Recherches Augustiniennes et Patristiques
Volume 41, Issue 1, 2025
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Être présent à soi-même en écrivant à un autre : pratique épistolaire et retour sur soi dans les lettres d’Augustin à Nebridius
show More to view fulltext, buy and share links for:Être présent à soi-même en écrivant à un autre : pratique épistolaire et retour sur soi dans les lettres d’Augustin à Nebridius show Less to hide fulltext, buy and share links for: Être présent à soi-même en écrivant à un autre : pratique épistolaire et retour sur soi dans les lettres d’Augustin à NebridiusBy: Karin SchlapbachAbstractCet article examine l’usage qu’Augustin fait des topoi épistolographiques pour créer sa propre version de la lettre philosophique. Quel est l’apport des modèles de Cicéron et de Sénèque dans son échange avec Nebridius (epist. 1-14) ? En s’inspirant de la notion d’auto-examen et d’aveu (ἐξαγόρευσις), que Foucault identifie comme un développement central du christianisme à partir du deuxième siècle, l’article explore dans quelle mesure la pratique épistolaire permet d’être en contact avec un autre et en même temps de s’examiner et donc d’être en contact avec soi-même. Nous verrons qu’au lieu de simplement considérer la lettre comme substitut de la présence physique de l’ami, Augustin rappelle à Nebridius que l’effort de s’élever vers Dieu peut mener à une communion plus parfaite avec l’ami. Cette variation néoplatonisante du topos de la présence épistolaire est assez singulière.
AbstractThis essay examines how Augustine uses epistolary topoi to create his own version of the philosophical letter. It asks in particular what role the models of Cicero and Seneca may play in the letter exchange with Nebridius (epist. 1-14). Inspired by the notion of self-examination and confession (ἐξαγόρευσις) which Foucault identifies as a crucial Christian practice starting from the second century, the essay explores to what extent letter-writing allows one to be in contact with another while also examining oneself and being in contact with oneself. We will see that rather than simply considering the letter as a substitute for the physical presence of a friend, Augustine reminds Nebridius that the effort of elevating oneself towards God can yield a more perfect communion with an absent friend. This Neoplatonic variation of the topos of epistolary presence is rather singular.
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Du bon usage de la philosophie : La lettre 118 d’Augustin à Dioscore
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AbstractIn letter 118, generally dated to the end of 410, Augustine responds in a singular way to the request of Dioscorus, a young Greek who stopped in Carthage on a study trip, and who asked him to clarify certain passages in Cicero’s De natura deorum. But the bishop is alarmed by the desire for praise that moves the recipient. We propose to analyze this letter, whose philosophical content is undeniable, as a “protreptic” letter. The protreptic intention that animates the letter allows it to be read as a guide to the proper use of philosophy in the light of Christian teaching. Following this protreptic dynamic, we will first examine the action of care and correction that Augustine leads towards Dioscorus, then how he offers him a discourse on the ends and a table of the history of philosophies inspired by his Dialogues of Cassiciacum and announcing the City of God. Augustine can then close his remarks with a lesson in hermeneutics of the Ciceronian text.
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Augustine, Progymnasmata and the Question of Incarnation. Rhetorical Analysis of Aug. Ep. 137,4-12
show More to view fulltext, buy and share links for:Augustine, Progymnasmata and the Question of Incarnation. Rhetorical Analysis of Aug. Ep. 137,4-12 show Less to hide fulltext, buy and share links for: Augustine, Progymnasmata and the Question of Incarnation. Rhetorical Analysis of Aug. Ep. 137,4-12By: Rafał ToczkoAbstractCet article analyse la structure rhétorique de la Lettre 137 d’Augustin à Volusianus (411-412 ap. J.-C.), en se concentrant particulièrement sur son utilisation des exercices rhétoriques classiques connus sous le nom de progymnasmata. À travers une analyse textuelle détaillée, je démontre comment la réponse d’Augustin aux questions sceptiques de Volusianus sur l’incarnation du Christ suit le schéma d’une hypothèse – une réflexion théorique sur des questions controversées. L’article montre comment Augustin emploie systématiquement les points d’argumentation standard recommandés dans les manuels de rhétorique antique, tout en dialoguant avec des concepts philosophiques stoïciens et néoplatoniciens. Cette analyse révèle comment Augustin a navigué entre sa formation rhétorique classique et l’apologétique chrétienne, démontrant sa capacité à dialoguer avec l’élite romaine cultivée sur son propre terrain intellectuel, tout en suggérant les limites du raisonnement philosophique pour comprendre les mystères divins. L’étude contribue à notre compréhension de la manière dont les intellectuels chrétiens des premiers siècles ont adapté la formation rhétorique classique à des fins théologiques et éclaire la dynamique du discours intellectuel païen-chrétien dans l’Antiquité tardive.
AbstractThis article analyses the rhetorical structure of Augustine’s Letter 137 to Volusianus (411-412 AD), focusing in particular on its application of classical rhetorical exercises known as progymnasmata. Through close textual analysis, I demonstrate how Augustine’s response to Volusianus’ sceptical questions about the incarnation of Christ follows the pattern of a hypothesis—a theoretical consideration of controversial issues. The article shows how Augustine systematically employs standard argumentative headings recommended in ancient rhetorical manuals, while engaging with both Stoic and Neoplatonic philosophical concepts. This analysis reveals how Augustine navigated between his classical rhetorical training and Christian apologetics, demonstrating his ability to engage with the educated Roman elite on their own intellectual terms, while suggesting the limits of philosophical reasoning for understanding the divine mysteries. The study contributes to our understanding of how early Christian intellectuals adapted classical rhetorical training for theological purposes and illuminates the dynamics of pagan-Christian intellectual discourse in Late Antiquity.
