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La question idéologique a toujours été au centre de la réflexion sur René Maran, écrivain français d’origine guyanaise, qui ne semble intéresser la critique que dans la mesure où il peut être rattaché aux débats sur la « question noire ». En dehors (et, pour partie, à cause) de cela, Maran reste un écrivain méconnu dans l’histoire de la littérature de langue française, en dépit d’une longue trajectoire littéraire dont les débuts sont bien antérieurs à l’obtention de son polémique Prix Goncourt en 1921. C’est précisément à cette période, presque ignorée, de la trajectoire de Maran que nous consacrons cet article en nous attachant premièrement à l’étude des conditions (familiales, sociales, institutionnelles) qui ont rendu possible l’adoption d’une posture (J. Meizoz) que nous appellerons « dandy » lors de son émergence comme écrivain. Ensuite, nous analyserons les manifestations de cette posture à travers son ethos discursif tel qu’il se dégage des textes de l’époque et notamment de sa correspondance avec Charles Barailley se rapportant à la période entre 1911 et 1921. Cette analyse permettra de mettre en évidence les efforts de l’écrivain pour cultiver sa singularité, réponse problématique aux contradictions qu’il perçoit entre les attentes du champ et ses propres aspirations.
AbstractThe question of ideology has always been at the centre of discussions of René Maran, the Guyana-born French writer, who seems of interest to critical analysis only insofar as he can be connected to the “question noire”. Apart from (and because of) that, Maran remains an unknown writer in the history of Francophone literature, despite a long literary career that began well before he was awarded the controversial Goncourt Prize of 1921. This paper focuses precisely on this relatively unknown period of Maran’s trajectory. It first analyses the conditions (domestic, social and institutional) that made it possible for him to adopt a dandyesque attitude during his emergence as a writer; then we look at the manifestations of this posture in his writings of that period, especially in his unpublished letters to his friend Charles Barailley between 1911 and 1921. Our analysis highlights the author’s efforts to cultivate his singularity - a problematic response to the contradictions he perceived between the literary field’s expectations and his own aspirations.