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oa Le ministère et les médiations de la paraclèse dans les Homélies « sur les statues » de Jean Chrysostome
- Brepols
- Publication: Revue d'Etudes Augustiniennes et Patristiques, Volume 54, Issue 2, Jul 2008, p. 257 - 283
Abstract
C’était un usage pastoral largement répandu, au ive siècle, que de commenter aux fidèles, pendant le Carême, le livre de la Genèse. Durant le printemps 387, la fameuse révolte dite des « Statues » qui éclate à Antioche suite à une ponction fiscale oblige Jean Chrysostome à s’avancer sur le front de l’actualité, sans renoncer néanmoins à son programme d’exégèse. Belle occasion pour lui de déployer une riche panoplie catéchétique qui permettra à sa chère cité de se reconnaître et de s’autocritiquer à travers les figures scripturaires qu’il lui présente. Mais, à travers les Homélies sur les Statues, le prédicateur ne se borne pas à administrer à son peuple la paraclèse qui vient des Écritures ni à lui désigner l’espace-temps liturgique comme un puissant anti-dépresseur : en désignant l’Église comme mère et maîtresse de consolation face à un pouvoir civil dont il s’entend à légitimer la consistance et la sévérité, il esquisse une véritable théologie politique. Compte tenu de la remarquable orchestration oratoire qu’il lui a donnée, la crise en question n’est pas sans avoir contribué, sans doute, à l’émergence de Jean comme personnalité publique : plus profondément encore, elle a représenté pour lui un moment clef dans l’apprentissage de la paternité spirituelle.
AbstractIn the 4th Century during Lent there was a widespread custom of giving the faithful exegetical teaching on the Book of Genesis. In the Spring of 387 Antioch was in uproar in the renowned revolt of the Statues against imperial taxation and it was this which brought John Chrysostom’s preaching into the limelight but without abandoning his exegetical program. It was the perfect moment for him to deploy a rich battery of teaching which caught the attention of his well loved city and laid him open to critical eyes focused on the scriptural personalities he was examining. But throughout the Homilies on the Statues the preacher is not limited to giving the encouragement which comes from studying the Scriptures nor to using the liturgical continuum as a potent anti-depressant: rather he outlines a truly political theology giving the Church the role of mother and mistress of consolation vis à vis a civil power trying to legitimise intransigence and severity. Considering the remarkably gifted oratory which he used in this crisis, it undoubtedly contributed to John Chrysostom’s emergence as a public figure: more profoundly it is a defining moment in his apprenticeship of spiritual fatherhood.