Les Lettres Romanes
Volume 73, Issue 3-4, 2019
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Formuler l’ineffable de l’exil : autour de Dix années d’exil de Germaine de Staël
show More to view fulltext, buy and share links for:Formuler l’ineffable de l’exil : autour de Dix années d’exil de Germaine de Staël show Less to hide fulltext, buy and share links for: Formuler l’ineffable de l’exil : autour de Dix années d’exil de Germaine de StaëlBy: Laetitia SaintesAbstractFigure de proue de l’opposition libérale sous le Premier Empire, Germaine de Staël se voit très tôt ostracisée par Napoléon, qui l’éloigne de Paris dès 1803, avant de lui donner l’ordre, en 1810, de quitter la France. La correspondance de l’écrivaine la voit d’emblée aux prises avec une difficulté nouvelle : celle de dire l’exil, ineffable par excellence. Souffrant de sa réclusion à Coppet, elle finit par déjouer la vigilance des agents du régime en 1812 pour entreprendre un périple qui la voit traverser l’Autriche, la Russie et la Suède afin de gagner l’Angleterre, terre de liberté. Libre enfin de prendre la plume, elle entame durant ce voyage un manuscrit, lieu d’une parole singulière sur l’exil, tant s’y noue un lien inédit entre le sort du collectif, opprimé par le joug impérial, et la singularité d’une destinée - celle d’une proscrite qui devait faire de son exil une opportunité sans pareille pour élargir son propos et son rayonnement aux dimensions de l’Europe.
AbstractLeading figure of the liberal opposition during the first Empire, Germaine de Staël was soon ostracized by Napoleon, who moved her away from Paris in 1803, before ordering her to leave France in 1810. The writer’s correspondence immediately shows her struggling with a new difficulty : that of addressing the utterly indescribable notion of exile. Suffering from her imprisonment in Coppet, she ends up defying the vigilance of the agents of the regime in 1812, only to embark on a journey that sees her crossing Austria, Russia and Sweden to reach England. Free at last to take up her pen, she undertakes a manuscript where she can address exile in a unique way, so that there is an exceptional link between the common fate of those oppressed by Napoleon’s yoke, and the uniqueness of her destiny - that of an outlaw that had to make her exile an unprecedented opportunity to broaden her words and influence throughout Europe.
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Spectres de l’exil, incarnation du pouvoir. Victor Hugo à Jersey : les photographies de la proscription
show More to view fulltext, buy and share links for:Spectres de l’exil, incarnation du pouvoir. Victor Hugo à Jersey : les photographies de la proscription show Less to hide fulltext, buy and share links for: Spectres de l’exil, incarnation du pouvoir. Victor Hugo à Jersey : les photographies de la proscriptionBy: Nathalie GillainAbstractDurant son exil à Jersey (1852-1855), Hugo réalise, avec l’aide de son fils Charles et d’Auguste Vacquerie, une série de photographies (essentiellement des portraits, mais aussi des paysages) dans le but d’illustrer ses ouvrages (Les Contemplations, Les Châtiments) et de produire, en outre, un livre mettant en scène la vie des proscrits. Si ces projets ne purent finalement aboutir, il reste que les quelque 400 photographies produites, envoyées par le poète à des proches restés en France ou consignées dans des albums, nous apportent un précieux témoignage sur l’exil vécu par Hugo et se révèlent même, à l’analyse, constituer une oeuvre à part entière, qu’il faut relire à la lumière des textes sur l’exil. Dans cet article, nous démontrons que ces images font partie intégrante de la construction d’une « poétique de l’exil » qui légitime l’idée du pouvoir sacerdotal de l’écrivain en faisant de la proscription un pharmakon. À une époque où la majorité s’accorde encore à refuser au nouveau médium toute valeur artistique, le choix de la technique photographique n’est pas anodin. Hugo le souligne lui-même, en associant la production d’images par empreinte à une révolution. Or, ce qui est révolutionnaire, c’est assurément l’effet de présence produit : en choisissant la photographie comme mode de représentation, l’écrivain entend rendre une présence à l’absent, sur le modèle de l’énoncé eucharistique « ceci est mon corps ». Ainsi les portraits de Hugo à Jersey participent-ils d’une définition de l’exil comme pharmakon : ces images sont à la fois le symbole d’un sacrifice et l’incarnation du seul pouvoir légitime.
