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Cet article s'intéresse à la réflexivité de l'essai littéraire entendu comme pensée qui ne se dissocie pas du sensible. Je porterai attention à la fonction des gestes dans la réflexion de La Bulle d'encre de Suzanne Jacob. Je montrerai comment la gestualité est investie par le texte pour sa médialité et sa conduction. La réflexivité de l'essai se situe alors dans sa capacité à faire des liens entre des pratiques, des situations et des images apparemment étrangères les unes aux autres. Cette médialité bouleverse le rapport au sens du texte, que je propose de penser dans les termes d'une écologie : où le sens ne s'entend pas comme un contenu sur lequel on peut fermer la main mais bien comme un ensemble de liens que la réflexion vise à rendre visible et à parcourir. Cette réflexivité écologique se condense dans une attitude critique marquée par la vulnérabilité : notamment dans sa capacité à penser avec ce qui est absent. Attitude qui se fait politique lorsqu'on la replace en contexte néolibéral.
AbstractThis article questions the notion of reflexivity in the literary essay - understood as a way of thinking that doesn't distinguish itself from the sensitive world. I will focus on the function of the gesture in the thinking of La Bulle d'encre by Suzanne Jacob. I will show how gesture is invested by the text for its mediality and conduction. The essayistic reflexivity leans on the capacity to link practices, situations and images that look extraneous to each other at first sake. This mediality disrupts the relation of the text to meaning and I propose here to understand the latter as an ecology. Then, meaning is not considered as a content that you can possess, but as a net of links which reflection wanders and makes visible. This ecologic reflexivity summarizes in a critical attitude marked by vulnerability: especially in its capacity to think what is absent. It is an attitude that becomes political when it is replaced in the neo-liberal culture.