Full text loading...
Dans un exposé préliminaire sur le sens caché de l’Écriture, un dialogue antijuif anonyme du vie siècle transmet un témoignage sur la polémique antichrétienne de Porphyre. Le philosophe est mentionné aux côtés de Celse et de Julien pour avoir dénoncé le caractère ridicule de l’épisode de Gn 3, 1 sqq. sur le serpent tentateur. Le témoignage est crédible, car Celse et Julien avaient en effet critiqué cet épisode biblique. Par ailleurs, il peut être rapproché du fr. 42 Harnack, qui transmet une critique du récit voisin de Gn 2, 17. Cependant, les différentes apories soulevées dans le dialogue à propos de Gn 3, 1 sqq. trouvent toutes des parallèles dans la littérature chrétienne, indépendamment, semble-t-il, d’une quelconque polémique antipaïenne. Il est donc difficile de faire la part de ce qui peut revenir à Porphyre et de ce que l’auteur du dialogue doit peut-être à des sources chrétiennes. Quelques remarques stylistiques pourraient confirmer la présence d’un noyau porphyrien, quoique aucune d’elles ne soit vraiment décisive. L’ensemble du dossier sur le sens caché de l’Écriture pourrait remonter au Commentaire sur la Genèse d’Origène et/ou à celui de Didyme l’Aveugle. C’est peut-être par l’intermédiaire de ce dernier, ou d’un Contra Porphyrium, que l’auteur du dialogue a pu connaître les attaques de Porphyre. Après cette enquête sur les sources possibles du dialogue antijuif, il apparaît que son témoignage mérite d’être pris au sérieux. Il permet de supposer, sinon de démontrer, que Porphyre avait critiqué l’épisode de Gn 3, 1 sqq. dans son traité Contre les chrétiens. C’est une nouvelle pièce apportée au dossier de l’exégèse porphyrienne de l’Ancien Testament.
AbstractIn a preliminary discussion about the hidden meaning of Scripture, an anonymous antijewish dialogue, dated to the 6th century, contains a testimony on Porphyry’s polemic against the Christians. The philosopher, like Celsus and Julian, is supposed to have ridiculed the story of the tempting snake in Gn 3, 1 sqq. This testimony is credible, since Celsus and Julian had criticized this biblical narrative. Besides, it may be confronted to fr. 42 Harnack, which contains a criticism of Gn 2, 17. However, the questions raised in the dialogue about Gn 3, 1 sqq. find many parallels in the Christian literature, independently, as it seems, from any antipagan polemic. Thus, it remains difficult to distinguish between what the dialogue may owe to Porphyry, and what he may owe to Christian sources. A few stylistic remarks might indicate that the testimony does derive from Porphyry, though none is conclusive. The whole development on the hidden meaning of Scripture might stem from Origen’s and/or Didymus’ Commentary on Genesis. The author of the dialogue may owe his knowledge of Porphyry to Didymus’ commentary, or to a Contra Porphyrium. This investigation on the dialogue’s possible sources leads to the conclusion that the testimony deserves close attention. It does not demonstrate, but at least suggests, that Porphyry had criticized Gn 3, 1 sqq. in his work Against the Christians. It sheds a new light on Porphyry’s exegesis of the Old Testament.