AbstractDuring his exile in Jersey (1852-1855), Hugo, with the help of his son Charles and Auguste Vacquerie, took a series of photographs (mainly portraits, but also landscapes) in order to illustrate his works (Les Contemplations, Les Châtiments) and to produce, in addition, a book depicting the lives of the exiles. Even if these projects could not come to fruition, the 400 photographs produced still remain. They are sent by the poet to his close friends in France or kept in albums, providing us with a precious testimony of Hugo’s exile and, upon analysis, appear to be a stand alone piece, which must be reviewed in the light of the texts on exile. This article demonstrates that these images contribute to the creation of a “poetics of exile” that legitimizes the idea of the priestly power of the writer by making proscription a pharmacon. At a time when the majority still agrees to deny the new medium any artistic value, the choice of photographic technique is not insignificant. Hugo himself underlines this, by associating photography with revolution. What is revolutionary is the effect of presence created: by choosing photography as a representation method, the writer intends to make present what is absent, on the model of the Eucharistic statement “this is my body”. Thus the portraits of Hugo in Jersey participate in a definition of exile as a pharmacon: the images are both a symbol of sacrifice and embodiment of the only legitimate power.
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Réflexions sur l’exil d’Henrik Ibsen
show More to view fulltext, buy and share links for:Réflexions sur l’exil d’Henrik Ibsen show Less to hide fulltext, buy and share links for: Réflexions sur l’exil d’Henrik IbsenBy: Jonathan ChâtelAbstractEn 1864, à trente-six ans, le dramaturge Henrik Ibsen quitte la Norvège, endetté et rejeté par une société conservatrice, pour rejoindre Rome. Après avoir vécu en Italie et en Allemagne, il revient dans son pays vingt-sept ans plus tard, auréolé de gloire. Cet article se penche sur quelques étapes structurantes de l’exil ibsénien. En s’appuyant sur la pensée d’Edward Said, il montre l’ambiguïté fondamentale de l’expérience exilique. De l’exaltation de l’arrivée sur le sol romain restituée dans Brand (1866) à la mélancolie du retour sur la terre natale représentée dans Quand nous nous réveillons d’entre les morts (1899), Ibsen a toujours thématisé, à travers ses personnages de revenants, le privilège et l’aliénation de l’exilé. À distance, il est capable de voir ce que d’autres ne voient pas mais ses visions nouvelles sont parfois réductrices et son déracinement, sa solitude peuvent engendrer souffrance et amertume.
AbstractIn 1864, at the age of thirty-six, playwright Henrik Ibsen left Norway, indebted and rejected by a conservative society, to join Rome. After having lived in Italy and Germany, he returned to his country twenty-seven years later, crowned with glory. This article looks at various structuring stages of the Ibsenian exile. Based on the thought of Edward Said, the article shows the fundamental ambiguity of the exile experience. From the exaltation of the arrival on the Roman soil expressed in Brand (1866) to the melancholy of the return to the homeland represented in When we dead awaken (1899), Ibsen has always thematized, through his characters, the privilege and alienation of the exile. At a distance, he is able to see what others do not see but his new visions are sometimes reductive and his uprooting, his loneliness can cause suffering and bitterness.
