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La tradition de la folie de Lucrèce paraît être une pure invention. On peut cependant évoquer l’intérêt de Saussure pour les « anagrammes » de Lucrèce pour suggérer que le plus grand tourment du poète a pu résider dans une contradiction entre la théorie épicurienne de l’origine naturelle du langage, toujours articulé au vrai, que lui-même formule au chant V (v. 1028-1090), et le labeur titanesque que représente l’adaptation latine de la doctrine : d’autres épicuriens ont pu se contenter du confort de l’illusion et se bercer de mots, sacrifiant la vérité au plaisir, comme le suggèrent certaines figures convoquées par le banquet d’Athénée.
AbstractThe tradition of the madness of Lucretius seems to be pure invention. We may however evoke the interest of Saussure for Lucretius’ “anagrams” to suggest that the worst torments of the poet perhaps lay in a contradiction between the Epicurean theory on the natural origin of language, always articulated with truth (V, 1028-1090), and the titanic labour which represented the Latin adaptation of the doctrine: other Epicureans would content themselves with comfortable illusions and lying words, sacrificing truth to pleasure, as it appears in some passages of Athenaeus.