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Musset et Mérimée font leurs débuts en littérature grâce à la pseudo-traduction. Ce choix invite à mesurer la valeur esthétique de la pseudo-traduction à l’époque romantique et à mieux comprendre le statut que ces oeuvres occupent dans leur rapport avec les autres genres. Chez l’un comme chez l’autre de ces deux écrivains, la pseudo-traduction fonctionne à la fois comme un laboratoire et une manière de s’affranchir des normes et des systèmes, en imitant la littérature étrangère autant qu’en la traduisant. Un tel travail de manipulation des textes et de l’identité des auteurs suggère trois pistes d’investigation. La recherche de la nouveauté prime au seuil de 1830, dans une période charnière du romantisme ; cette quête est sous-tendue par un besoin d’affirmer une individualité d’auteur, face aux « mages » du romantisme ; enfin, le geste de la pseudo-traduction renvoie à une poétique d’auteur qui se pérennise dans les oeuvres à venir de Musset et de Mérimée.
AbstractMusset and Mérimée made their début on the literary scene through pseudotranslation. Their choice calls for a study of the esthetic value of pseudotranslation during the romantic period and for a better understanding of its status with regards to other genres. For both authors, pseudotranslation functions both as a laboratory and a way to free themselves from the prevailing norms and systems, by translating as much as imitating a foreign literature. Such a manipulation of texts and authorial identity suggests three avenues of research. The search for novelty prevails on the threshold of the 1830s, which is a turning point for romanticism; this quest is underpinned by a desire to affirm the individuality of the author in the face of the “masters” of romanticism; finally, the gesture of pseudo-translation refers to an authorial poetics which is perpetuated in the later works of Musset and Mérimée.