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Écrivains belges expatriés en France. Le cas de Norge
show More to view fulltext, buy and share links for:Écrivains belges expatriés en France. Le cas de Norge show Less to hide fulltext, buy and share links for: Écrivains belges expatriés en France. Le cas de NorgeBy: Daniel LarocheAbstractNé à Bruxelles en 1898, le poète Norge quitte la Belgique fin 1954 et devient antiquaire à Saint-Paul-de-Vence. Ses motivations semblent claires : francophilie précoce et intense, vie professionnelle frustrante, recueils publiés par des éditeurs parisiens, accueil flatteur des critiques français. Toutefois, ses relations avec son pays natal sont très ambivalentes : mépris et rancœur des années 30 aux années 60, attitude plus chaleureuse ensuite, due sans doute à divers prix et récompenses. Norge affirme qu’il n’est pas un Belge exilé en France, mais le descendant de huguenots français exilés en 1650, son expatriation étant donc en réalité un « retour d’exil ». Resté à Bruxelles, son fils Jean Mogin finira, après de longues réticences, à adopter cette fiction familiale et à prendre lui aussi la nationalité française.
AbstractBorn in Brussels in 1898, the poet Norge left Belgium at the end of 1954 and became an antique dealer in St Paul de Vence. His motivations seem clear: early and intense francophilia, frustrating professional life, collections published by Parisian editors, favorable reception by French critics. Nevertheless, his relationships with his home country are highly ambivalent: contempt and resentment from the 1930s to the 1960s, then a warmer attitude, probably due to various prizes and awards. Norge asserts that he is not a Belgian exiled in France, but a descendant of French Huguenots who have gone into exile in 1650, his expatriation being in fact a “return from exile”. His son Jean Mogin, who has remained in Brussels, after much reluctance, finally decides to adopt this family fiction and to acquire French nationality as well.
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L’exil et la honte. Jean Genet et les Palestiniens
show More to view fulltext, buy and share links for:L’exil et la honte. Jean Genet et les Palestiniens show Less to hide fulltext, buy and share links for: L’exil et la honte. Jean Genet et les PalestiniensBy: Pierre PiretAbstractLes derniers textes que publie Jean Genet sont liés à ses différents engagements politiques, notamment en faveur de la cause palestinienne. Même s’il a tracé une ligne de démarcation très nette entre l’écrivain qu’il fut jusqu’à la publication des Paravents en 1961 et le témoin qu’il est devenu, ces écrits s’inscrivent dans le sillage des précédents. La cohérence de l’ensemble de son oeuvre est évidente ; elle tient sans doute à la prégnance d’un principe qui orienta toute sa destinée personnelle. Mon hypothèse est que ce principe peut être défini - notamment - grâce au concept d’exil et, plus précisément, au travers de la relation, essentielle chez Genet, entre l’exil et la honte. L’analyse de son article « Quatre heures à Chatila » et de son ultime texte Un captif amoureux permet de dégager la logique singulière qui structure cette relation. Je m’attache à montrer que cette logique relève moins de l’imaginaire sartrien que de « l’hontologie » lacanienne.
AbstractThe latest texts published by Jean Genet are related to his various political commitments, particularly in favor of the Palestinian cause. Although he drew a sharp line between the writer he was until the publication of Paravents in 1961 and the witness he has become, these works are in the continuity of previous ones. The coherence of all his work is obvious, because the same principle has driven the totality of his personal destiny. My hypothesis is that this principle can be defined - in particular - thanks to the concept of exile and, more precisely, through the relationship, essential for Genet, between exile and shame. The analysis of his article «Quatre heures à Chatila» and his ultimate text Un Captif amoureux reveals the singular logic that structures this relationship. I try to demonstrate that this logic does not correspond to Sartre’s thesis but rather to Lacanian “hontology”.
