Antiquité Tardive - Late Antiquity - Spätantike - Tarda Antichità

Discussions on Jesus’ family have led to animated debates both in Antiquity and in contemporary historiography. Due to the paucity of sources, historians have resorted to the wide range of materials available on that subject, including the tale about Mary in the Babylonian Talmud found in Shabbat 104b and in Sanhedrin 67a. Throughout the 20^th century, scholars have sought to understand in those texts the role of prominent figures, such as Ben Stada, Pantira or Pappos ben Yehuda; some of them have even tried to find trails of the historical Jesus. Recently, however, other historians have focused the analysis not on the historical Mary, but on Mary’s image in the Bavli, its motivations and its aims. Nevertheless, most scholars have held that the confusion that appears in the Talmudic text when explaining Jesus’ family was the result of rabbinical ignorance.

In this paper, we seek to demonstrate that the confusion apparent in b Shabbat 104b and in b Sanhedrin 67a is not a consequence of ignorance. It is, in fact, a discursive device oriented to: 1/desacralize Mary’s figure and, accordingly, that of Jesus; 2/invert the accusations of carnality and impudicity that had constructed the Adversus Iudaeos’ literature. Such position implies rabbinical knowledge of the Christian narrative, not only through the New Testament but also through direct interaction. This view is supported by the existence of an important degree of contact between Jews and Christians in the formative centuries of both talmudim, in agreement with current studies on the relations between both religious communities in the east of the Roman Empire and in the Sasanian Empire during Late Antiquity. [Author]

Typology and allegory pervade the preface of Prudentius’ Hamartigenia, which traces the origin of sin back to Cain’s sacrifice, wrong division, and fratricide. Typology links both Adam to Christ and Cain to Marcion, and allegory presents fratricide as an assault of the flesh upon the mind, her sister. But Marcion and his sacrifice are also types of Mani and the main rite of the Manichaean church, the sacred meal of the Electi. On the basis of contending churches, Prudentius deploys Manichaean concepts and images, only recognisable to initiates, and gives them a new meaning compatible to the Nicene faith. Manichaean readership is thus exhorted to conversion. This preface anticipates the themes and communicative approach of the subsequent Hamartigenia, and shows the influence of Ambrose’s De Cain et Abel and some of Augustine’s anti-Manichaean works. [Author]

Depuis 2011, le Projet germano-danois du quartier nord-ouest de Gerasa mène des recherches archéologiques sur la zone la plus élevée de l’ancienne ville enceinte. En 2014, les fouilles ont débuté sur la « terrasse orientale », qui s’étend sur environ 3 000 m² et surplombe l’Artémision d’époque romaine. Cette zone était recouverte par d’importants déblais qui enfermaient les vestiges d’un habitat domestique du début de l’époque islamique, détruit par le tremblement de terre de 749 et jamais réoccupé depuis. Une maison privée a été en partie fouillée (secteur K). Elle ne recouvre aucune phase ni romaine ni byzantine et a été abandonnée à la suite du tremblement de terre avec l’ensemble de son mobilier. L’absence de phases chronologiques antérieures, le mobilier ainsi que la destruction soudaine de cette habitation en font un exemple important qui permet d’entreprendre une étude des permanences et des changements de la culture matérielle de l’Antiquité tardive au début de l’époque islamique. L’habitat et les découvertes de ce secteur sont présentés ici pour la première fois et contextualisés dans l’arc chronologique des VII^e-VIII^e siècles. [Trad. de la Rédaction]

This article aims to provide the present known data for establishing the circulation on the outskirts of the village of Cularo, which had had a minor enclosure in the 3^rd century, and then became Gratianopolis with the rank of capital city at the end of the 4^th century. Grenoble/Gratianopolis is situated at the crossroads of three untameable rivers (the Isère, the Drac and the Verderet), and is hence not in favour of an easy circulation outside the town, on the left bank of the river Isère. The geographical and hydrological context of the site leads the author to analyse the floods that have marked the city over the centuries. In taking into account the archaeological observations of this phenomenon as well as the burial level on the right bank of the same river in the 4^th century, the author highlights the circulation level on that side, which is incompatible with the bridge situated upstream from the city. [Transl. by the Redaction]

