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En 1901, le gouvernement québécois ouvre la voie à un discours culinaire destiné aux femmes avec la publication de La bonne ménagère. Le ministère de l’Agriculture, soucieux de l’exode rural en cours depuis le milieu du XIXe siècle, tente avec cette publication de retenir les populations à la campagne. Il use à cet effet d’une imagerie élogieuse de la vie rurale perceptible notamment dans les préfaces ou les pièces liminaires des livres de recettes. Les préoccupations gouvernementales sont croissantes et diverses dans les premières décennies du XXe siècle. La surmortalité infantile, le spectre de la perte de la nation canadienne-française, le travail rémunéré des femmes, la crise économique des années 1930 ou encore les conflits mondiaux apportent leur lot d’inquiétudes auprès des élites québécoises. Un discours argumentatif et normatif est alors diffusé afin de réformer des comportements jugés inadéquats ou pour orienter la consommation des ménagères vers certaines denrées alimentaires.
AbstractIn 1901, the Quebec government launched a culinary initiative aimed at women with the publication of La bonne ménagère. The Ministry of Agriculture, concerned about the rural exodus that had been going on since the middle of the nineteenth century, tried with this publication to keep people in the countryside. To do so, it used laudatory imagery of rural life, particularly visible in the prefaces or introductions of the recipe books. Governmental concerns were growing and various in the early decades of the twentieth century. High infant mortality rates, the spectre of the loss of the French-Canadian nation, women’s paid work, the economic crisis of the 1930s and the world wars were of great concern to Quebec’s elites. An argumentative and normative discourse was disseminated during these years with the aim of reforming behaviours deemed inappropriate as well as encouraging housewives to consume certain food products.