Sous la Règle de saint Augustin
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Œuvres, 3
De archa Noe. Libellus de formatione arche
Les deux oeuvres De archa Noe Libellus de formatione archae occupent une place singulière dans la production du maître de Saint-Victor. Ils forment d’abord une somme morale ou tropologique tout comme le De sacramentis donnera une somme allégorique et à ce titre livrent tous les thèmes porteurs de la spiritualité de Hugues. Ils sont ensuite comme au centre de sa carrière enseignante mentionnant des traités déjà rédigés et en annonçant d’autres. La place de Hugues tant à Saint-Victor que dans le milieu des écoles parisiennes est déjà acquise et reconnue. Enfin nos écrits mettent en oeuvre des pédagogies visuelles qui lors d’entretiens réglés menés oralement s’appuient sur un diagramme support des expositiones orales. La mise par écrit de ces conférences (qui donnera le De archa Noe) fut suivie de la rédaction de directives (qui seront le Libellus) par lesquelles un lecteur puisse reconstruire le diagramme que les auditeurs avaient eu sous les yeux.
L’œuvre de Godefroid de Saint-Victor
1. Le Microcosme (Microcosmus)
Élève des écoles parisiennes vers 1145-1150 en particulier de celle d’Adam du Petit-Pont devenu lui-même enseignant - vers 1150-1155 environ - Godefroid entre à Saint-Victor où il «se soumit à l’autorité d’un maître» qui fut Richard avant d’y déployer une activité intellectuelle et enseignante «en prose en vers rythmiques et métriques et en mélismes» et de remplir la charge de bibliothécaire et liturge (armarius). Philosophe et poète (auteur d’un Fons philosophiae dédié à Étienne de Tournai) prédicateur fécond (on conserve un volume de ses sermons) orateur quasi-officiel (dans des chapitres généraux de l’Ordre victorin ou des synodes parisiens) musicien et poète dans une abbaye qui illustre le genre de la séquence liturgique un peu artiste (il aura laissé des autoportraits) auteur d’une compilation canonique: ces talents multiples n’ont pas empêché Godefroid d’être considéré comme un auteur du second rang dont l’œuvre n’est accessible en des éditions dispersées que pour une faible part. Son Microcosmus pourtant va bien au-delà et pas seulement par sa masse de l’opuscule de circonstance. Plus encore Godefroid est avec Guillaume de Saint-Thierry et Absalon de Saint-Victor un des rares auteurs du xii e siècle dont on possède des autographes. La découverte après l’édition princeps de Philippe Delhaye en 1951 des autographes entiers ou partiels du Microcosmus demandait qu’en soit reprise à nouveaux frais l’édition en tenant compte de la transcription de Godefroid de ses propres interventions sur son manuscrit de sa transcription par un copiste des repentirs de celui-ci et des nouvelles interventions de l’auteur. Un apparat critique génétique permet de rejoindre le texte de Godefroid et de baliser les étapes de son émergence.
Maurice Tornay, chanoine régulier du Grand-Saint-Bernard (1910-1949). Écrits valaisans et tibétains
Édition intégrale
Chanoine régulier du Grand-Saint-Bernard missionnaire aux marches tibétaines Maurice Tornay y devait trouver le martyre en 1949. L’intérêt intrinsèque de son œuvre écrite principalement constituée par une correspondance d’une constante authenticité de ton s’impose à divers titres. Ses Lettres en effet ne sont pas sans évoquer par leur thématique spirituelle la correspondance d’une Thérèse de Lisieux ou d’une Elisabeth de la Trinité et par leurs descriptions pittoresques et toujours captivantes de ce qui était encore de fait le Tibet interdit elles rappellent le fameux Voyage en Tartarie et au Tibet du P. Huc. Ses lettres valaisannes qu’une perception juste de la discrète et austère poésie montagnarde signaleraient pour une anthologie régionaliste préludent à ses pages sur « la terre de feu et le ciel d’airain » des marches tibétaines d’un regard lucide et sans illusions. Ses Récits et Nouvelles tibétains ici intégralement donnés et composés à l’intention de ses correspondants helvétiques allient un talent littéraire certain à une lucidité aimante sur les êtres et cette portion du monde. Là entre les traverses d’une situation politique chaotique et d’une présence européenne désemparée s’est exercée une spiritualité de la vie quotidienne robuste tranquillement héroïque et délicatement attentionnée à autrui. Du collégien de Saint-Maurice d’Agaune au martyr d’Orient on saisit menée « sous la règle de saint Augustin » la trajectoire droite d’une âme tout orientée avec ses faiblesses mêmes vers la perfection et la grandeur. C’est aussi une page de l’histoire de l’Extrême Orient et de l’histoire missionnaire du XXe siècle qui est écrite et décrite. Cette seconde édition donne la totalité de l’œuvre écrite de Maurice Tornay connue à ce jour.