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La téléologie chrétienne dans l’epistula 155 d’Augustin d’Hippone
show More to view fulltext, buy and share links for:La téléologie chrétienne dans l’epistula 155 d’Augustin d’Hippone show Less to hide fulltext, buy and share links for: La téléologie chrétienne dans l’epistula 155 d’Augustin d’HipponeAbstractDatée sans doute de 413-414, l’ep. 155 d’Augustin est adressée à Macedonius, un haut magistrat auquel Augustin a récemment envoyé les trois premiers livres de la Cité de Dieu. Augustin définit en cette lettre le véritable amour, qui est dirigé vers l’éternité et la vérité et auquel est lié le véritable bonheur. La lettre se présente ainsi comme un compendium des idées augustiniennes sur la téléologie chrétienne.
L’article commence par retracer, dans une première partie, le parcours argumentatif de la lettre et la façon dont le thème du bonheur est lié aux deux autres abordés en celle-ci – la cité céleste, d’un côté, les vertus, de l’autre –, avant de s’intéresser à la téléologie chrétienne selon les angles suivants : d’abord la place de thématique du bonheur et de la téléologie dans l’ep. 155, puis la critique de la conception philosophique du bonheur. Après l’analyse de ces différents aspects de la question, la quatrième partie de l’article porte spécifiquement sur la conception augustinienne de l’eschatologie et du salut, que l’Hipponate propose de substituer à la téléologie païenne. Dans un cinquième et dernier temps, l’article montre comment l’orientation téléologique de la lettre rejoint la tradition littéraire et philosophique du protreptique. On retrouve, de fait, en cette lettre, divers échos de l’Hortensius cicéronien, ce qui n’étonnera pas si l’on songe que les protreptiques étaient destinés à promouvoir la philosophie comme la finalité de la vie humaine.
AbstractProbably dated 413-414, Augustine’s ep. 155 is addressed to Macedonius, a high magistrate who had recently been sent the first three books of the City of God. In this letter, Augustine defines true love, which is directed towards eternity and truth, and to which true happiness is linked. Ep. 155 is thus a compendium of Augustine’s ideas on Christian eudemonistic teleology.
The paper begins by tracing, in the first part, the argumentative path of the letter and the way in which the theme of happiness is linked to the two others addressed in it – the heavenly city, on the one hand, and the virtues, on the other – before turning to Christian teleology from the following angles: first, the place of teleology in ep. 155, then the refutation of the philosophical conception of happiness. After analysing these different aspects of the question, the fourth part of the article deals specifically with the Augustinian conception of eschatology and soteriology, that Augustine proposes to replace pagan teleology. In the fifth and final part, the article shows how the teleological orientation of the letter is linked to the literary and philosophical tradition of protreptics. In fact, ep. 155 has echoes of the Ciceronian Hortensius, which is not surprising given that protreptics were intended to promote philosophy as the goal of human life.
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Un dossier épistolaire De laudibus hominum : l’échange entre Augustin et Darius (epp. 229-231)
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AbstractThe letters exchanged between Augustine of Hippo and Darius (letters 229 to 231 in the Augustinian corpus) form a fascinating epistolary dossier. Indeed, Augustine does not merely praise his correspondent to gain his favor and secure his support for the Church ; he also offers a deep reflection on self-love and the danger that the praise one receives poses to any individual. In this sense, letter 231 serves as a kind of De laudibus hominum, echoing the famous passages of the tenth book of the Confessions, and demonstrating the extreme spiritual demand Augustine maintained, even when engaging in political endeavors.
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L’amor di patria nel carteggio di Agostino con Nettario . Un’analisi filosofica
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AbstractQuesto articolo analizza la corrispondenza tra Agostino di Ippona e Nettario di Calama (lettere 90-91 e 103-104, datate 408-409 d.C.) da una prospettiva filosofico-politica. Nettario, un notabile pagano di Calama, chiede l’intercessione di Agostino a seguito di violente sommosse antipagane nella sua città. Agostino coglie l’occasione per avviare un dialogo sul tema dell’amor patriae e il suo rapporto con la patria caelestis.Agostino sostiene che per far realmente prosperare la sua patria terrena, Nettario deve diventare cittadino della patria celeste attraverso la fede cristiana. Egli si avvale di riferimenti filosofici romani, in particolare Cicerone, per mostrare che questa concezione si accorda in parte con la tradizione culturale di Nettario. Quest’ultimo replica invocando il Somnium Scipionis per difendere l’idea che i buoni servigi resi alla patria terrena conducono alla patria superiore dopo la morte.Agostino confuta quindi diversi argomenti di Nettario: la povertà non è un male eterno, la morte è la fine dei mali solo per i giusti, non tutti i peccati sono uguali in gravità contrariamente alla tesi stoica. Insiste sulla misericordia cristiana unita alla correzione dei peccatori per il loro bene. In definitiva, questo scambio epistolare illustra il modo in cui Agostino coniuga abilmente filosofia romana e pensiero cristiano per definire una concezione rinnovata dell’amor patriae.
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La critique païenne de l’État chrétien d’après la correspondance d’Augustin
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AbstractAn examination of the correspondence of pagan authors preserved in the Augustinian epistolary corpus sheds light on the issues that emerged with the increasing influence of Christianity within the Roman state at the end of the fourth and beginning of the fifth centuries AD. These questions pertain to both the institutional and legal processes that were underway at the time, as evidenced by the significance of imperial legislation against pagan rites, which resulted in riots, and to the philosophical presuppositions that informed these processes. A study of these letters demonstrates the extent to which the traditional conception of the state, as espoused by these various pagan interlocutors, was predicated on two key elements: firstly, a conception of the res publica informed by Ciceronian thought ; and secondly, a henotheistic religious conception that reflected the influence of authors such as Apuleius and Porphyry.
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