Full text loading...
L’idée selon laquelle l’ “Antiquité tardive” est une période distincte dotée de son existence propre n’est pas une invention de ces cinquante dernières années, mais a une longue histoire qui remonte au début du 20e siècle. Riegl a montré que l’art de l’époque romaine tardive possédait ses caractères propres, distincts et tout à fait positifs. L’école de la Religionswissenschaft a attiré l’attention sur une religiosité spécifique de l’époque tardive. En se fondant sur ces nouveaux points de vue, Spengler a construit sa “Magische Kultur”. Quand il eut fini d’écrire son Saint Augustin et la fin de la culture antique, Marrou se rendit compte qu’il venait de décrire le représentant d’une civilisation intellectuelle originale, d’une culture dont son livre est resté l’exposé de référence. Les spécialistes qui, de nos jours, travaillent sur l’Antiquité tardive ont pu faire fond sur le travail de ces prédécesseurs, tout comme sur celui de bien d’autres qui ont traité cette période soit comme l’arrière-saison de l’Antiquité classique, soit comme le début de la chrétienté médiévale. Mais que l’historien/ne traite l’époque romaine tardive comme une période dotée de son existence propre, ou qu’il/elle la rattache étroitement à ce qui précède ou à ce qui suit, son choix en faveur de telle ou telle périodisation est, d’ordinaire, fortement influencé par des considérations étroitement en rapport avec son propre univers.