Les constitutions des chanoines réguliers de Windesheim. Constitutiones canonicorum Windeshemensium
Dans la ligne du congrès historique de la Mendola (1959) qui a marqué la reviviscence des études canoniales ont paru année après année les coutumiers et constitutions qui formèrent la littérature normative du mouvement canonial régulier. Ces éditions ont concerné les grandes fédérations ou congrégations canoniales avec le coutumier primitif de Saint-Ruf (1963) le coutumier d’Arrouaise (1970) le Liber ordinis de Saint-Victor (1984) ou de Prémontré. Elles n’ont pas négligé les micro-congrégations ou les maisons autonomes. Faisaient encore défaut les Constitutions des chanoines réguliers de Windesheim dont on ne possédait dans des éditions anciennes que des versions tardives prises à un moment d’un processus de constantes révisions et modifications décidées au fil de trois siècles de chapitres généraux. Ce manque était sensible eu égard aux centaines de maisons de cette vaste congrégation de son rôle dans le mouvement spirituel de la Devotiomoderna comme dans la production livresque. La présente édition met en lumière les méthodes de rédaction des constitutions confiée à une commission ses emprunts majeurs aux mondes cartusien victorin et dominicain et offre le texte qui s’approche le plus possible de la version originelle.
Marcel Haverals a fait porter ses recherches sur les manuscrits et l’histoire de la bibliothèque du Val Saint-Martin à Louvain (en collaboration avec Willem Lourdaux) et sur la Dévotion moderne et le chapitre général de Windesheim.
Sœur Francis Joseph Legrand chanoinesse du Couvent anglais de Bruges a publié des éditions de Florent Radewijns et Gérard Zerbolt.
L’oeuvre de Richard de Saint-Victor
De contemplatione (Beniamin maior)
Richard de Saint-Victor († 1173) d’origine écossaise fut à la fois un théologien un exégète et surtout un maître spirituel. Quelque peu éclipsé par la gloire de Hugues qui le précéda à l’abbaye de Saint-Victor il fut surtout connu par son De Trinitate alors et depuis influent et par Les douze patriarches (ou Beniamin minor) un premier essai d’analyse des voies de la contemplation.
Mais son ouvrage principalen ce domaine est le De contemplatione dit aussi Beniamin maior pour marquer qu’il prenait la suite du précédent et en achevait la quête. Ce fut dans l’Occident chrétien le premier traité théorique analysant les voies et les étapes de l’expérience mystique suprême. Beaucoup lu souvent cité il devint rapidement un classique et une autorité durables.
On en donne avec un texte latin amendé la première traduction française largement annotée.
Jean Grosfillier est docteur ès lettres en langues et littératures françaises et latines médiévales de l’université de Genève. Il a publié en 2008 une étude sur les Séquences d’Adam de Saint-Victor (Bibliotheca Victorina 20).
Histoire orientale. Historia orientalis
Sur les relations complexes et riches entre Occident et Orient l’Historia orientalis fournit un témoignage de premier ordre. Composée entre 1216 et 1227 par Jacques de Vitry alors évêque d’Acre elle déploie une riche documentation sur l’histoire de Jérusalem et des Lieux saints jusqu’en 1215 et présente le regard privilégié d’une grande personnalité latine à la fois homme d’Église de lettres et d’action sur les trois premières croisades les établissements latins en Terre sainte la fondation de l’islam l’histoire des divers peuples et communautés religieuses d’Orient la faune et les particularités naturelles des régions environnantes.
A mi-chemin entre l’histoire et le récit de voyage l’ouvrage est tiraillé entre la formation augustinienne de son auteur et la découverte de mondes nouveaux irréductibles aux schémas anciens. Dans le prolongement des Lettres publiées dans la même collection l’Historia orientalis de Jacques de Vitry attire l’attention par son ton pessimiste et désabusé : comme si le désordre des événements et la déception devant les revers obligeaient l’auteur à s’interroger sur le sens de l’histoire.
La présente édition s’appuie à travers l’editio princeps de 1597 sur un manuscrit presque contemporain de l’auteur confronté à dix des cent-vingt-quatre témoins conservés de cette œuvre à l’immense succès mais devenue presque inaccessible.
