Le contexte historique éclairant le texte halakhique ou les positions des Sages vis-à-vis de la culture gréco-romaine du II^e au IV^e siècle

The article traces the attitude to the Graeco-Roman culture of the Sages in Eretz Israel in the days of the Mishnah and Talmud. After the destruction of the Temple, and even more so after the Bar Kokhba Revolt, the Hebrew sources point to the existence of Greek and Roman culture, that had significant damaging influence upon Jewish society. The Sages tried to counter it through many sermons, but - surprisingly enough - not by absolute prohibition. The way they treated Greek and Roman culture, one that side by side with prohibitions increasingly tended toward lenience and permissiveness once it became clear that prohibition did not provide defense against cultural influence. Study of the Sages’ attitude toward Graeco-Roman culture highlights one example of the how the campaign waged by them against various pagan influences upon Judaism underwent change and transformation. The article demonstrates that Halakhic permissiveness does not attest that the situation was culturally and religiously excellent.

Le propos de cet article est de retracer les rapports halakhiques des Sages de la Mishna et du Talmud vis-à-vis de la culture grecque et romaine en Palestine. Après la destruction du second temple de Jérusalem, et davantage à la suite de la révolte de Bar-Kokhba après l’an 135, le contact entre la culture gréco-romaine et le judaïsme suscite de nombreuses tensions, aussi bien dans le domaine du religieux que sur le plan social ou économique. On aurait donc attendu des autorités rabbiniques, alors en pleine formation, de légiférer en conséquence, en interdisant sévèrement, afin de préserver la singularité monothéiste du peuple juif. Or les textes montrent paradoxalement que dans la plupart des domaines culturels où un contact entre judaïsme et culture non-juive était de mise, nombreux furent les Sages qui assouplirent ou tentèrent d’adoucir les interdits, privilégiant de fait l’autorisation. Celle-ci, étant également la résultante directe d’une aggravation de la réalité, dans la mesure où la coercition était devenue de loin improductive, face à la défiance d’un univers culturel en évolution constante.