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Une sorte d’« estrangement » progressif touche les poétesses grecques entre le vie siècle avant J.-C. et le XIIIe siècle de notre ère. Aux origines en effet, à l’époque des premières d’entre elles (Sappho, Praxilla...), les poétesses incarnent une altérité par rapport aux hommes. Puis, à mesure que le temps passe, les commentateurs font d’elles des étrangères et s’efforcent de les concentrer sur Lesbos. Le changement d’aire culturelle n’explique pas tout : il semble que la spécificité initiale se développe et conditionne in fine la perception des poétesses comme des marginales, non pas en fonction de leurs origines mais en raison de leur sexe. Si Lesbos est la patrie d’élection des poétesses en référence à Sappho, il reste que l’ancrage oriental de ce groupe de femmes est probablement dû aussi à leur caractère atypique et, en un sens, viril.
AbstractBetween the 6th century BC and the 13th century AD, Greek female poets were gradually perceived as foreigners. In the beginning, when Sappho or Praxilla lived, female poets were thought to be fundamentally different from male writers. Then, as time goes by, Greek scholars ended up considering they were all foreigners coming from Lesbos, from the margins of Greek world. Cultural change doesn’t explain it all: Greek female poets difference turned out to be the roots of their paradoxical removal from Greek cultural sphere of influence, due to their gender rather than to their towns of birth. Lesbos became a symbolic homeland because of Sappho. Yet, the link between them and Eastern Mediterranean shores is probably a result of their special and manly status.