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Les saints, tant vivants que dans l’au-delà, forment un sujet actuellement très apprécié des études concernant l’Antiquité tardive. Dans le domaine iconographique, l’ensemble le plus magnifique de saints est représenté par les quinze portraits de martyrs en mosaïque conservés sur la coupole de la Rotonde de Saint-Georges à Thessalonique. Étrangement, le discours contemporain de l’iconographie hagiographique néglige largement ces images exceptionnelles. La raison en est probablement de l’incertitude de leur datation. Pourtant, qu’on les place dans les dernières décennies du ive siècle, aux alentours de 450, ou au début du vie siècle, ces mosaïques fournissent une importante information sur l’origine et le développement de la représentation des saints. Cet article pose le problème de la genèse de l’image individualisée du martyr, en particulier la question de son rattachement à une tradition authentique liée à son portrait funéraire. Une des caractéristiques distinctives des images du monument de Thessalonique est la variété des représentations : les portraits des martyrs sont nettement individualisés, différenciés par âge, chevelure, barbe, traits physiognomoniques, couleurs, etc. Toutefois, indépendamment de la question de l’origine et de l’authenticité de ces portraits, les couleurs particulières des tesselles utilisées pour rendre les chevelures et les yeux montrent que, dans la Rotonde, les mosaïstes ont donné la priorité à une esthétique de “lumière colorée’, principe qui leur a permis de représenter la beauté idéale des hommes saints dans l’au-delà.