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Dans son poème « Infinitif du temps », le poète antillais, Édouard Glissant, appelle à « désengager la filiation », une filiation imaginaire qui s’empare de la raison et de l’histoire pour les figer en un « territoire absolu », celui de la légitimité. Cette interpellation tient une place centrale dans la quête de l’auteur pour ouvrir l’imaginaire à une philosophie de la relation libérée de l’emprise coloniale. Remettre le temps commun à l’infinitif, c’est se donner la chance de pouvoir le conjuguer à nouveau de différentes manières. Un tel geste comporte trois conditions du point de vue de l’opération épistémique qu’il sollicite : une optionalité, une contre-poétique et une « mémoire dangereuse » du passé confisqué. C’est en fonction de ces trois conditions que l’appel à la « défiliation » de l’imaginaire prend tout son sens : résister à la passivation du temps figé.
AbstractIn his poem “Infinitive of time”, the West Indian poet Édouard Glissant calls for the “disengagement of filiation,” an imaginary filiation that takes hold of reason and history to freeze them in an “absolute territory,” that of legitimacy. This questioning is central to the author’s quest to open up the imagination to a philosophy of relations freed from colonial control. Putting the common time back into the infinitive means giving ourselves the chance to conjugate it anew in different ways. Such a gesture entails three conditions in terms of the epistemic operation it requires: optionality, counter-poetics and a “dangerous memory” of the confiscated past. In terms of these three conditions, the call for the “defiliation” of the imaginary takes on its full meaning: to resist the passivation of frozen time.