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Prenant l’hypothèse selon laquelle il est, dans Le Misanthrope de Molière, davantage question de forme que de fond, de manières d’être que d’idéaux absolus, nous proposons de porter un regard sur la pièce à la lumière de cette modalité d’être privilégiée durant l’Antiquité : la parrêsia, que l’on traduit par « franc-parler », « dire-vrai » (Michel Foucault). Dès l’abord, cette franchise, ce « dire-vrai », Alceste s’en réclame. Si toutefois la pièce semble signifier la mise au ban de cette franchise par la sortie finale du personnage principal, nous devons néanmoins nous demander, d’une part, si la parrêsia, non pas seulement en tant que principe esthétique de représentation sociale, mais aussi en tant que mode de subjectivation (éthique), ne continue pas encore, mais d’une autre manière, à tramer le tissu des subjectivités au xviie siècle, et, d’autre part, si cette nouvelle lumière sur la subjectivité classique ne nous encourage pas à réévaluer notre lecture de la morale à cette époque.
AbstractTaking the assumption that, in The Misanthrope by Molière it is, more a matter of form rather than substance, more a matter of ways of being rather than absolute ideals, we propose to reexamine the play in the light of this modality of being, favored in Antiquity: parrhesia, usually translated as “outspokenness,” “truth-telling” (Michel Foucault), which Alceste claims to practice from the outset. However, if, the play seems to signify the banning of this outspokenness, by the final exit of the main character, we must still ask ourselves, first, if parrhesia - not only as an aesthetic principle of social representation, but also as a mode of subjectivation (ethics) -, does not continue, but in a different way, to feed the development of subjectivities in the seventeenth century, and, second, to what extent this new understanding of classical subjectivity may give us the opportunity to reassess our interpretation of morality at that time.