Le Moyen Français
Revue d'études linguistiques et littéraires fondée par Giuseppe di Stefano
Volume 65, Issue 1, 2009
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Le passage de la lecture oralisée à la lecture silencieuse : un mythe ?
show More to view fulltext, buy and share links for:Le passage de la lecture oralisée à la lecture silencieuse : un mythe ? show Less to hide fulltext, buy and share links for: Le passage de la lecture oralisée à la lecture silencieuse : un mythe ?By: Hélène HaugAbstractTraditionnellement, l’histoire de la lecture considère que s’opère, à la fin du Moyen Âge, l’évolution unidirectionnelle d’une lecture à voix haute vers une lecture silencieuse, d’une lecture collective et sociale vers une lecture individuelle. Cette perspective se base sur l’idée implicite qu’un développement de la lecture silencieuse entraîne nécessairement une régression des pratiques de lecture orale collective. Selon nous, cette conceptualisation dichotomique a longtemps imposé une interprétation restrictive des témoignages textuels en incitant les chercheurs à sous-estimer la place de la lecture publique.
Nous reconsidérons d’abord la validité de la distinction « oral/silencieux », jugée jusqu’à présent utile pour différencier les modes de lecture à la fin du Moyen Âge. En effet, ce critère en cacherait un autre, avec lequel il ne se superpose pas toujours : la lecture pour soi, par rapport à la lecture partagée. Nous mettons ensuite en lumière quelques scènes de lecture rapportées dans la littérature des XIV e et XV e siècles. Celles-ci tendent à montrer que la lecture partagée de littérature écrite représentait non pas la survie de pratiques primitives, mais une composante essentielle de la réception des textes de la fin du Moyen Âge.
AbstractThis article will reassess the alleged unilateral evolution from oral reading to silent reading at the end of the Middle Ages. This perspective – reading went from being voiced to being silent, from being collective and social to becoming an individual appropriation of the text – is based on a strange but rarely reappraised presupposition : orality would have disappeared under the pressure of the written word. I suggest that this conceptualization has imposed for a long time a restrictive interpretation of the textual data, encouraging scholars to underestimate the nature and role of late medieval public reading.
My study will begin by re-evaluating the validity of the distinction « oral/silent » as a criterion to differentiate the modalities of late medieval reading. This criterion might disguise another distinction that doesn’t necessarily overlay it : reading to oneself, compared with reading to an audience. I will further recall some literary testimonies of reading in the fourteenth and fifteenth centuries in order to show that public reading was more than a mere survival of primitive practices : rather, these practices seem essential to the reception of late medieval texts.
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Le sort du losengier dans Gérard de Nevers, mise en prose du Roman de la Violette
show More to view fulltext, buy and share links for:Le sort du losengier dans Gérard de Nevers, mise en prose du Roman de la Violette show Less to hide fulltext, buy and share links for: Le sort du losengier dans Gérard de Nevers, mise en prose du Roman de la VioletteBy: Matthieu MarchalAbstractRédigé vers la moitié du XVe siècle en milieu bourguignon, Gérard de Nevers constitue la mise en prose du Roman de la Violette de Gerbert de Montreuil (1227–1229). L’étude comparée de la figure du losengier dans les deux textes répond à deux objectifs : envisager avec précision d’une part les caractéristiques de l’écriture de Gérard de Nevers et d’autre part la réception au XV e siècle des anciens textes en vers. L’épisode envisagé ici constitue la seconde étape narrative des romans : à la suite d’un pari avec Gérard de Nevers qui a vanté les vertus de son amie Euryant, l’envieux Liziart se fait fort de séduire la vertueuse jeune femme. Dans le roman en vers, Gerbert de Montreuil associe la figure du traître nécessaire au conte de la gageure à celle du losengier, personnage médisant de la lyrique des troubadours et des trouvères qui pervertit et détourne en sa faveur les motifs du grand chant courtois afin de nuire au bonheur des vrais amants. La réécriture en prose est très fidèle au roman source, mais elle acquiert toutefois une certaine autonomie par rapport à son modèle. Le remanieur du XV e siècle adapte en effet aux évolutions littéraires et à la réalité sociologique contemporaine un texte dont la langue et les allusions littéraires ont vieilli : il supprime ainsi toutes les pièces lyriques et dissocie le traître de la figure du losengier.