Au cours des fouilles archéologiques de la partie nord-est du complexe du palais impérial à Sirmium (site 85), effectuées entre 2012 et 2015, 50 fragments de porphyre ont été découverts dans une couche de gravats qui s’étendait autour et à l’intérieur d’un bâtiment en forme de tholos, dont on avait constaté, en 2014, les empreintes des bases de quatre piliers massifs. Sur le sol du bâtiment, a été trouvée une monnaie de Maximien Hercule de l’an 301, indiquant que la construction s’est déroulée à l’époque de la première Tétrarchie. Après la conservation, la restauration et la reconstruction des fragments de porphyre, il est apparu clairement qu’il s’agissait de trois têtes humaines fragmentées, d’un buste posé sur un globe, d’un autre buste identique au précédent mais fragmenté, des parties d’une sculpture (?) et des fragments d’une structure architecturale. Ces trouvailles indiquent au moins deux étapes dans la mise en place de ces sculptures, qui étaient posées sur des consoles ou dans des niches du bâtiment en forme de tholos. La tête fragmentée d’un tétrarque, probablement Dioclétien ou Galère, appartient à la première étape ; l’autre tête représente une figure d’homme sans cheveux ni barbe, sans doute un prêtre égyptien. La tête fragmentée dont reste une partie du front et du sommet du crâne avec les contours des cheveux et d’un diadème consistant en deux rangs de perles, appartient à la deuxième étape, qui peut être liée à la construction d’un mur circulaire autour du bâtiment. Il est possible qu’il s’agisse du portrait de Constance II. La datation des bustes impériaux posés sur un globe reste difficile à préciser, étant donné qu’il s’agit d’exemplaires uniques.

Le bâtiment en forme de tholos et les sculptures de porphyre ont été détruits pendant le règne de Valentinien I^er à la fin du IV^e siècle, quand l’affectation de l’espace où le bâtiment se trouvait a été changée. La destruction définitive des sculptures en porphyre a été réalisée par les chrétiens, qui les associaient aux représentations de leurs persécuteurs, notamment Dioclétien et Galère. [Auteur]

Communément admise à la suite de J. Godefroy, la leçon signum dei d’un passage du panégyrique prononcé à Trèves en 313 (Pan. Lat. 12, 25) ne se vérifie pas dans les manuscrits par lesquels nous est parvenu ce texte. On maintient donc ici la leçon signum deae attestée dans au moins deux rameaux indépendants de la tradition manuscrite issue de l’archétype. Il n’y a, par contrecoup, aucune raison de penser à la dédicace d’une statue de Constantin représenté comme un dieu et d’interpréter l’épisode de manière religieuse. Ainsi que l’ont soutenu H. Grégoire et surtout M. Radnoti-Alföldi, le signum deae en question devait correspondre à une victoriola en or reproduisant la statue de la Victoire érigée à l’initiative d’Auguste dans la curia Iulia. La victoriola du Sénat, ainsi que le don d’une couronne et d’un bouclier à l’Italie, évoquaient de manière explicite les honneurs accordés à Auguste et son auto-présentation comme libérateur de la république dans les Res Gestae. Passés sous silence par Nazarius en 321, ces honneurs doivent être reliés à l’atmosphère festive de la libération de Rome du “tyran” Maxence. Comme cela devait apparaître plus clairement en 315 dans la dédicace de l’arc, le Sénat et les cités d’Italie proposaient au nouveau souverain des orientations politiques : quant au Sénat, la collaboration avec le prince ; et quant à l’Italie, la tutelle des autonomies municipales. Des dédicaces contemporaines effectuées à Cirta par d’éminents dignitaires africains reprennent le thème de l’imitatio Augusti attestée chez le panégyriste de 313 ; ce qui fait penser à l’accueil, par Constantin, des propositions sénatoriales et à leur diffusion dans les provinces par les voies de la propagande impériale. [Auteur]

Cet article s’attache à montrer que la christianisation de l’Égypte à l’époque tardo-antique représente une rupture fondamentale dans l’histoire culturelle du pays. Les tentatives récentes de trouver les traces de traditions égyptiennes dans la littérature chrétienne, l’art et les documents égyptiens de cette période sont dénués de fondement. Elles empruntent davantage aux présupposés des antiquisants et égyptologues modernes qu’aux véritables sources. L’histoire de l’Égypte de cette époque ne peut se comprendre que comme celle d’une composante d’un ensemble bien plus important, à savoir l’Empire romain tardif. [Trad. de la Rédaction]

L’article a pour objet le réexamen du témoignage fourni par la donation et le testament de Vincent de Huesca (VI^e siècle) à propos de l’esclavage. Afin d’arriver à une vision renouvelée de la pratique de l’esclavage dans l’Espagne wisigothique, la discussion porte essentiellement sur le peculium et la structure des familles serviles. En particulier, en comparant le document avec les sources d’époque romaine, on démontre que la servitude des esclaves mentionnés dans la donation et le testament est de même nature que celle des esclaves romains. On ne peut donc pas considérer ce document comme la preuve d’un changement dans les conditions du travail agricole des serui, ni ces serui comme des paysans indépendants ou des fermiers. Au contraire, les perspectives que le document ouvre à notre compréhension de la nature de l’esclavage dans l’Espagne wisigothique conduisent à nuancer l’idée d’une convergence, souvent postulée, du statut des esclaves et de celui des pauvres de condition libre, dans cette région à cette période. [Auteur]

