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Si la pseudonymie désigne correctement la pratique auctoriale sous le signe de laquelle Fatma-Zohra Imalhayène devient Assia Djebar elle peut paraître inappropriée dans l’optique de l’analyse du « cas Khatibi ». En effet, ce nom n’est pas à proprement parler un pseudonyme, mais bien le nom « civil » de l’auteur. Cependant, non seulement la pratique pseudonymique n’est pas étrangère à l’écrivain marocain, mais le nom dont il est le porteur, qu’il désigne du terme de pseudonyme, engage aussi de nombreux enjeux tant dans la formalisation de l’œuvre que dans la réflexion qui lui est associée. Ce questionnement poétique, tel qu’il prend corps dans et par deux écritures placées sous le signe de la pseudonymie, souligne la porosité de la frontière qui parfois départit le civil et le poétique. Il apparaît en outre comme révélateur du rapport des écrivains à leurs écritures, surtout quand elles sont autobiographiques, à leur culture plurielle ainsi que de la formalisation d’une esthétique, à chaque fois unique, au delta des cultures d’Orient et d’Occident. On considérera dans cette perpective comment se conjugue pour chacun l'héritage de l'onomastique arabomusulmane, patente dans les sociétés maghrébines, à la réappropiation de l'autobiographie, « succédané » de la confession chrétienne.
AbstractIf « pseudonymous » designates correctly the authorial practice by which Fatma-Zohra Imalhayène becomes Assia Djebar, it seems less appropriate in the instance of the case of Khatibi. Indeed, this name is not, strictly speaking, a pseudonym, but in fact the « true » name of the author. Nevertheless, not only is this author familiar with pseudonymous practices, but the name he bears and which he deems a pseudonym also implicates stakes as much in the constitution of his body of work as in reflection upon it. His poetic investigations, such as they take form in and by two bodies of writing placed under pseudonymous approaches, highlight the porousness of the boundary that sometimes separates the literary from the « civilian ». Moreover, his exploration can be taken as revelatory of the relation between writers and their writings, especially when they are autobio-graphical. It also is involved in ties to the plurality of cultures in which they live, as well as to the establishment of an esthetics, for each writer unique, in the « delta » of eastern and western cultures. Our reading thus adopts this perspective to consider how for Djebar and Khatibi each brings together the legacy of Arab-Muslim onomastics (inescapable in Maghrebi societies) with the reappropriation of autobioraphy, a Christian confessional derivative.