans le domaine védique. L’auteur développe aussi une discussion concernant la chaîne ininterrompue de la ritualité sacrificielle comme structure de l’ordre cosmique et temporel. Dans ce cadre il met en évidence l’importance de la désinstallation ou désactivation du collège sacrificiel avant la fin du Yasna dans la liturgie longue thème qui s’articule à la question de la réinstallation d’un autre collège dans la chaîne ininterrompue de la liturgie cosmique. Cette étude éclaire aussi la question du but du sacrifice et celle du sacrifice sanglant. Enfin elle propose un retour à Kerdīr par une analyse de la « vision » du Grand Prêtre expliquée cette fois comme liturgie ésotérique de la rencontre avec le double féminin.
Le Dieu un : problèmes et méthodes d’histoire des monothéismes
Cinquante ans de recherches françaises (1970-2020)
Fondé au début de l’été 1969 et labellisé laboratoire associé du CNRS à partir du 1er janvier 1970 le Centre d’études des religions du Livre (CERL) dont est issu l’actuel Laboratoire d’études sur les monothéismes (LEM UMR 8584) a été créé au tournant crucial des années 1960 et 1970 quand sous l’impulsion du CNRS le modèle du laboratoire exporté depuis le champ des sciences exactes se généralise pour favoriser l’essor d’investigations collectives également en sciences humaines et sociales.
Dans le vaste mouvement de restructuration de la recherche en cours dans la France d’après Mai 68 les sciences religieuses devaient prendre la place qu’elles méritaient. Les objectifs du CERL se sont alors définis essentiellement selon deux mots d’ordre : procéder à une étude comparative des trois monothéismes classiques (judaïsme christianisme et islam) ; allier aussi rigoureusement que possible sciences des religions et histoire de la philosophie.
La mémoire collective du CERL a voulu retenir qu’il avait été conjointement fondé par Paul Vignaux (1904-1987) Georges Vajda (1908-1981) et Henry Corbin (1903-1978) - triade savante qui représentait les trois grandes religions du Livre. Henry Corbin a pourtant été l’unique architecte d’un projet dont Paul Vignaux a assuré la réalisation institutionnelle. Le présent ouvrage revient sur un demi-siècle de recherches françaises consacrées à l’étude non confessante des monothéismes.
À la recherche de la continuité iranienne : de la tradition zoroastrienne à la mystique islamique
Recueil de textes autour de l’œuvre de Marijan Molé (1924-1963)
Les travaux de l’iranisant slovéno-polonais Marijan Molé (1924-1963) ont exercé sur les sciences religieuses une profonde influence qui se laisse observer jusqu’à nos jours. En à peine quinze ans (1948-1963) il a su donner une impulsion sans précédent aux études iraniennes grâce à l’étude minutieuse des corpus allant de l’Avesta et de la littérature moyen-perse zoroastrienne aux traités de mystique islamique en passant par les épopées persanes et les gestes mythiques. Trop tôt interrompu le vaste projet qu’il avait mis en œuvre dès ses années d’étude à Cracovie et qu’il poursuivit à Paris et à Téhéran avait pour axe principal la mise au jour d’un système unitaire qui sous-tendrait l’évolution d’une doctrine religieuse sur la longue durée une « continuité iranienne ».
La découverte récente de son Nachlass (IRHT et BULAC Paris) nous fournit l’occasion de faire un état des lieux de son héritage et de tenter de mettre en lumière l’originalité de sa démarche et son apport à l’histoire des idées et au débat intellectuel sur les religions de l’Iran en dégageant à la fois les acquis et les impasses les innovations et les prolongements.
Le présent volume rassemble les contributions sur le zoroastrisme et la mystique islamique présentées à la journée d’étude internationale intitulée « Entre le mazdéisme et l’islam » dédiée à l’œuvre de Marijan Molé qui s’est tenue le 24 juin 2016 à Paris.
Les mystères au ii e siècle de notre ère : un tournant
Cet ouvrage enquête sur ce que nous proposons d’appeler une « mystérisation » des discours et des pratiques au IIe siècle de notre ère dans l’empire romain - c’est-à-dire une multiplication diversification et intensification des références aux (cultes à) « mystères » dans des contextes variés mais cohérents et dans les différents groupes religieux présents dans l’empire (païens juifs et chrétiens). Ce « tournant » mystérique affecte non seulement des pratiques rituelles et les discours qui les entourent mais au-delà de nombreux domaines du savoir qui comme Platon en son temps se mettent à mobiliser le vocabulaire et l’imagerie des mystères. L’enquête se déploie donc à la fois sur le terrain des rituels « mystériques » - dans des cultes qui se diffusent comme ceux d’Isis ou de Mater Magna parallèlement à la continuation des mystères grecs (à Éleusis et Samothrace) - et sur celui de la construction des savoirs de tous ordres qui s’élabore alors (médecine philosophie rhétorique littérature) et où se banalise l’emploi d’un lexique mystérique. Elle réunit donc des collègues spécialistes de champs disciplinaires variés - historiens historiens des religions archéologues philologues et bien sûr philosophes - et de systèmes religieux différents - polythéisme judaïsme et christianisme.
Reading the Church Fathers with St. Thomas Aquinas
Historical and Systematical Perspectives
In his richly documented and still valuable study of Aquinas and the Church Fathers published in 1946 Gottfried Geenen o.p. noted that the study of this aspect of Thomas Aquinas’s thought was just beginning to take place. More than seventy years later considerable progress has been made both historically and doctrinally not at least due to the technological advances in the area of the study of Aquinas’s writings. It has been argued both that Aquinas had a remarkable knowledge of a wide range of the Church Fathers and that he was actively engaged in acquiring new material from hitherto unknown Fathers. Due to Thomas’s profound commitment to both Latin and Greek patristic sources he was not only able to draw on the rich tradition of the past but also to explore new possibilities and solutions. This commitment and interaction between tradition and speculative reason has led some to claim tentatively that one might characterize Thomas Aquinas’s theology as being ad mentem patrum.
The goal of this volume is to explore ways to corroborate this claim. In order to do so the contributions investigate the presence and use of the Church Fathers in Aquinas’s thought both historically and systematically.