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Des textes bien connus arrivent quelquefois à échapper longtemps à une interprétation qui satisfasse tout le monde. C’est le cas notamment de quelques chapitres fameux du De gubernatione Dei de Salvien de Marseille, qui ont trait au patronage anti-fiscal et à l’état du colon. Le «colonat» est redevenu un sujet de débats depuis l’intervention, en 1982, de J.-M. Carrié, mais risque actuellement d’être perdu de vue. Ce qui importe le plus pour les huit chapitres de Salvien, c’est de les décharger de leur redites et d’en faire ressortir un récit en ligne droite. Une paraphrase du texte en question nous occupe tout d’abord. L’attention se porte ensuite vers cinq interprétations récentes dont aucune n’arrive à maîtriser le sens de Salvien. Une étude attentive des huit chapitres est alors proposée, traçant la route par laquelle un paysan propriétaire père se transforme peu à peu en un locataire fils, c’est-à-dire en un colon. De Salvien on passe à une lettre de Sidoine Apollinaire, s’occupant elle aussi de l’état colonnaire. On constate que les deux auteurs donnent une couleur nettement servile au colon. Ces études se complètent d’un examen du ius colonatus. Il jette un coup d’œil, pour commencer, sur la conception révisée de l’esclavage agraire sous le Bas Empire et sur la thèse de J.-M. Carrié, dont l’orientation fiscale est largement admise. Pour finir, l’attention se porte vers l’état du colon, en faisant ressortir l’absence de devoirs des colons-enfants ainsi que les droits de la cellule familiale colonaire vis-à-vis du propriétaire. Le témoignage de Salvien et de Sidoine est intégré à la discussion.