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Le présent article a pour objectif de mettre en évidence les enjeux que soulève la pratique de la pseudo-traduction telle qu’elle a été abordée dans les articles rassemblés dans ce dossier des Lettres romanes. Il s’agit notamment de montrer l’intérêt d’une telle recherche pour éclairer les modes de fonctionnement de l’institution littéraire ainsi que du domaine de la traduction. Les études réunies envisagent ce type de textes dans la longue durée, de la période médiévale à nos jours, dans la littérature française. Elles permettent en particulier de souligner combien ce dispositif textuel repose sur une paradoxale absence d’original, qui en conditionne la poétique et qui détermine un pacte de lecture fluctuant faisant, à l’occasion, l’objet de controverses. Celles-ci touchent notamment à la nature, authentique ou non, d’une altérité culturelle construite de toutes pièces, et qu’il importe d’envisager selon la place qui est la sienne dans la trajectoire d’un écrivain. L’on ne pratique en effet jamais la pseudo-traduction par hasard. Elle révèle toujours une part cruciale de l’imaginaire de celui qui s’y livre en même temps qu’elle fournit des indications quant à l’état d’un champ littéraire et d’une pratique.
AbstractIn this article, we attempt to survey the issues at stake in the practice of pseudotranslation, as they have been identified by the contributors to this number of Les Lettres romanes. More specifically, we aim to illustrate how this type of research can contribute to a clarification of the functional modalities of both the literary institution as such and the field of translation. The articles collected here employ a transnational perspective, and all are focused on French literature, ranging from medieval pseudotranslations to contemporary fiction. The contributions emphasize the extent to which this specific textual device -and its poetics- rely on a paradoxical absence of the source text. This deficiency gives way to a fluctuating “reading contract” which can, at times, even become the object of controversies. These particularly concern the more or less authentic nature of cultural otherness as a textual invention which needs to be considered from within the author’s own trajectory as a writer. Indeed, it would appear that pseudotranslation is never innocent, but always reveals crucial aspects of both the author’s own imagination and the state of a literary field and textual practice in general.