La montée du coeur. De spiritualibus ascensionibus
Avec ce volume de Gérard Zerbolt c’est un diptyque des débuts de la Devotio moderna qui s’achève dont le premier panneau était formé par le Tractatus devotus de reformatione virium animae du même auteur. Si ce dernier ouvrage assumait une bonne part du matériau du Petit manuel pour le Dévot moderne de Florent Radewijn le De ascensionibus intègre pour sa part l’essentiel du De reformatione. Au terme de ce processus cumulatif on se trouve donc ainsi en présence d’un traité aux fonctions polyvalentes : une défense et illustration des idéaux de la Devotio moderna un manuel davantage détaché des circonstances contingentes qui marquaient la genèse de cette littérature d’abord domestique et à ce titre propre à une large diffusion dans le temps l’espace et les divers milieux religieux. Des différences conceptuelles toutefois sont perceptibles entre ces deux ouvrages si proches. Le premier plus systématique semble être destiné à un public déjà au fait des premiers pas dans la vie dévote ; le second plus dynamique et où se fait jour une pénétration psychologique affinée prend son lecteur aux débuts d’un parcours intérieur pour lequel il se propose de le guider pas à pas. Son large et durable succès devait répondre à ces caractéristiques.
Ce volume achève la publication des ouvrages majeurs de l’initiateur de la Devotio moderna que fut avec Florent Radewijn et Gérard Grote déjà publiés dans la présente collection Gérard Zerbolt.
Un commentaire vercellien du Cantique des cantiques: "Deiformis anime gemitus"
Le Moyen Âge a inlassablement commenté le Cantique des cantiques comme dialogue spirituel entre l'âme et son Époux divin. Superposer à cette mystique nuptiale la mystique métaphysique du Pseudo-Denys fut une initiative du victorin Thomas Gallus promise à une grande faveur dans le monde cartusien. Le présent commentaire du Cantique («Deiformis animae gemitus») s'inscrit dans cette tradition en y ajoutant l'expression d'une dévotion au Christ crucifié aux accents franciscains. Un temps attribué à Thomas Gallus lui-même l'ouvrage doit probablement être restitué à un autre religieux de son abbaye un «Vercellensis» dont nous ne saurons peut-être jamais le nom complet. L'édition princeps jadis procurée par Jeanne Barbet a été revue et remaniée grâce à un nouveau recours aux manuscrits et assortie d'une traduction française due au P. Francis Ruello.
Traité de la division des royaumes. Introduction à une histoire universelle
Dans les premières années du XIVe siècle Jean de Saint-Victor entreprend la rédaction d'une chronique qu'il fait précéder d'une courte description des régions et des royaumes. Conduit à réviser ce travail et à lui donner l'envergure d'une histoire universelle depuis la Création désormais intitulée Memoriale historiarum il développe l'introduction initiale en un véritable traité fruit d'une réflexion longuement mûrie au contact des sources sollicitées pour l'élaboration de son premier texte. Il y expose à l'aide de tous les exemples historiques qu'il a pu rassembler ce qui lui apparaît commun l'une des lois fondamentales de l'histoire la divisio regnorum : tels des organismes naturels les royaumes mais aussi les empires naissent vivent et meurent. Ainsi fait-il place à la pensée aristotélicienne dans une lecture traditionnellement augustinienne de l'Histoire sainte.
Manuel de la réforme intérieure. Tractatus de reformacione virium anime
«Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho»: Gérard Zerboldt (†1398) trouve dans ces premiers mots de la parabole du Bon Samaritain le thème et l'articulation de son De reformacione virium anime. L'homme déchoit en quittant la cité de l'harmonie et de la paix Jérusalem pour celle de la confusion et des divisions intestines Jéricho. Il aura à parcourir le chemin inverse une remontée pour être restitué à son intégrité première par la réforme des «trois puissances» - la mémoire l'entendement la volonté. Elle s'opère par une exercitatio animi pour laquelle Gérard entend fournir son lecteur de moyens et de conseils. Le résultat est une cartographie des voies intérieures du voyage de retour où paraît le goût du concret didactique et classificateur de la Devotio moderna. À côté du Petit manuel pour le Dévot moderne de Florent Radewijns à usage domestique le traité de Gérard prit la forme d'un précis développé d'abord destiné à la première génération des Frères de la Vie commune puis largement répandu à travers ce qui fut d'abord plus que des institutions régulières une mouvance spirituelle aux cercles concentriques.
