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Cet article s'attache à mettre en question les enjeux liés au récit enchevêtré et spasmodique d'une bataille dévastatrice de la Grande Guerre développé dans le roman Cris, de Laurent Gaudé, et à ses effets sur la lecture : il cherche à saisir les modalités d'une structure explosive relatant un moment meurtrier de l'Histoire, par le biais d'une multiplicité de personnages qui livrent leurs émotions à travers des monologues intérieurs effrénés. Portée par des voix précaires, la narration s'élabore ainsi dans une forme de complexité qui renvoie à l'opacité inhérente à la relation d'un événement du passé ; aussi, l'article s'emploie-t-il à étudier la visée cathartique de ce roman qui tend à représenter ce qui est de l'ordre de l'indicible, en donnant un tombeau à des anonymes dans le but d'inscrire leur souvenir dans la mémoire collective.
AbstractThis article endeavours to question the stakes linked to the interwoven and spasmodic narrative of a destructive battle of the Great War expanded in the novel Cris by Laurent Gaudé and to the effects of its reading : it attempts at capturing the forms of an explosive structure relating a deadly moment in History through a multiplicity of characters who reveal their emotions via frantic streams of consciousness. Expressed by precarious voices, the narration thus builds up into a kind of intricacies which refer to the opaqueness inherent to the narration of a past event; to that extent the article stresses the cathartic purpose of this novel which tends to represent what is in the nature of the inexpressible, by giving a tomb to anonymous beings so as to engrave their memory in the collective memory.