Cette étude architecturale du seul monument tardo-antique de ce type en Arménie, l’église de plan hexafolié près du site d’Aragats, s’impose comme une nécessité pour mieux comprendre l’origine de ce parti. On s’accorde à faire remonter sa construction à la charnière des années 630-640 à partir de l’analyse de sa décoration. L’hypothèse formulée ici, selon laquelle le plan hexafolié tirerait son origine d’une importante construction de Constantinople, le martyrium Sainte-Euphémie, repose sur les études menées par H. Goldfus sur cet édifice. Cette construction intervient à un moment où les relations entre les élites politiques et religieuses d’Arménie et l’Empire byzantin deviennent étroites : les reliques d’Euphémie de Chalcédoine sont transférées à Constantinople en 628, et le Catholicos Yezr accepte les décisions du Concile de Chalcédoine en 631. Dans ce contexte, il est vraisemblable que le maître d’ouvrage arménien s’est alors tourné vers le modèle de Constantinople en lien avec le culte de la sainte en question. On examine également ici ce qui ressort de l’approche artistique de l’architecte d’Aragats en lien avec les formes intérieures de Sainte-Sophie de Constantinople. L’analyse du modèle de l’église d’Aragats permet donc de montrer la large portée géographique des relations dans l'architecture tardo-antique. Enfin, on insiste sur le caractère innovant du plan hexafolié d'Aragats et le rôle important de cette église dans le développement de l’architecture arménienne du VII^e siècle. [Trad. de la Rédaction].

Cet article est un nouvel examen de la Lettre austrasienne n° 2, adressée par Rémi, évêque de Reims, à Clovis, roi des Francs. Nous proposons une nouvelle transcription du texte, accompagnée d’une traduction et suivie d’une étude des interprétations proposées du Moyen Âge à nos jours, ainsi que d’un commentaire linéaire. La conclusion propose une révision radicale de la date et de la signification de la lettre. Nous démontrons que cette dernière ne doit pas être datée nécessairement du début du règne de Clovis, ni à la suite d’une campagne spécifique, et qu’elle ne peut être interprétée comme une preuve ni de la prise de contrôle par Clovis de l'administration de la province romaine de Belgique seconde, ni du fait qu'il aurait reçu de l'empereur une charge officielle. Nous affirmons que la lettre doit être datée de la fin du règne de Clovis et qu’elle doit être lue comme une preuve de continuité dans le style - plutôt que dans la substance - du gouvernement du monde romain. [Auteurs]

Histoire et archéologie de l'Antiquité tardive

Silke-Petra Bergjan, Beat Näf, Märtyrerverehrung im frühen Christentum. Zeugnisse und kulturelle Wirkungsweisen (Sylvain Destephen) ; Marco Buonocore (dir.), Gaetano Marini (1742-1815). Protagonista della cultura europea. Scritti per il bicentenario della morte (Isabelle Mathian) ; R.W. Burgess, M. Kulikowski, Mosaics of Time. The Latin Chronicle Traditions from the First Century BC to the Sixth Century AD, Volume I: A Historical Introduction to the Chronicle Genre from its Origins to the High Middle Ages (Vivien Essoussi) ; Gereon Siebigs, Kaiser Leo. Das oströmische Reich in den ersten drei Jahren seiner Regierung (Sylvain Destephen) ; Ville Vuolanto, Children and Asceticism in Late Antiquity. Continuity, Family Dynamics and the Rise of Christianity (Sylvain Destephen)

Régions

François Baratteet al., Basiliques chrétiennes d'Afrique du Nord, II, Monuments de la Tunisie (Jean-Pierre Caillet) ; Sabine Fialon, Jean Meyers (dir.), La Passio sanctae Salsae (BHL 7467). Recherches sur une passion tardive d'Afrique du Nord (Éric Fournier) ; Christina Maranci, Vigilant Powers: Three Churches of Early Medieval Armenia (Patrick Donabédian) ; Dietrich Willers, Bettina Niekamp, Der Dionysosbehang der Abegg-Stiftung (François Baratte)

Philologie et sources

Pauline Allen, Bronwen Neil (dir.), The Oxford Handbook of Maximus the Confessor (Sylvain Destephen) ; Jean Chrysostome, Homélies sur l'impuissance du diable, introduction, texte critique, traduction et notes par Adina Peleanu (Sylvain Destephen) ; Marie-France Guipponi-Gineste (dir.), La Renaissance de l'épigramme dans la latinité tardive, actes du colloque de Mulhouse (Laury-Nuria André) ; D. Hollard, F. López Sánchez, Le Chrisme et le Phénix. Images monétaires et mutations idéologiques au IV^e siècle (Jean-Marc Doyen) ; Joshua Lollar, To see into the life of things: the contemplation of nature in Maximus the Confessor and his predecessors (Pascal Mueller-Jourdan)