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Il s'agit d'élucider le rapport de Henri Michaux au contact, comme modalité poly-sensorielle d'appréhension du monde. Une haine du contact s'exprime à de multiples reprises dans cette œuvre, et transite notamment par le refus de la colle. Cette dernière suscite en effet des affects négatifs tels que la gêne et le dégoût. Une stratégie de repli est mise en place, qui consiste à demeurer dans la chambre. Or, cette dernière s'avère déjà traversée par des forces du dehors, ses surfaces internes deviennent externes, dans un processus d'invagination. La gêne, notamment, peut être suscitée de l'intérieur. Dans la drogue, Michaux découvre de plus une expérience de sensibilité exacerbée, sans possibilité de retrait. Mais de cette intrusion du sensible dans la sphère propre, nous voulons disculper le contact, lequel est précisément affaire de distance.
AbstractThis paper examines Henri Michaux's relationship to contact as a polysensory form of apprehension of the world. An aversion to contact is expressed on multiple occasions in his body of work, involving in particular the rejection of glue, which inspires negative affects, such as awkwardness and disgust. An avoidance strategy consists in retreating to the bedroom. The problem is that the bedroom is already traversed by outside forces, and its internal surfaces become external through an invagination process. Awkwardness, for instance, may come from the inside. Michaux finds in drug use an experience of heightened sensibility, without the possibility of retreat. Here we argue in favour of absolving contact, which is precisely a matter of distance, from this intrusion of sensibility in the personal sphere.