Full text loading...
La relation entre les empereurs romains de l’époque tardive et la ville de Rome est traditionnellement présentée comme un délaissement de la cité au bénéfice de lieux qui répondaient mieux aux exigences militaires, politiques et religieuses de cette période. Or, l’historiographie récente amène à penser que pendant l’Antiquité tardive, la position impériale vis-à-vis de l’ancienne capitale de l’Empire a été plus complexe. Le présent article s’appuie sur cette conception et y introduit une nouvelle perspective, en s’intéressant davantage aux déplacements des femmes de la famille impériale qu’à ceux des princes qui ont dominé les débats académiques sur la Rome impériale de l’Antiquité tardive. Une lecture attentive de nos sources suggère que nombre des membres féminins des familles impériales ont résidé à Rome entre le début du ive et le milieu du ve siècle, durant des périodes souvent beaucoup plus longues que les membres masculins des dynasties. L’article propose de nouvelles pistes pour aborder ces témoignages, en soulignant les points de vue généralement masculins des sources, pour la plupart fragmentaires, mais aussi la nécessité de différencier divers types d’identités féminines. La dernière partie de l’article développe cette approche en abordant un cas d’étude précis, celui des relations entre Rome et les femmes de la dynastie constantinienne, dont nombre d’entre elles ont résidé à Rome durant au moins une partie de leur vie. Si l’on considère ces dernières à travers les différents rôles qu’elles ont tenus au sein de la famille impériale et comme liens entre les grandes familles, on s’aperçoit que la présence des princesses impériales à Rome non seulement a une longue histoire qui remonte au temps de la Tétrarchie, mais surtout a d’étroites connexions avec celles de l’aristocratie sénatoriale romaine. De plus, cette situation a engendré des problèmes particuliers au sein du projet impérial de Constantin, auxquels lui, et peut-être ses fils, ont tenté de remédier en rendant plus visibles encore à Rome les femmes de leur entourage.