Avec le précédent volume de la même collection sur Florent Radewijns et celui sur Gérard Grote c'est un troisième initiateur de la Devotio moderna dont l'œuvre maîtresse est présentée.
L'œuvre de Hugues de Saint-Victor, 2
Super Canticum Mariae. Pro Assumptione Virginis. De beatae Mariae virginitate. Egredietur virga, Maria porta
L'oeuvre mariale de Hugues de Saint-Victor comprend pour l'essentiel trois courts traités une homélie et une sentence brève. Ce sont respectivement le Super Canticum Mariae commentaire du Magnificat le Pro Assumptione Virginis exégèse de quelques versets du Cantique des Cantiques présents dans la liturgie de la fête de l'Assomption le De beatae Mariae virginitate occasion de développements théologiques et spirituels sur le mariage chrétien l'homélie Egredietur virga sur Is 11 1 et Ct 3 6 et enfin les quelques lignes de Maria porta décrivant les rôles respectifs de Marie et du Christ dans l'histoire du salut. Ces textes présentent la Vierge à la fois comme un exemple pour ceux qui cheminent vers le Royaume et comme celle qui nous conduit au Christ. Malgré leur brièveté relative ils portent la marque de l'auteur dans les champs variés de la doctrina sacra car Hugues n'hésite jamais dans le souci d'instruire et d'édifier ses interlocuteurs à aller au-delà du commentaire marial proprement dit. On trouvera ici pour chaque ouvrage le texte latin sa traduction française ainsi qu'une introduction rapide et des notes visant à cerner quelques sources.
Petit manuel pour le dévot moderne. Tractatulus devotus
Le mouvement spirituel du XIVe siècle connu sous le nom de Devotio moderna a reçu outre l'impulsion de Gérard Grote († 1384) son organisation et son soutien de Florent Radewijns qui à côté de Gérard Zerbolt et à une place que son zèle de disciple privilégié ne déclarerait pas mineure doit être considéré comme un cofondateur. Rédacteur d'un rapiarium anthologie spirituelle à usage personnel ou communautaire des Frères de la Vie commune Florent a mis en œuvre le matériau ainsi rassemblé dans un ouvrage où paraît le génie didactique de la Devotio moderna aiguisé par ses premières tâches pédagogiques: le Tractatulus devotus est un véritable Petit manuel pour le dévot moderne d'une tonalité plus souriante que les écrits plus élaborés de son secrétaire Gérard Zerbolt.
La découverte du rapiarium comme source première du Petit manuel a permis d'en restituer le texte dans les meilleures conditions malgré la disparition en mai 1940 de l'unique manuscrit d'une œuvre à circulation interne représentant une forme de «littérature domestique».
Avec le précédent volume sur Gérard Grote paru dans la même collection c'est la seconde personnalité de la Devotio moderna qui est maintenant mise en lumière. L'Introduction de Thom Mertens reconstitue ce milieu où s'unissent activité de prière activité pédagogique et activité littéraire où la lecture est source de l'écriture.
Lettres et traités
La Dévotion Moderne (devotio moderna) mouvement de rénovation spirituelle qui fleurit aux Pays-Bas aux XIVe et XVe siècles fait actuellement l'objet de nombreux travaux historiques et thématiques. Elle a pour Père fondateur Gérard Grote (1340-1384) personnage contrasté d'une puissante originalité. Son oeuvre peu abondante mais variée d'où la polémique n'est pas absente est toute ordonnée à la volonté de guérir l'Eglise de ses maux (la simonie en particulier) et au désir de proposer à ses contemporains laïcs et clercs une spiritualité fondée sur l'intériorisation de l'Evangile et la réalisation de l'idéal de l'Eglise primitive avec un sens très fort de la justice. Après une présentation de la Dévotion Moderne et de son fondateur cet ouvrage offre en traduction française du latin et du moyen-néerlandais des textes autobiographiques de Grote (ses résolutions) des lettres de critique ou de direction spirituelle un sermon-traité sur la pauvreté monastique un traité savant sur la méditation de l'Ecriture sainte des gloses aux psaumes. Dans leur diversité ces oeuvres témoignent d'une grande culture théologique et classique (avec une nette influence stoïcienne) et culminent dans le désir sincère de suivre le Christ dans son abaissement et sa Passion et d'y entrainer ses contemporains.
