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Rédigé vers la moitié du XVe siècle en milieu bourguignon, Gérard de Nevers constitue la mise en prose du Roman de la Violette de Gerbert de Montreuil (1227–1229). L’étude comparée de la figure du losengier dans les deux textes répond à deux objectifs : envisager avec précision d’une part les caractéristiques de l’écriture de Gérard de Nevers et d’autre part la réception au XV e siècle des anciens textes en vers. L’épisode envisagé ici constitue la seconde étape narrative des romans : à la suite d’un pari avec Gérard de Nevers qui a vanté les vertus de son amie Euryant, l’envieux Liziart se fait fort de séduire la vertueuse jeune femme. Dans le roman en vers, Gerbert de Montreuil associe la figure du traître nécessaire au conte de la gageure à celle du losengier, personnage médisant de la lyrique des troubadours et des trouvères qui pervertit et détourne en sa faveur les motifs du grand chant courtois afin de nuire au bonheur des vrais amants. La réécriture en prose est très fidèle au roman source, mais elle acquiert toutefois une certaine autonomie par rapport à son modèle. Le remanieur du XV e siècle adapte en effet aux évolutions littéraires et à la réalité sociologique contemporaine un texte dont la langue et les allusions littéraires ont vieilli : il supprime ainsi toutes les pièces lyriques et dissocie le traître de la figure du losengier.
AbstractWritten around the middle of the 15th Century in the Burgundian area, Gérard de Nevers is the prose rewriting of Roman de la Violette, by Gerbert de Montreuil (1227–1229). The comparative study of the figure of the losengier in these two texts aims to examine the characteristics of the writing of Gérard de Nevers, and the reception of older texts in verse during the 15th Century. The episode under study constitutes the second narrative step of the novels : after making a bet with Gérard de Nevers, who praised the virtue of his friend Euryant, the envious Liziart decides to try to seduce the virtuous young woman. In the verse novel, Gerbert de Montreuil associates the figure of the traitor, necessary to any tale of challenge, with that of the losengier, a malicious character sung by troubadours and trouveres who perverts and twists the patterns of the grand chant courtois in order to ruin the happiness of true lovers. The prose rewriting is very faithful to the source novel, but it does acquire a certain autonomy from its model. Indeed, the 15th Century rewriter adapted to the evolution of literature and to the contemporary sociological reality a text whose language and literary references had become obsolete : he thus removed all lyrical pieces, and dissociates the traitor from the character of the losengier.