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Depuis les années 1980, la notion de pseudo-traduction s’est trouvée partagée entre deux disciplines, les études littéraires et les études de traduction : les unes et les autres privilégient en elle les traits sémantiques les mieux assortis à leurs visées respectives. Or, les deux sortes d’investissement de la pseudo-traduction ne rendent pas assez compte des rapports complexes entre les concepts de pseudo-traduction et de traduction proprement dite : celle-là dérive en effet de celle-ci mais en demeure également tributaire jusqu’à un point élevé. Corrélativement, on n’oubliera pas que ces rapports ont pu engendrer un large éventail d’usages discursifs de la pseudo-traduction, qui peut en effet s’appliquer à des unités textuelles de rang inférieur (des citations, des notes) et s’associer de la sorte à plusieurs catégories du discours (dialogue, commentaire métanarratif, personnage, code langagier, etc.). Non seulement, comme y incitent en particulier les littératures contemporaines, il s’impose désormais de compter la pseudo-traduction aussi bien que la traduction parmi les techniques majeures de mise en scène des langues au sein des oeuvres ; l’étude des traductions-oeuvres peut inciter la traductologie à s’ouvrir davantage à l’analyse historique du discours littéraire : en croisant les corpus de traductions et de pseudo-traductions, en étayant les comparaisons des unes et des autres sur une poétique des œuvres.
AbstractSince the 1980s, the concept of pseudotranslation has been shared by two disciplines, literary studies and translation studies: both select in it those semantic features that match best their respective subjects. However, both ways to approach pseudotranslation do not account enough for the complex relations between the concepts of pseudotranslation and translation proper: the former derives from the latter but also continues to depend on it. Correlatively, one should not forget to further explore the discursive uses of pseudo-translation, which may indeed apply to textual units of lower rank (citations, notes), and invest other categories of discourse (dialogue, metanarrative commentary, character, language code, etc.). Not only, as shown in particular by contemporary literature, is it necessary to count both translation and pseudotranslation among the numerous techniques designed to represent languages and their relations; the study of such complex literary works should encourage translation studies to further open its scope for the historical analysis of literary discourse: by integrating the study of translations and pseudotranslations, by focusing on the poetics that steer the interaction between both.