Lettres de la Cinquième Croisade
Cette série de lettres écrites de Terre Sainte au temps de la Cinquième Croisade par Jacques de Vitry entre 1216 et 1221 livre un témoignage direct sur ce qu'a pu être la vie de la cohue des Croisés. Le regard incisif et le sens critique éveillé de Jacques de Vitry et sa verve transforment cette correspondance en une sorte de reportage captivant. Avec l'Historia orientalis du même auteur elle offre ainsi des documents privilégiés aux historiens des Croisades. La curiosité d'esprit de Jacques lui fait aussi accueillir dans une lettre plusieurs documents (cartae) d'origine musulmane sur la figure mythique du "Prêtre Jean". Le texte latin établi par R.B.C. Huygens permet de constater à quel point la langue de l'évêque de Saint-Jean d'Acre est riche d'un vocabulaire coloré.
Oeuvres, 1
De institutione novitiorum. De virtute orandi. De laude caritatis. De arrha animae
De Bonaventure à Gerson Hugues de Saint-Victor († 1141) fut l'un des auteurs les plus transcrits influents et goûtés. Sans doute parce que ce «second Augustin» philosophe théologien mystique et pédagogue toucha de son génie jusqu'aux artes liberales à la géographie et à l'histoire. Quatre chefs d'œuvre ouvrent la première édition et traduction française de son œuvre. Dans l'opuscule De la formation des novices art de vivre et de savoir-vivre une éthique exigeante guide la maîtrise du geste et de la discipline de la parole. De la puissance de la prière analyse les formes du discours adressé à Dieu en usant des préceptes de la rhétorique classique et cherche à concilier sincérité du sentiment personnel et psalmodie liturgique. Au siècle des délicatesses de l'amour courtois et de la redécouverte de la personne Hugues s'est complu à composer une hymne à l'amour (La louange de la charité) et à mettre en scène les intermittences du cœur dans un monologue à deux personnages: lui-même et son âme; et ce sont Les arrhes de l'âme une des perles de la littérature spirituelle du douzième siècle.
Quatorze proses du XIIe siècle à la louange de Marie
Choisies parmi les nombreux chants liturgiques composés au Moyen Age en l'honneur de Marie quatorze proses parisiennes du XIIe siècle sont ici présentées accompagnées d'une traduction française littérale. Elles appartiennent au groupe des remarquables séquences rimées et rythmées qui apparaissent vers cette époque associées au nom du célèbre poète-compositeur Adam chanoine à l'abbaye de Saint-Victor de Paris. Elles chantent le Verbe du Père prenant chair dans le sein de la Vierge elles louent Marie en raison de sa maternité virginale de sa saintete et de la maternité spirituelle qu 'elle exerce à notre égard pour nous joindre à son Fils. Elles n'oublient pas l'existence de l'Ennemi notre état de misére et notr besoin de salut.
Un symbolisme traditionnel en grande partie d'origine biblique se déploie en ces proses: il contribue à leur beauté et fait partie intégrante du riche enseignement doctrinal et spirituel dont elles sont porteuses. L'étude des sources possibles des reuvres étudiées comme celle du contexte dans lequel elles ont été écrites mettent en évidence l'influence profonde de l'Ecriture et de la liturgie ains que les ressemblances entre la langue de ces poèmes et celle de nombreux textes anciens et mediévaux.
Écrits valaisans et tibétains
Chanoine régulier du Grand Saint-Bernard missionnaire aux marches tibétaines Maurice Tornay devait y trouver le martyre en 1949. L'intérêt intrinsèque de son oeuvre écrite principalement constituée par une correspondance d'une constante authenticité de ton dépasse l'occasion de sa prochaine béatification. Ses Lettres en effet ne sont pas sans évoquer par leur thématique spirituelle la correspondance d'une Thérèse de Lisieux ou d'une Élisabeth de la Trinité et par leurs descriptions pittoresques et toujours captivantes de ce qui était encore de fait le Tibet interdit elles rappellent le fameux Voyage en Tartarie et au Tibet du P. Huc. Ses lettres valaisannes qu'une perception juste de la discrète et austère poésie de la vie montagnarde signaleraient pour une anthologie régionaliste préludent à ses pages sur "la terre de feu et le ciel d'airain" des marches tibétaines. Là entre les traverses d'une situation politique cahotique et d'une présence européenne désemparée s'est exercée une spiritualité de la vie quotidienne robuste tranquillement héroïque et délicatement attentionnée à autrui. Du collégien de Saint-Maurice d'Agaune au martyr d'Orient on saisit menée "sous la règle de saint Augustin" la trajectoire étonnamment droite d'une âme de ses progrès de ses grandeurs -et de ses défauts. C'est aussi une page de l'histoire de l'Extrême Orient et de l'histoire missionnaire du XXe siècle qui est écrite et décrite.