AbstractWritten around the middle of the 15th Century in the Burgundian area, Gérard de Nevers is the prose rewriting of Roman de la Violette, by Gerbert de Montreuil (1227–1229). The comparative study of the figure of the losengier in these two texts aims to examine the characteristics of the writing of Gérard de Nevers, and the reception of older texts in verse during the 15th Century. The episode under study constitutes the second narrative step of the novels : after making a bet with Gérard de Nevers, who praised the virtue of his friend Euryant, the envious Liziart decides to try to seduce the virtuous young woman. In the verse novel, Gerbert de Montreuil associates the figure of the traitor, necessary to any tale of challenge, with that of the losengier, a malicious character sung by troubadours and trouveres who perverts and twists the patterns of the grand chant courtois in order to ruin the happiness of true lovers. The prose rewriting is very faithful to the source novel, but it does acquire a certain autonomy from its model. Indeed, the 15th Century rewriter adapted to the evolution of literature and to the contemporary sociological reality a text whose language and literary references had become obsolete : he thus removed all lyrical pieces, and dissociates the traitor from the character of the losengier.
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La Chasse du Cerf des Cerfs de Pierre Gringore. Le jeu de mot comme argument persuasif
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AbstractItaly’s wars are a striking fact for the transition between XVth and XVIth centuries. In 1510, Pope Jules II turns back against his previous ally, Louis XII, with the intention of liberating Italy from French presence. Between these two new opponents, relationships become more and more strained. In France, writers take part in the debate. Many works are written about Jules II and Louis XII’s conflict. Pierre Gringore (ε1475–1538/39) is one of these writers. He composes three texts against the Pope : the Espoir de Paix (1511), the Chasse du Cerf des Cerfs (1511) and the Jeu du Prince des Sotz et de Mere Sotte (1512). While the Espoir is an invective addressed to Jules II personally and the Jeu uses theatral mode, the Chasse is an allegorical text which exploits the ambivalence of the appellation of « serf des serfs » (servus servorum Dei). The play on words is used by Gringore in his discourse against the Pope. That’s what I propose to analyze.
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Comment elles se doyvent contenir : règles de conduite et codes gestuels dans le Livre du Chevalier de La Tour Landry pour l’enseignement de ses filles
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AbstractWritten in 1371–1372, the Livre du Chevalier de La Tour Landry pour l’enseignement de ses filles presents itself as a manual of good conduct addressed to young women of noble birth. In the prologue, the author emphasizes the link between good birth and faultless behaviour. Crucial in order to acquire a good reputation, conduct is described throughout the book thanks to a specific vocabulary which reveals the importance of appearances in this type of social environment. It then appears that good behaviour necessarily results from strict control of the body and respect of a gestual code. Indeed, in the medieval nobiliary society, each gesture is submitted to a judgment and influences female reputation. The writer deals with several aspects of body language : looking and touching, amorous gestures, body care and gestures resulting from drunkenness. He thus undertakes to classify these various gestures and proposes to young women rules intended to protect their honour and enable their social integration.
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Arn, M.-J., The Poet’s Notebook. The Personal Manuscript of Charles d’Orléans (Paris, BnF, MS fr. 25458), Turnhout, Brepols, 2008, (Texts and Transitions, 3), 200 p. + cédérom.
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Collet, O. et Messerli, S., Vies médiévales de Marie-Madeleine, Turnhout, Brepols, 2008, (Textes vernaculaires du Moyen Âge, 3), 709 p.
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Morgan, N. et Panayotova, éd., avec la collab. de M. Meuwese, E. New, S. Reynolds, H. Vorholt et A. Worm, A catalogue of Western Book Illumination in the Fitzwilliam Museum and the Cambridge Colleges. Part I. The Low Countries. Germany. Bohemia. Austria. Hungary, Londres/Turnhout, Harvey Millers/Brepols, 2009, (Illuminated Manuscripts in Cambridge, I). 256 p. + 296 p.
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C. Skupien Dekens, Traduire pour le peuple de Dieu : La syntaxe française dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion, Bâle, 1555, Genève, Droz, 2009 (Travaux d’Humanisme et Renaissance, CDLVI), 388 p.
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