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À l’indépendance, les écrivains algériens participent à l’écriture d’une Histoire nationale désaliénée qui structure l’imaginaire national en puisant dans des représentations mythiques fédératrices. Néanmoins, les soulevements d’Octobre 1988 ébranlent l’épopée mythique composée pendant les années Boumediene et Bendjedid. La contestation du récit national s’est transposée dans le roman algérien ; obsédés par la problématique du discours historique, les écrivains algériens se lancent dans une quête de l’Histoire qui explore les territoires intérieurs de la mémoire algérienne. Cette esthétique de l’intime permet de s’introduire dans les recoins oubliés de l’Histoire et d’en révéler les pathologies. L’énigme de la mémoire collective impose ses fictions. La mémoire occultée est le point de départ de nouveaux récits fictionnels qui viennent rectifier les errances du récit national. Cet article se propose d’analyser la fonction de dévoilement de l’Histoire endossée par la figure du moudjahid dans les romans Les Vigiles (1991) de Tahar Djaout et La Malédiction (1993) de Rachid Mimouni. Situé à la croisée de tensions, entre la mémoire collective et la mémoire individuelle, ce personnage archétypal dans la littérature algérienne participe à la mise en place d’une herméneutique mémorielle qu’il convient d’éclairer.
AbstractIt is at the outset of independence that Algerian writers participate in drafting the nation’s history. It is a de-alienated History that structures the national imaginary and draws on unifying mythical representations. The 1988 ‘Black October’ riots however, challenged this mythical period built during the Boumediene and Bendjedid years. At that time, protesting the national narrative becomes part of the Algerian novel. Obsessed with the issue of historical discourse, Algerian writers embark on a Historical quest that navigates the insides of Algerian memory. This aesthetic of intimacy allows us to enter the forgotten fragments of History and reveal their pathologies: henceforth the ambiguity of collective memory that creates fiction. A concealed memory is the starting point of new fictions that are aimed at correcting the national narrative. This article aims to analyse the function of the unveiling of History embodied by the moudjahid character in the novels Les Vigiles (1991) by Tahar Djaout, and La Malédiction (1993) by Rachid Mimouni. Placed at the intersection of individual and collective memory, the moudjahid archetype in Algerian literature participates in the establishment of a hermeneutics of remembrance that ought to be explored.