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Inflexions politiques et trajectoires poétiques : les exils de Gherasim Luca et Radovan Ivsic
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AbstractThrough the prism of the notion of “exile”, this paper will cross the approaches of two writers, namely the Croatian Radovan Ivsic (1921-2009) and the Romanian Gherasim Luca (1913-1994), so as to open new perspectives on the fertile potential that the experience of exile sometimes bears. Articulating the notions of “paratopia” (Maingueneau), discourse and “scene of enunciation” will bring to light a rift between “social identity” and “personal identity” (Rosset) as well as the problematic aspect of the language induced by such a rift. Furthermore, this paper will aim at examining the manner in which Luca and Ivsic have sparked new interest in these matters in the forms and genres in which they inscribe their work. These lines of enquiry will emphasise the eminently communicative intractability that the experience of exile must have demanded from both writers.
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Scènes primitives des exils de Jacques Derrida
show More to view fulltext, buy and share links for:Scènes primitives des exils de Jacques Derrida show Less to hide fulltext, buy and share links for: Scènes primitives des exils de Jacques DerridaBy: Michel LisseAbstractEn 1942, Jacques Derrida, parce qu’il était juif, a été expulsé du lycée d’Alger où il étudiait, pour être envoyé dans une école juive, mais il a fait l’école buissonnière, il s’est exilé de cette autre école. Double exil, involontaire et volontaire, qui fut une source d’écriture dans la mesure où il a raconté à de multiples reprises et selon divers styles cette scène primitive de l’exil. Jacques Derrida se sera donc mis en scène comme un exilé qui doit répéter sans cesse son histoire : qu’il s’agisse du pouvoir, quelque forme qu’il prenne, ou des hôtes privés, du monde associatif ou humanitaire…, voire des lecteurs et des lectrices qui accueillent le texte, il y a, chaque fois, l’exigence ou l’attente d’un récit de l’exilé afin que, d’une certaine façon, il se justifie devant ces différentes instances d’être en exil.
AbstractIn 1942, Jacques Derrida, because he was Jewish, was expelled from the school in Algiers where he was studying, to be sent to a Jewish school, but he did not attend classes, he exiled himself from that other school. A double exile, involuntary and voluntary, which was a source of writing insofar as he recounted on many occasions and in various styles this primitive scene of exile. Jacques Derrida will therefore have staged himself as an exile who must constantly repeat his story: whether it is about power, whatever form it takes, or private hosts, the associative or humanitarian world..., or even the readers who welcome the text, there is, each time, the requirement or expectation of a story of the exile so that, in a certain way, it is justified before these different authorities to be in exile.
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Exil historique, « exil intérieur » et création. Réflexion inspirée par la construction du personnage de Gottfried Benn dans Les Éblouissements de Pierre Mertens
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AbstractThe antagonism between historical exile and “inner emigration” has torn the German cultural and literary field at the time of National-Socialism, as soon as 1933, and still for a long time in the Post-War years. After clearly compromising himself with Nazi power for a time, German Expressionist writer Gottfried Benn adopted the posture of “inner emigration”, initially in a controversial discussion with Klaus Mann, which received a great deal of public attention. Benn reproached the exiles that they left their country and in so doing, according to him, ducked out of their responsibility. In the biographical novel which he devotes to the character of Gottfried Benn Les Éblouissements (1987; Shadowlight, 1997), Belgian writer Pierre Mertens abundantly discusses this polemic issue. Without avoiding the subject of Benn’s political errors Mertens decidedly enlarges the socio-historical category of exile in order to integrate the idea of “inner exile”, dealing with it from the perspective of its metaphorical and poetical potential, generating creation. The article favors a reflection on those topics, among others, via a comparison of this terminology in different essays by the exiled Palestinian writers and intellectuals Mahmoud Darwich and Edward Said.
