Full text loading...
Les 23 épigrammes que Baudelaire a réunies sous le titre Amoenitates Belgicæ et qu’il a composées en parallèle à son projet d’essai sur la Belgique n’ont guère attiré l’attention de la critique. Or, ces vignettes humoristiques laissent transparaître certains desseins suggestifs sur le plan esthétique. Non seulement font-elles intervenir plusieurs motifs génériques qu’on peut associer à la modernité poétique (le poncif, l’anecdote, la chose vue, la blague, la satire anti-bourgeoise…), mais elles donnent l’impression de dériver l’essentiel de leur inspiration d’une forme d’art extrêmement chère à Baudelaire et, qui plus est, parfaitement proportionnée à ses aspirations bouffonnes : la caricature. Certaines semblent même offrir les exemples les plus accomplis de « poèmescaricatures » qu’on puisse trouver dans l’ensemble de l’oeuvre baudelairienne. C’est ce que nous proposons ici de démontrer, en analysant plus spécifiquement l’une d’entre elles, « La propreté belge ». En dernière partie d’analyse, nous profiterons de la dénonciation chargée de violence et de mauvaise foi que formule ce poème pour dégager les grandes lignes du « problème » que les Belges et la Belgique en sont venus à représenter pour Baudelaire, dans les dernières années de sa vie.
AbstractThe 23 epigrams collected by Baudelaire under the title Amoenitates Belgicæ and composed in parallel with his essay project on Belgium have generated very little critical interest. Yet, these comedic vignettes reflect some suggestive designs at the aesthetic level. Not only do they present several generic motifs which are indicative of poetic modernity (commonplaces, anecdotes, “choses vues”, jokes, anti-bourgeois satires…), but they seem to derive most of their inspiration from an art form particularly dear to Baudelaire and, what is more, perfectly proportionate to his buffoonish aspirations, that is caricature. In some of these poems, one can observe the most exemplary instances of “caricature poems” that could po ssibly be found in Baudelaire’s entire work. This is precisely what we intend to show here by analyzing more specifically one of Baudelaire’s poems, “La propreté belge”. In the last part of our demonstration, we will take advantage of the violent and dishonest denunciation exhibited in this poem in order to outline the “problem” which Belgians and Belgium came to represent for Baudelaire in the last years of his life.