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Dans les Pensées de Pascal, le lecteur est confronté à une multiplicité de je. Le plus frappant provient du fait que tous ces je ne désignent pas un locuteur unique, certains de ces je étant parfois en totale contradiction les uns avec les autres. La présente étude va s’intéresser spécifiquement au je chrétien, laissant de côté le je autobiographique et le je non chrétien. Le je chrétien des Pensées ou plus exactement les je chrétiens au pluriel ne sont pas le prolongement d’un discours authentiquement personnel. Au contraire, les Pensées comportent principalement deux grandes catégories de je chrétiens : les uns renvoient à des chrétiens raisonnables, les autres à des chrétiens accomplis, c’est-à-dire, dans une terminologie pascalienne, à des chrétiens ayant reçu la grâce. Par ailleurs, à la lecture du texte de Pascal, l’on ne peut s’empêcher de relever l’absence du je jésuite, une absence qui loin d’être un oubli se révèle lourde de sens.
AbstractIn Pascal’s Pensées, the reader encounters a multiplicity of “I’s.” The most astonishing thing about Pensées is that not all of these “I’s” refer to the same speaker. Some of them are even in contradiction. This article focuses on the study of the Christian “I’s,” leaving out the autobiographical “I” and the non- Christian “I’s.” The Christian “I” in Pensées, more precisely the Christian “I’s,”are not an extension of the personal voice of Pascal. On the contrary, Pensées display two main categories of Christian “I’s”: (a) the rational Christians and (b) the accomplished Christians (that is, in Pascalian terminology, Christians who have received the grace). In addition, while reading Pensées, one cannot avoid noticing the absence of the Jesuit “I’s.” Far from being an omission, this absence carries a lot of meaning.