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Outrance et outrage poétiques chez le dernier Baudelaire : Les Amoenitates Belgicæ et le poème-caricature
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AbstractThe 23 epigrams collected by Baudelaire under the title Amoenitates Belgicæ and composed in parallel with his essay project on Belgium have generated very little critical interest. Yet, these comedic vignettes reflect some suggestive designs at the aesthetic level. Not only do they present several generic motifs which are indicative of poetic modernity (commonplaces, anecdotes, “choses vues”, jokes, anti-bourgeois satires…), but they seem to derive most of their inspiration from an art form particularly dear to Baudelaire and, what is more, perfectly proportionate to his buffoonish aspirations, that is caricature. In some of these poems, one can observe the most exemplary instances of “caricature poems” that could po ssibly be found in Baudelaire’s entire work. This is precisely what we intend to show here by analyzing more specifically one of Baudelaire’s poems, “La propreté belge”. In the last part of our demonstration, we will take advantage of the violent and dishonest denunciation exhibited in this poem in order to outline the “problem” which Belgians and Belgium came to represent for Baudelaire in the last years of his life.
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Se marier (ou pas) : le mariage dans Rayons perdus de Louisa Siefert et Les Humbles de François Coppée
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AbstractBourgeois marriage is considered ironically by the poets of the second half of the nineteenth century. It is precisely the symbol of a bourgeois ethos fully oriented towards material life, perfectly antinomic to a poetic ethos turned towards the quest for an ideal or an absolute. Marriage can no longer be a theme of poetry unless a poet wants to emphasize the most common reality. It’s the way of the Parnassian François Coppée in his work Les Humbles (1872), where he shows how much marital status - or lack of it - weighs on individual and social trajectories, leading to downgrading or exclusion. In a second time, we compare Coppée’s vision of marriage with that presented in another Parnassian work, Louisa Siefert’s Rayons perdus (1869).
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Indépendance et interdépendance dans les littératures francophones du Pacifique insulaire. L’exemple de Chantal T. Spitz et Déwé Gorodé
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AbstractBased on Chantal T. Spitz’s L’Île des rêves écrasés (1991) and Déwé Gorodé’s Tâdo, Tâdo, wéé ! ou « No more baby » (2012), this article aims to analyze the tension between independence and interdependence that characterizes the Francophone literatures of the Pacific Islands. After having shown that independence remains an unfulfilled aspiration in both Spitz’s French Polynesia and Gorodé’s New Caledonia, such an unfulfillment is presented as the very figure of interdependence that forces Polynesian or Kanak characters to live between two worlds, articulating French culture and indigenous culture. Such interdependence is ultimately re-examined in the ability of Pacific Islands literature to modify the Western novel: after being imported from Europe, the novelistic form integrates indigenous patterns and describes totemic agents instead of individuals.
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La frontière : limen et paysage chez Marie Darrieussecq et Maylis de Kerangal
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AbstractThe notion of boundaries is complex because of its multiple theoretical applications. This study aims at exploring the many-sided concept of border/limen, which is mainly geo-historical and socio-political, in the novels of two contemporary French writers, Marie Darrieussecq and Maylis de Kerangal. Because of the permeability of border areas, this approach explores the superposition of inhabiting a place, talking boundaries and explaining nomadism, then focuses on the specific language use describing this changing landscape. Boundaries seem to be peculiar as individuals are intrinsically attracted by the “in-between” land. This very place is specifically the West coast of France, the Basque Country, for Darrieussecq, and the Mediterranean islands, Lampedusa and Stromboli, for Kerangal. Between the land and the sea, at the junction of two different natural elements, these boundaries are experienced through metamorphoses, sensory perceptions and a redefinition of identity.
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Les Livres
show More to view fulltext, buy and share links for:Les Livres show Less to hide fulltext, buy and share links for: Les LivresAuthors: Jean-Claude Polet, Diana Mite-Colceriu and Ginette MichauxAbstractLes Libertins en campagne. Édition critique par Jacques Cormier (Jean-Claude Polet), - Alain Corbin, Jean- Jacques Courtine et Georges Vigarelllo (dir.), Histoiredes émotions II. Des Lumières à la fin du xixe siècle (Diana Mite-Colceriu), - Daniel Laroche, Une chanson bonne àmâcher. Vie et oeuvre de Norge (Ginette Michaux).
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Back Matter (« Table du tome Septante-trois 2019 », « Index des noms »)
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